Clinique mutualiste : le CHU négocie un partenariat avec le groupe privé Vivalto

Par Luc Renaud

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La direction de l’hôpital négocie la création d’un ensemble détenu à parts égales par le CHU et le groupe Vivalto. Pour la CGT, c’est un processus de privatisation de la santé qui est en cours. Le syndicat propose que le centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes prenne le contrôle du groupement hospitalier mutualiste avec le concours de l’État et des collectivités locales.

Pen­dant la crise, les affaires conti­nuent. C’est au moins le sen­ti­ment que donnent les der­niers déve­lop­pe­ment de l’af­faire de la vente de la cli­nique mutua­liste de Gre­noble et des éta­blis­se­ment qui lui sont asso­ciés — dont la cli­nique Char­treuse à Voi­ron — au sein du grou­pe­ment hos­pi­ta­lier mutua­liste.

La nou­veau­té vient… de l’hô­pi­tal public. La CGT révèle ain­si que des négo­cia­tions sont en cours entre le centre hos­pi­ta­lier uni­ver­si­taire Gre­noble Alpes (Ghu­ga) et l’un des repre­neurs sélec­tion­nés par le ven­deur du GHM, Adrea mutuelle. Le groupe pri­vé Vival­do — qui semble déci­dé­ment tenir la corde pour la reprise du GHM — serait ain­si par­te­naire de la créa­tion de deux grou­pe­ments de coopé­ra­tion sani­taire (GCS) de droit pri­vé, l’un à Gre­noble, l’autre à Voi­ron. Ces GCS seraient diri­gés par des conseils d’ad­mi­nis­tra­tion com­po­sés pour moi­tié de repré­sen­tants de Vival­do et pour l’autre de ceux du Chu­ga. Ce pro­jet de « recom­po­si­tion de l’offre sani­taire sur le ter­ri­toire de Gre­noble et Voi­ron » — ain­si est-il nom­mé par la direc­tion du Chu­ga — consti­tue­rait un modèle fon­dé sur « un par­te­na­riat médi­cal et capi­ta­lis­tique ». Pour la CGT, il ne s’a­git ni plus ni moins que d’un pro­jet de « pri­va­ti­sa­tion de notre sys­tème de san­té » dont la mise en œuvre impli­que­rait le pas­sage à la sphère pri­vée de cer­taines acti­vi­tés du Chu­ga.

« Nous réaf­fir­mons notre oppo­si­tion à la reprise de l’ac­ti­vi­té du GHM de Gre­noble par des repre­neurs pri­vés quel que soient leurs sta­tuts qui, à court moyen ou long terme, désta­bi­li­se­ra l’offre de soins cor­res­pon­dant aux besoins de la popu­la­tion et des tra­vailleurs », indique un com­mu­ni­qué de l’u­nion dépar­te­men­tale CGT. Après le rejet par Adrea du pro­jet de reprise des éta­blis­se­ments mutua­listes en socié­té coopé­ra­tive, le syn­di­cat estime que la solu­tion passe par le rachat du GHM par le Chu­ga. « L’E­tat, l’a­gence régio­nale de san­té et les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales doivent inter­ve­nir pour impo­ser la reprise de l’ac­ti­vi­té du GHM par le Chu­ga avec les moyens finan­ciers asso­ciés », indique la CGT.

Jacqueline Hubert, ancienne directrice du Chuga, recrutée par Vivalto

Le syn­di­cat s’est adres­sé aux élus de la métro­pole, aux par­le­men­taires de l’I­sère et au ministre de la san­té, Oli­vier Véran, ancien dépu­té gre­no­blois et méde­cin au Chu­ga. « La seule solu­tion aujourd’hui serait une reprise totale de l’activité de san­té du GHMG par le CHU de Gre­noble. L’investissement dans les murs, comme il ne peut être assu­mé par le CHU serait garan­ti par les col­lec­ti­vi­tés locales via la Métro et pour­quoi pas le minis­tère de la San­té », écrit la CGT au ministre avant d’a­jou­ter :  » nous ne dou­tons pas qu’en tant que ministre de la san­té, Isé­rois et de sur­croit Méde­cin au CHU vous serez sen­sible à cette pro­po­si­tion et met­trez tout en œuvre pour tra­duire par un pre­mier acte fort les pro­pos de notre pré­sident de la Répu­blique ». Réfé­rence à l’in­ter­ven­tion télé­vi­sée d’Em­ma­nuel Macron le 12 mars au cours de laquelle il com­men­tait les débuts de l’é­pi­dé­mie : « Ce que révèle d’ores et déjà cette pan­dé­mie, c’est que la san­té gra­tuite sans condi­tion de reve­nu, de par­cours ou de pro­fes­sion, notre Etat-pro­vi­dence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens pré­cieux, des atouts indis­pen­sables quand le des­tin frappe. Ce que révèle cette pan­dé­mie, c’est qu’il est des biens et des ser­vices qui doivent être pla­cés en dehors des lois du mar­ché. »

Une autre infor­ma­tion à don­ner sur le rap­pro­che­ment poten­tiel entre le Chu­ga et le groupe Vival­to : Jac­que­line Hubert, direc­trice du Chu­ga mutée en 2018 après de la ministre de la San­té, Mme Buzyn, suite à la contes­ta­tion de ses méthodes de ges­tion du per­son­nel et au sui­cide d’un méde­cin, a été recru­tée le 1er avril à la direc­tion géné­rale du groupe Vival­to.

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