Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ont été perpétrés en Algérie le 8 Mai 45. Pour la reconnaissance de ces crimes coloniaux, un rassemblement a eu lieu à Fontaine le 8 mai dernier.

Deux cent cinquante personnes étaient présentes le 8 mai à Fontaine pour rendre hommage aux victimes des massacres de 1945 en Algérie. Parmi les nombreux présents, les représentants d’une quarantaine d’organisations qui ont soutenu l’événement, de nombreux élus (23) de différentes communes (Fontaine, Grenoble, Echirolles).

L’appel à cette initiative se concluait ainsi : « les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata font partie de l’histoire de la France et de l’histoire de l’Algérie. Cette histoire commune doit être mise à disposition des nouvelles générations en France, en Algérie, en Europe et en Afrique. Nous demandons : la reconnaissance par l’Etat Français des crimes commis lors du 8 mai 1945 dans la région de Sétif, Guelma et Kherrata ; l’inscription dans les livres d’histoire des crimes coloniaux commis contre les peuples (Algérie, Madagascar, Indochine…) ; une écriture partagée entre la France et l’Algérie de leur histoire ».

Un émouvant témoignage a été lu en fin de cérémonie par Jamal Zaïmia dont le grand-père Mohamed Salah et l’oncle Ali ont été sauvagement massacrés.
« Au lendemain de la manifestation du 8 mai 1945, à 5h du matin, des policiers ont investi la maison de mon grand-père située à la citée indigène de Guelma (actuelle citée Mostefa Benboulaid). À noter, que mon oncle Ali faisait partie des scouts musulmans. C’était l’aînée des garçons. Mon père Smain et mon oncle Azzedine n’avaient que 10 ans et 8 ans et trois tantes plus jeunes encore. Ils l’ont ligoté et fouillé toute la maison et pris toutes les affaires de mon grand père et de mon oncle y compris leurs économies, des corans manuscrits et des documents et les photos de famille.

Mon grand père tenait un magasin de confiserie à Guelma et était absent ce jour là, il était à Ain Souda, 25 kms de Guelma, fief de notre tribu et de nos terres. Malgré les protestations de ma grand-mère, mon oncle a été emmené, on ne sait où. Ma grand-mère et mon père (10 ans à l’époque), passaient des journées entières devant le commissariat de police de Guelma en espérant le voir sortir. Un policier « arabe » qui les connaissait et qui les voyait chaque jour revenir, dira discrètement à ma grande mère que son fils n’était pas là et que ce n’était pas la peine d’attendre.
On le saura après, tous les jeunes scouts musulmans du groupe « Ennoudjoum » (les étoiles) et leurs chefs, soit 50 scouts, dont mon oncle Ali, avaient été exécutés dans les jours qui suivirent dans la caserne de Guelma, sur ordre des sinistres sous-préfet de Guelma André Achiary et du préfet de Constantine André Lestrade-Carbonnel. Ce n’était que le début d’un massacre qui va durer quelques mois ».

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