Dimanche 18 octobre, un millier de personnes étaient réunies place de Verdun à 15h à l’appel des organisations syndicales d’enseignants (FSU, SGEN, UNSA, Solidaires, FO, Snalc), venus de toute l’agglomération.

Anne-Marie Guillaume, enseignante (FSU), au nom des organisateurs a donné lecture d’une déclaration :

« C’est avec effroi que nous avons appris vendredi soir l’assassinat de notre collègue professeur d’histoire géographie du collège du Bois d’Aulnes du département des Yvelines (78).

Son nom : Samuel Paty.

Cet acte horrible, est en lien avec l’utilisation en cours de caricatures de Mahomet dans le cadre d’un cours d’enseignement moral et civique destiné à échanger et débattre afin d’éveiller l’esprit critique des élèves, cours qu’il faisait sur la liberté de la presse depuis des années dans le respect des croyances de chacune et de la laïcité.

Depuis, toute la communauté éducative (personnels, élèves, parents) est sous le choc.

Cet effroyable assassinat a été commis contre un professeur qui faisait son métier : c’est donc le coeur de l’école qui a été attaqué : nos missions d’apprentissage, d’éducation et d’émancipation.

L’école est le lieu de la construction du citoyen et de sa liberté de conscience, de la formation d’esprits éclairés par la pratique du débat. C’est une tâche essentielle du service public d’éducation. Attaquer un professeur, c’est attaquer notre démocratie et les principes fondamentaux de la république comme la liberté d’expression, la liberté de conscience, la laïcité.

Nous, personnels de l’éducation nationale, demandons que tout le soutien nécessaire soit apporté au service public d’éducation. Nous demandons que chacun s’abstienne de toute instrumentalisation politique. Nous refuserons toute stigmatisation des musulmans.

Aujourd’hui, toutes et tous rassemblé.es, nous rappelons et réaffirmons notre attachement indéfectible à notre mission. Nous ne lâcherons rien sur la nécessité d’apporter partout, pour toutes et tous, l’instruction, la raison, la réflexion et tout ce qui permet de construire l’autonomie de jugement.

Aujourd’hui plus que jamais, notre gouvernement et notre ministère doivent aussi entendre l’urgence d’aider et de soutenir la communauté éducative à construire et consolider les valeurs de notre République, dans une société qui subit des choix politiques qui mettent à mal les solidarités et les valeurs de la République.

Demain sera l’heure de l’analyse, de l’action et de la réaction sur tous ces sujets.

De celle aussi de l’accompagnement de nos collègues et élèves, elles et eux-aussi, meurtris. Aujourd’hui, nous sommes toutes et tous réunies

  • Pour exprimer notre condamnation sans appel de cet acte ignoble, révoltant et scandaleux ;
  • Pour adresser nos sincères condoléances et toutes nos pensées à la famille de notre collègue,
  • et témoigner notre soutien à tous ses proches, ses collègues et ses élèves.

Aujourd’hui nous sommes en deuil. Nous vous proposons d’exprimer notre douleur, notre colère, nos pensées, nos résolutions, nos convictions par un temps de recueillement et de silence.

Que notre silence et les valeurs que nous partageons soient plus forts que tous les actes de barbarie. »

Une minute de silence a été respectée.

Puis, pendant de longues minutes les manifestants sont restés sur place autour du bassin de la place de Verdun pour échanger sur l’épouvantable drame, sur les actions à imaginer pour faire reculer les risques d’actes de barbarie.

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