Clinique mutualiste. La Métro va préempter les murs du groupement hospitalier mutualiste

Par Edouard Schoene

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Plusieurs centaines de personnes, salariés de la clinique en grève, militants d’associations de soutien à la Mut’, quelques élus se sont retrouvés ce lundi 18 janvier devant la clinique mutualiste, rue d’Alembert à Grenoble.

Journée — décisive ? — de rebondissements pour la clinique mutualiste de Grenoble. La métropole a décidé de préempter les bâtiments du groupement hospitalier mutualiste, empêchant ainsi le déroulement de la vente. Ce qui pourrait remettre en cause le processus de transfert au privé. Ce même jour, plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés devant la clinique.

Chris­tophe Fer­ra­ri, pré­sident de Gre­noble Alpes métro­pole, rece­vait la presse lun­di 18 jan­vier pour annon­cer trois actions concer­nant la cli­nique mutua­liste de Gre­noble (le grou­pe­ment hos­pi­ta­lier mutua­liste, GHM) « rache­tée » par le groupe pri­vé Doc­te­ges­tio :

  • la métro­pole pré­empte les murs. Elle compte tra­vailler avec la Caisse des dépôts et consi­gna­tions via Icade San­té sur un autre pro­jet immo­bi­lier pour avoir droit de regard sur le deve­nir des cli­niques ;
  • la par­ti­ci­pa­tion de la métro­pole à une action en jus­tice pour véri­fier si la vente s’est dérou­lée dans le res­pect de la légis­la­tion en vigueur ;
  • l’interpellation du ministre de la San­té, Oli­vier Véran, pour obte­nir son appui auprès des ser­vices de l’E­tat.

Les termes uti­li­sés par M. Ferar­ri pour argu­men­ter une déci­sion d’importance ont été clairs et fermes : « Nous refu­sons de voir s’altérer le sys­tème de san­té de l’agglomération gre­no­bloise, de mettre en grave dan­ger une acti­vi­té d’excellence qui emploie plus de 1300 sala­riés, de mar­chan­der à marche for­cée la san­té, encore moins au moment où la pan­dé­mie rap­pelle à quel point la san­té est un bien pré­cieux ».

Aba­sour­di devant l’at­ti­tude la Mutua­li­té fran­çaise

Dans son long expo­sé intro­duc­tif, Chris­tophe Fer­ra­ri a rap­pe­lé l’historique de la vente du GHM, les prises de posi­tion de la Métro (vœu du 28 février der­nier), les inter­ven­tions et ren­contres. 
Il a noté le vif mécon­ten­te­ment du per­son­nel, dont nombre de cadres ont démis­sion­né, la souf­france au tra­vail au GHM, les inquié­tudes pour l’avenir, autant pour le per­son­nel que pour la qua­li­té ses ser­vices de san­té. 
« Je suis aba­sour­di, homme de gauche, de ne pas entendre la Mutua­li­té fran­çaise réagir, alors que curieu­se­ment deux « mutuelles » se sont sub­sti­tuées pour prendre la main sur le GHM, pour le pro­fit du pro­prié­taire Doct­ges­tio. »

Au cours de l’échange  avec les jour­na­listes, M. Fer­ra­ri a dénon­cé la ges­tion de Doc­te­ges­tio, fai­sant état de nom­breuses plaintes d’impayés, à Gre­noble, Cham­rousse ou en Haute-Savoie, dont sont vic­times des socié­tés ayant affaire avec la socié­té de M Ben­saïd.

Une action en jus­tice

A midi ce même lun­di, plu­sieurs cen­taines de per­sonnes, hos­pi­ta­liers en grève, mili­tants d’associations de sou­tien à la Mut’, quelques élus, étaient ras­sem­blées devant la cli­nique.

M. Her­vé Derien­nec, secré­taire de l’Union de quar­tier Ber­riat Saint-Bru­no Euro­pole, nous a ain­si décla­ré : « Nous féli­ci­tons M. Fer­ra­ri d’avoir ren­con­tré les usa­gers, les sala­riés à deux reprises, pour écou­ter nos argu­ments, en pré­sence de nos conseillers juri­diques. Nous le féli­ci­tons d’avoir pris la déci­sion de pré­emp­ter les locaux du GHM. Nous sou­hai­tons que cette déci­sion aille à son terme. C’est une façon de s’opposer à la vente du GHM au pri­vé, lequel n’honore pas ses enga­ge­ments. Par ailleurs, la Métro va signer le man­da­te­ment d’une action judi­ciaire. Cela entraîne des frais juri­diques, le dos­sier étant com­pli­qué.

Com­mis­sion sur la vente

Doc­te­ge­tio, dans toutes ses reprises d’entreprise, réduit le per­son­nel de 20%. L’emploi est mena­cé par Doc­te­ges­tio et ain­si la qua­li­té des soins.
 Une anec­dote : un ascen­seur tombe en panne. L’entreprise répond : « je vien­drai si je suis payé », car Doc­te­ges­tio est connu pour mal ou pas payer ses four­nis­seurs.

Ma convic­tion : Doc­te­ges­tio par­ti­ra. La Métro ne prend pas de risque à pré­emp­ter puis ache­ter les bâti­ments car le GHM paie un loyer au pro­prié­taire des murs.

Sachez par ailleurs que M. Ben­saïd, patron de Doc­te­ges­tio, est décla­ré comme diri­geant d’une « agence immo­bi­lière » (comme l’atteste son code APE) et ain­si M. Ben­saïd devrait rece­voir 5% de com­mis­sion sur la vente de 50M, soit 2,5M. Si la vente est cas­sée, il ne tou­che­ra pas cette somme.


18 000 péti­tion­naires, un syn­di­cat, la Métro, la ville de Gre­noble, nos asso­cia­tions… cela donne du poids et du temps pour gagner. »

Mobi­li­sa­tion

Ont pris la parole devant le ras­sem­ble­ment, le secré­taire du CSE, secré­taire du syn­di­cat FO, M. Mou­tarde (col­lec­tif des usa­gers), une ancienne sage-femme, syn­di­ca­liste, un mili­tant de FI, qui a témoi­gné que grâce au GHM il est en vie aujourd’hui. Le syn­di­cat FO a lan­cé un appel à une grève illi­mi­tée.

Les soi­gnants-es et autres sala­riés du GHM en grève, pré­sents, ont été applau­dis par les mani­fes­tants.

 

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Chris­tophe Fer­ra­ri, pré­sident de la Métro.

Rassemblement/

Ras­sem­ble­ment des sala­riés de la cli­nique en grève ce 18 jan­vier.

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Thier­ry Car­ron, secré­taire du syn­di­cat FO, secré­taire du CSE et Her­vé Derien­nec, secré­taire de l’Union de quar­tier Ber­riat Saint-Bru­no Euro­pole.

Derriennic

Her­vé Derien­nec.

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