L’autre 8 Mai 45

Par Edouard Schoene

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Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ont été perpétrés en Algérie le 8 Mai 45. Pour la reconnaissance de ces crimes coloniaux, un rassemblement a eu lieu à Fontaine le 8 mai dernier.

Deux cent cin­quante per­sonnes étaient pré­sentes le 8 mai à Fon­taine pour rendre hom­mage aux vic­times des mas­sacres de 1945 en Algé­rie. Par­mi les nom­breux pré­sents, les repré­sen­tants d’une qua­ran­taine d’or­ga­ni­sa­tions qui ont sou­te­nu l’événement, de nom­breux élus (23) de dif­fé­rentes com­munes (Fon­taine, Gre­noble, Echi­rolles).

L’appel à cette ini­tia­tive se concluait ain­si : « les mas­sacres de Sétif, Guel­ma et Kher­ra­ta font par­tie de l’histoire de la France et de l’his­toire de l’Al­gé­rie. Cette his­toire com­mune doit être mise à dis­po­si­tion des nou­velles géné­ra­tions en France, en Algé­rie, en Europe et en Afrique. Nous deman­dons : la recon­nais­sance par l’E­tat Fran­çais des crimes com­mis lors du 8 mai 1945 dans la région de Sétif, Guel­ma et Kher­ra­ta ; l’ins­crip­tion dans les livres d’his­toire des crimes colo­niaux com­mis contre les peuples (Algé­rie, Mada­gas­car, Indo­chine…) ; une écri­ture par­ta­gée entre la France et l’Al­gé­rie de leur his­toire ».

Un émou­vant témoi­gnage a été lu en fin de céré­mo­nie par Jamal Zaï­mia dont le grand-père Moha­med Salah et l’oncle Ali ont été sau­va­ge­ment mas­sa­crés.
« Au len­de­main de la mani­fes­ta­tion du 8 mai 1945, à 5h du matin, des poli­ciers ont inves­ti la mai­son de mon grand-père située à la citée indi­gène de Guel­ma (actuelle citée Mos­te­fa Ben­bou­laid). À noter, que mon oncle Ali fai­sait par­tie des scouts musul­mans. C’é­tait l’aî­née des gar­çons. Mon père Smain et mon oncle Azze­dine n’a­vaient que 10 ans et 8 ans et trois tantes plus jeunes encore. Ils l’ont ligo­té et fouillé toute la mai­son et pris toutes les affaires de mon grand père et de mon oncle y com­pris leurs éco­no­mies, des corans manus­crits et des docu­ments et les pho­tos de famille.

Mon grand père tenait un maga­sin de confi­se­rie à Guel­ma et était absent ce jour là, il était à Ain Sou­da, 25 kms de Guel­ma, fief de notre tri­bu et de nos terres. Mal­gré les pro­tes­ta­tions de ma grand-mère, mon oncle a été emme­né, on ne sait où. Ma grand-mère et mon père (10 ans à l’é­poque), pas­saient des jour­nées entières devant le com­mis­sa­riat de police de Guel­ma en espé­rant le voir sor­tir. Un poli­cier « arabe » qui les connais­sait et qui les voyait chaque jour reve­nir, dira dis­crè­te­ment à ma grande mère que son fils n’é­tait pas là et que ce n’é­tait pas la peine d’at­tendre.
On le sau­ra après, tous les jeunes scouts musul­mans du groupe « Ennoud­joum » (les étoiles) et leurs chefs, soit 50 scouts, dont mon oncle Ali, avaient été exé­cu­tés dans les jours qui sui­virent dans la caserne de Guel­ma, sur ordre des sinistres sous-pré­fet de Guel­ma André Achia­ry et du pré­fet de Constan­tine André Les­trade-Car­bon­nel. Ce n’é­tait que le début d’un mas­sacre qui va durer quelques mois ».

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