Jardins de la Buisserate. Les avocats demandent la nullité de la procédure

Par Edouard Schoene

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L’un des sept jeunes prévenus dans l’affaire des « jardins de la Buisserate ».

Six mois de contrôle judiciaire après, les magistrats grenoblois vont se pencher ce 23 mars sur le sort des prévenus des jardins de la Buisserate. Les avocats demandent que soit constatée la nullité de la procédure engagée à l’encontre de sept jeunes prévenus.

Dans la nuit du 4 sep­tembre der­nier, plu­sieurs per­sonnes ont été inter­pel­lées à Saint-Mar­tin-le-Vinoux sur les jar­dins ouvriers de la Buis­se­rate, qui étaient mena­cés par un pro­jet immo­bi­lier.
 Après 60h de garde-à-vue, cinq per­qui­si­tions et des prises d’ADN par­fois for­cées, elles ont été mises en exa­men pour asso­cia­tion de mal­fai­teurs, grou­pe­ment en vue de com­mettre des dégra­da­tions, et intru­sion sur un ter­rain pri­vé en vue d’y habi­ter. Depuis, elles subissent un contrôle judi­ciaire extrê­me­ment strict.

Le 23 mars, sept pré­ve­nus seront pré­sen­tés devant le tri­bu­nal de Gre­noble. Une demande de nul­li­té sera dépo­sée par les avo­cats qui se sont expri­més lors d’une confé­rence de presse orga­ni­sée ce lun­di 22 mars par le col­lec­tif anti répres­sion de Gre­noble (CAR).

Accu­sé d’a­voir ten­té de détruire des biens… voués à la des­truc­tion

Maître Pierre Janot , avo­cat de deux per­sonnes mises en exa­men explique : « Nous deman­dons la nul­li­té des sept mises en exa­men, pour que cette affaire n’aille pas en cor­rec­tion­nelle.
 Ce dos­sier a pris une dimen­sion qu’il n’aurait jamais du avoir. 
Nous allons ten­ter de dégon­fler le bal­lon de bau­druche. 
Le pro­blème de ce dos­sier c’est qu’il a pris la forme d’une action fai­sant suite à ter­ro­risme ou atteintes aux biens.
 On vou­drait croire que l’appareil répres­sif soit réser­vé à autre chose.
 Que des gens qui portent des pro­jets alter­na­tifs soient ain­si mal trai­tés c’est indé­cent.
 Plus on aura des actions en jus­tice comme celle là moins il y aura confiance des jeunes envers les ins­tances poli­tiques, les élec­tions.
 Cela pousse à des modes d’action alter­na­tifs. On reproche aux per­sonnes incul­pées d’avoir ten­té de détruire des biens… voués à la des­truc­tion et d’avoir occu­pé un jar­din en bande orga­ni­sée. Au pire les peines peuvent être de trois à cinq ans. 
Com­ment les bri­gades de police ont-elles pu ima­gi­ner qu’il s’agissait de ter­ro­ristes ! »

Me Elsa Gha­nas­sia, avo­cate de trois per­sonnes mises en exa­men pour­suit : 
« On se trouve avec des per­sonnes abso­lu­ment pas liées à des mou­ve­ments vio­lents.
 A mon sens il n’y avait aucun fait maté­riel pour mettre en exa­men mes clients.
 Il y avait une crainte des forces publiques vis-à-vis de ces occu­pants sur des faits qui n’avaient stric­te­ment rien à voir. Les jeunes sont blo­qués par un contrôle judi­ciaire, un couvre feu judi­ciaire qui n’existe pas par ailleurs, tota­le­ment dis­pro­por­tion­nés. Ces contraintes durent depuis sep­tembre… jusqu’au pro­cès.
 »

Une nuit dans un jar­din par­ta­gé, six mois de pri­va­ti­sa­tion de liber­té

Un jeune, par­mi les sept mis en exa­men inter­vient, très ému : « Je suis très stres­sé par l’audience de demain. Serons-nous enfin ren­dus à la liber­té dès demain ? Nous étions juste dans un lieu pri­vé, une nuit. 
Cela nous a ame­né soixante heures en garde à vue
. Nous n’a­vons aucune prise pour ne plus être pri­vés de liber­té.
 Si je pou­vais m’adresser aux juges je vou­drais qu’ils mesurent le coût de la pri­va­tion de six mois de liber­té et qu’ils nous redonnent notre liber­té. »

Puis une mère d’inculpé inter­vient : « Je suis une des mères de per­sonnes mise en exa­men, je vous lis une lettre ouverte à la juge d’instruction, au pro­cu­reur de la répu­blique, au maire de st Mar­tin le Vinoux,… Des jeunes adultes qui cherchent à vivre sur des valeurs, sont pri­vés de liber­té.
.. Ces jeunes en pleine construc­tion ont bien com­pris que nous allons dans le mur.

… Ils et elles sont loin d’être fana­tiques, les fana­tiques étant ceux qui nous poussent plus loin dans le non sens.
… Aujourd’hui les jar­dins pour les­quels se sont mobi­li­sés nos jeunes sont détruits… Nous nous joi­gnons à nos jeunes. Conti­nuons à plan­ter, à semer, à arro­ser, à cueillir à contem­pler ce que nous offre la terre. »

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Maîtres Pierre Janot et Elsa Gha­nas­sia, avo­cats des pré­ve­nus.

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La mère de l’un des pré­ve­nus a don­né lec­ture d’une lettre adres­sée à la jus­tice. Un moment par­ti­cu­liè­re­ment émou­vant de cette confé­rence de presse don­née à la veille du ren­dez-vous judi­ciaire du 23 mars.

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Les avo­cats ont livré leur sen­ti­ment sur l’am­pleur prise par une pro­cé­dure dont les ini­tia­teurs ont un temps pen­sé qu’elle rele­vait de la lutte anti­ter­ro­riste.

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