« Débaptisons la rue Thiers à Grenoble »

Par Edouard Schoene

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La chorale « Les barricades » a interprété des chants de la Commune de Paris.

Dans contexte de la célébration du 150e anniversaire de la Commune de Paris, le collectif d’organisation des initiatives liées à cet anniversaire demande que la rue Thiers, du nom de celui qui a ordonné la répression sanglante de la Commune, prenne une nouvelle appelation.

Le col­lec­tif « fai­sons vivre la com­mune de Paris en Isère » invi­tait les Gre­no­blois, rue Thiers le 18 mars. Le repré­sen­tant du col­lec­tif a pris la parole devant la plaque qui nomme la rue « Thiers ».

« Aujourd’hui nous célé­brons le 18 mars 1871, début des 72 jours de la Com­mune de Paris. Paris est assié­gé par les troupes alle­mandes depuis le 18 sep­tembre 1870.
Le 31 octobre, la garde natio­nale de Paris montre sa méfiance vis-à-vis du gou­ver­ne­ment diri­gé par Thiers, car la conven­tion d’armistice pré­voyait une occu­pa­tion par­tielle de Paris.
 Fina­le­ment les troupes alle­mandes ne siè­ge­ront que du 1er au 3 mars.
Confor­mé­ment à la conven­tion d’ar­mis­tice, la Garde natio­nale de Paris a conser­vé ses armes et a sous sa garde les canons fabri­qués pen­dant le siège et payés par sous­crip­tion des Pari­siens. Ces der­niers consi­dèrent que ces 400 pièces d’ar­tille­rie leur appar­tiennent. Le gou­ver­ne­ment fait plu­sieurs ten­ta­tives pour les récu­pé­rer : le 8 mars à Mont­martre, le 16 mars place des Vosges. Echecs suc­ces­sifs.

Le 18 mars à trois heures du matin, les sol­dats se mettent en marche vers leurs objec­tifs. Adolphe Thiers pilote l’af­faire.
 Il ne s’a­git pas seule­ment de récu­pé­rer les canons, mais d’ar­rê­ter les meneurs révo­lu­tion­naires… Vers 8 heures, des sol­dats du 88e régi­ment de ligne fra­ter­nisent avec la popu­la­tion.
 Plus tard le géné­ral Vinoy gou­ver­neur de Paris décide de faire éva­cuer les quar­tiers de la rive gauche de la Seine et de replier les troupes sur l’É­cole mili­taire.
 Le gou­ver­ne­ment est en débat sur la suite à don­ner.

 Affo­lé par des Gardes natio­naux qui défilent devant le minis­tère où les ministres se trouvent, Thiers décide de quit­ter Paris pour Ver­sailles et ordonne l’évacuation totale des troupes et le départ de tous les fonc­tion­naires. Vers 23 heures, l’hô­tel de ville est enva­hi, et le comi­té cen­tral de la Garde natio­nale s’y ins­talle. La Com­mune de Paris est en route ».

Ce 18 mars 2021 était le 150e anni­ver­saire de cette date his­to­rique. A cette occa­sion, le col­lec­tif a lan­cé une péti­tion.

« A occa­sion des 150 ans de la Com­mune de Paris, nous citoyens, nous habi­tants de Gre­noble et de l’I­sère, exi­geons de rem­pla­cer le nom de la rue Thiers, mas­sa­creur du peuple de Paris qui défen­dait la liber­té et l’émancipation sociale, par le nom d’une femme com­mu­narde. Nous deman­dons à la muni­ci­pa­li­té de Gre­noble d’organiser un débat et une consul­ta­tion sur le nom à rete­nir. »

Péti­tion que tout un cha­cun est désor­mais invi­té à signer et à faire signer.

Le géné­ral Vinoy rem­pla­cé par Salav­dor Allende

Les membres du col­lec­tif rap­pellent qu’un lieu, à Gre­noble, por­tait le nom du géné­ral Vinoy, mas­sa­creur des com­mu­nards. Il a été rem­pla­cé par Sal­va­dor Allende, dans les années 70, bien après des péti­tions, en 68, pour débap­ti­ser ce lieu. Des villes ont accé­dé à la demande de débap­ti­ser la rue Thiers, comme Niort, par déci­sion du conseil muni­ci­pal en décembre 2012, ou la place Thiers à Nan­cy en 2018.

Le demande de débap­ti­ser la rue Thiers est main­te­nant adres­sée aux élus de la ville de Gre­noble.
 Rap­pe­lons que Gre­noble, a connu une « insur­rec­tion », le 15 avril 1871, pour sou­te­nir la Com­mune de Paris.

Ce 18 mars, rue Thiers à Gre­noble, Chris­tophe Dupont a rap­pe­lé que, le 16 mai 2003, huit mili­tants gre­no­blois avaient rem­pla­cé pro­pre­ment les plaques de la rue Thiers par d’autres men­tion­nant la Com­mune. Ils ont été mis en garde à vue à l’hôtel de police puis condam­nés en cor­rec­tion­nelle, jugés cou­pables de vol aggra­vé, dis­pen­sés de peine.

La cho­rale « les bar­ri­cades » a chan­té ensuite deux chants de la Com­mune, dont « la semaine san­glante », épi­sode qui a rou­gi de sang Adolphe Thiers. Annonce a été faite que pour les fes­ti­vi­tés en hom­mage aux com­mu­nards et à leur œuvre, une bière sera pro­duite par « Mal­to­bar », dési­gnée « un demi vaut mieux qu’un Thiers ».

Le pro­gramme à télé­char­ger en ver­sion PDF, plus d’in­fos sur le pro­gramme des célé­bra­tions en Isère et la péti­tion pour débap­ti­ser la rue Thiers

Parole/

Lec­ture de la péti­tion, rue Thiers, le 18 mars à Gre­noble.

Plaque/

Une plaque a été appo­sée sous celle qui nomme (encore) la rue Thiers.

Petition/

La péti­tion aujourd’­hui en cir­cu­la­tion pour que la rue Thiers prenne le nom d’une femme qui a joué un rôle de pre­mier plan dans l’his­toire de la Com­mune de Paris.

photo

En 2003, devant le palais de jus­tice. Les « contre­pla­quistes », qui avaient reti­ré la plaque « rue Thiers », avaient été pour­sui­vis et condam­nés, bien que dis­pen­sés de peine. (Pho­to G. Veyet)

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