Denise Meunier fête son centième anniversaire

Par Max Blanchard

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Denise Meunier a cent ans ce 6 janvier 2018. Une belle occasion pour un bel hommage : Denise Meunier, présidente départementale de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance, figure de la Résistance en Seine-Maritime, nous a confié le récit de ses activités pendant la seconde guerre mondiale. Communiste, résistante… un entretien que nous sommes heureux de publier aujourd’hui pour lui souhaiter un bel anniversaire.

 

Denise Meu­nier est née le 6 jan­vier 1918 à Paris, dans le quar­tier des halles, « au sein d’une famille petite-bour­geoise dont mes parents étaient les parents pauvres », dit-elle. A sa nais­sance, ses parents tra­vaillaient dans un grand café pari­sien. Ils se sont ensuite mis à leur compte, chan­geant de villes à plu­sieurs reprises, pas­sant par Fon­tai­ne­bleau puis par divers hôtels fami­liaux, jusqu’à Rouen.

« Je fis ma sco­la­ri­té à Rouen jusqu’à l’école pri­maire supé­rieure (équi­valent col­lège) jusqu’à mon bre­vet. Comme mes parents étaient de res­sources modestes, j’ai pas­sé le concours de l’Ecole nor­male où j’ai été interne durant trois ans ( de 1935 à 1938). C’était un régime sévère, mili­taire. J’y suis res­tée jusqu’à l’âge de 20 ans. C’est à cette période que j’ai com­men­cé à m’intéresser à la socié­té. Je me suis ini­tiée à la lit­té­ra­ture, à l’histoire. Il faut dire que, dans l’école, il était inter­dit d’introduire des jour­naux et des bro­chures. J’étais par­mi les rebelles. »

L’entrée en guerre

« En 1938, j’ai obte­nu mon bre­vet supé­rieur et j’ai occu­pé mon pre­mier poste dans le dépar­te­ment à la ren­trée 1938/1939. Je suis res­tée trois mois seule­ment à ce poste. Puis j’ai été malade. La direc­trice de l’Ecole nor­male m’a fait nom­mer à Dieppe. »

A la ren­trée 1939/1940, c’était “la drôle de guerre”. « Mes parents étant âgés et seuls à Rouen, je suis nom­mée à Rouen dans une école pri­maire d’un quar­tier popu­laire. J’y fis la connais­sance de Suzanne Constan­tin » (qui sera dépor­tée à Ausch­witz où elle décé­de­ra).

Puis c’est l’invasion alle­mande. Tous les ser­vices admi­nis­tra­tifs rouen­nais (dont l’Inspection aca­dé­mique), qui sont sur la rive droite de la Seine démé­nagent sur la rive gauche (si les ponts sautent, il leur sera plus facile de se replier).

L’exode

Rouen est bom­bar­dée. Les écoles sont fer­mées. Les gens fuient. « Mes parents seront par­mi les der­niers à quit­ter Rouen, avec le désir d’aller dans de la famille à une dou­zaine de kilo­mètres de Rouen. Juin 1940 : nous par­tons à pied. »

Les Fran­çais, en par­tant, avaient mis le feu aux réser­voirs pétro­liers de bord de Seine. « La cha­leur était telle que l’on ne pou­vait pas­ser ni d’un côté ni de l’autre du fleuve. Les Alle­mands jetaient des bombes incen­diaires. Nous sommes arri­vés au pas­sage du bac où de nom­breuses voi­tures étaient aban­don­nées. Nous nous abri­tions où nous pou­vions : mai­sons, granges, grottes… Nous nous sommes retrou­vés à Bourg-Achard, de l’autre côté de la Seine où étaient can­ton­nés des sol­dats fran­çais reve­nant de Bitch en Lor­raine. Ils ont par­ta­gé leur pain avec nous. Le len­de­main, les offi­ciers ont ras­sem­blé les sol­dats et dit qu’ils revien­draient les cher­cher avec des camions. Ils sont par­tis en voi­ture, mais ne sont jamais reve­nus. »

Les Alle­mands conti­nuaient à avan­cer. « On ne pou­vait plus aller dans notre famille. Nous étions pous­sés par les mitraillages, l’avancée des troupes alle­mandes. On s’est tous mis en route. Petit à petit les sol­dats se sont dis­per­sés. Seuls trois ou quatre sont res­tés avec nous. On ne trou­vait plus rien à man­ger car on était les der­niers : tout avait déjà été pris, pillé. Seuls quelques pay­sans à qui il res­tait de la nour­ri­ture nous fai­saient payer, et sou­vent cher. C’était un beau mois de juin. Il fai­sait chaud : on par­tait tôt ; on s’arrêtait quand il fai­sait trop chaud. Par­fois les avions nous mitraillaient. On conti­nuait vers le sud. »

La famille par­vient à cinq kilo­mètres envi­ron d’A­len­çon, dans l’Orne, au Sud de la Nor­man­die. « Nous nous sommes réfu­giés dans une grange. Ma mère a réus­si à ache­ter deux cane­tons et des navets à un gar­çon de ferme. Des esca­drilles de bom­bar­diers sont venues déver­ser leurs bombes sur Alen­çon par deux vagues suc­ces­sives. Il y a eu un vrai car­nage (des gens atten­daient des trains qui ne vien­draient jamais à la gare, qui fut entiè­re­ment détruite). Tôt le matin, nous avons enten­du des moteurs : c’était les troupes alle­mandes qui pas­saient. Les sol­dats fran­çais qui étaient avec nous se sont débar­ras­sé de leur uni­forme, ont récu­pé­ré des tenues civiles et se sont dis­per­sé. Nous avons alors rebrous­sé che­min, retour­nant sur Rouen : ce n’était plus la peine de conti­nuer car les Alle­mands nous avaient rejoints et dépas­sés. »

Cet aller-retour avait duré une dizaine de jours au total.

L’occupation

« Nous avons retrou­vé Rouen bien abî­mée par les bom­bar­de­ments. Nous sommes ren­trés à la mai­son. C’étaient les vacances sco­laires. Pour la ren­trée 1940/1941, j’étais à Dieppe. La vie reprend sous la férule des Alle­mands. On était sou­mis à l’administration alle­mande et sous l’autorité du ministre de Vichy. Il y avait des bom­bar­de­ments alliés car les Alle­mands étaient sur la côte (mur de l’Atlantique avec block­haus, bar­be­lés, et sen­ti­nelles). »

Par crainte des gaz, des masques sont dis­tri­bués aux élèves. Il n’y a plus de liber­té de cir­cu­la­tion. « J’allais voir mes parents à Rouen toutes les semaines par le train et j’étais sou­mise chaque fois à de nom­breux contrôles. »

« A cette ren­trée, une de mes col­lègues ins­ti­tu­trice dans la ban­lieue Rouen, qui fai­sait par­tie de mon groupe de rebelles à l’EN, me pré­sen­ta au départ du train un pro­fes­seur de phi­lo nom­mé à Rouen, Valen­tin Feld­man. Je sau­rai plus tard que c’était un com­mu­niste, muté de Paris. Nous nous sommes liés d’a­mi­tié. On lisait ensemble la presse de l’époque à Dieppe. Il était en confiance avec moi et m’a pas­sé des écrits “sub­ver­sifs”. J’ai com­pris qu’il était dans la Résis­tance, en liai­son avec le réseau du musée de l’Homme. »

Résistance

Au prin­temps 1941, Denise Meu­nier entre dans la Résis­tance. « Les consignes de sécu­ri­té étaient très strictes : nos rela­tions se sont dis­ten­dues. A la ren­trée, une col­lègue ensei­gnante de la région de Dieppe déjà dans la clan­des­ti­ni­té – Marie-Thé­rèse Lefèbvre – est venue me voir. Elle cher­chait une planque pour une impri­me­rie clan­des­tine et elle s’est ins­tal­lée chez moi. Nous avons défi­ni un plan de pro­tec­tion et elle s’est mise à tirer pen­dant mes heures de classe les tracts du “Front natio­nal de lutte pour l’indépendance de la France”. »

« Je l’ai quel­que­fois accom­pa­gnée pour livrer des paquets de tracts qu’elle dif­fu­sait. Je ven­dais à mes col­lègues des bons édi­tés par le FN pour finan­cer des colis et sou­te­nir notre acti­vi­té. Elle est res­tée chez moi jusqu’à décembre 1941. Il com­men­çait à y avoir des risques, elle devait chan­ger de planque. J’avais une col­lègue qui était par­tie chez ses parents à Poi­tiers soi­gner sa dépres­sion et m’avait lais­sé les clés de son appar­te­ment : c’est là que nous avons plan­qué la ronéo. »

(Valen­tin Feld­man fut radié de l’éducation natio­nale car juif. « Par­ti à Rouen dans clan­des­ti­ni­té (je l’ai revu une ou deux fois quand il appor­tait des sten­cils ou trans­met­tait des infos à mon impri­meuse), il s’occupait de liai­sons et de presse. » Il fut arrê­té par erreur à la place d’un autre, empri­son­né, condam­né à mort, puis fusillé au Mont-Valé­rien en juillet 1942. Marie-Thé­rèse Lefebvre s’est fait prendre – dénon­cée –. « Elle m’a inno­cen­tée ». Inter­née dans plu­sieurs camps fran­çais, puis dépor­tée à Flos­sen­burg où elle fut affec­tée à un kom­man­do de l’usine, puis à Ravens­brück. Elle en est sor­tie vivante)

« Durant les vacances de Noël 41, alors que j’étais chez mes parents, nous avons eu une per­qui­si­tion poli­cière car ils avaient trou­vé trace du pas­sage de Marie-Thé­rèse Lefèbvre chez moi. La police fran­çaise est venue fouiller chez mes parents. Celui qui visi­ta ma chambre ne fit pas trop de zèle. Heu­reu­se­ment car j’avais des bro­chures cachées sous le mate­las. »

Denise Meu­nier et sa mère sont alors convo­quées au com­mis­sa­riat pour un inter­ro­ga­toire.

« La police de Dieppe me don­na ren­dez-vous à la gare de Dieppe pour une fouille dans mon appar­te­ment où j’appris qu’une sou­ri­cière avait été ins­tal­lée. Là, nou­velle per­qui­si­tion : ils ne trou­vèrent rien. Je suis res­tée sous sur­veillance et mon cour­rier fut régu­liè­re­ment ouvert. Je me suis donc abs­te­nue de toute acti­vi­té et j’ai repris la classe. »

Août 1942.  « Je suis sous sur­veillance, iso­lée. Il y eut une ten­ta­tive de débar­que­ment cana­dien à Dieppe. Nous sommes res­tés à l’abri dans une cave. Il y a eu des batailles de rues toute la jour­née. On nous a fina­le­ment fait sor­tir pour assis­ter au défi­lé des pri­son­niers cana­diens. ‘Ne vous en faites pas, on revien­dra !’, nous lan­çaient ces der­niers. »

Ren­trée 1942/1943, Dieppe. Les Alle­mands ont ren­for­cé leur défense sur la côte suite au débar­que­ment cana­dien. « Cer­taines écoles sont réqui­si­tion­nées par leurs troupes, notam­ment la mienne : les élèves et les ensei­gnants du quar­tier du Polet (quar­tier de pêcheurs). » Les élèves furent accueillis dans le pays de Bray et les ensei­gnants éga­le­ment, héber­gés par des pay­sans à côté de Neu­cha­tel en Bray.

« Là je reçois la visite de cama­rades FTP : on me pro­pose de reprendre des acti­vi­tés tout en res­tant ins­ti­tu­trice et agent de liai­son. Je fai­sais la liai­son avec l’état-major FTP à Rouen du groupe de Neu­cha­tel en Bray. J’étais dans une semi-illé­ga­li­té car tou­jours ins­ti­tu­trice. J’étais éga­le­ment char­gée de faire la tour­née des secré­taires de mai­rie pour récol­ter des tickets de ravi­taille­ment pour les réfrac­taires du STO et les gens de la Résis­tance. Pour ceux du pays, je m’appelais Michelle. Je convoyais éga­le­ment des jeunes locaux qui vou­laient entrer dans la Résis­tance quand ils étaient requis au STO. Je visi­tais aus­si ceux qui nous sou­te­naient finan­ciè­re­ment. »

Décembre 1943. « Je me suis fait prendre dans le cadre d’une des­cente de police en gare de Rouen où je por­tais une mal­lette avec des armes et des vête­ments. Je n’ai pas pu m’échapper. Je fus emme­née au com­mis­sa­riat. J’avalais pré­ci­pi­tam­ment et dis­crè­te­ment un mes­sage que j’avais gar­dé impru­dem­ment sur moi. J’ai été inter­ro­gée durant une semaine au com­mis­sa­riat cen­tral de Rouen. Durant ce temps, le chef de groupe a fait l’erreur de ren­trer chez lui, puis de retour­ner récu­pé­rer son vélo à la consigne de la gare : il a été arrê­té. Inter­ro­gé, il a par­lé sans être tor­tu­ré : je lui en ai vou­lu. Mais peut-être y‑a-t-il eu tor­ture morale vis-à-vis de ses proches ? Il m’a char­gée, alors que j’ai tou­jours sou­te­nu que je n’étais pas au cou­rant de ce que je trans­por­tais. Ils n’ont jamais su que j’étais com­mu­niste. Sept membres du groupe sont ain­si tom­bés : trois filles et quatre hommes. J’ai été ensuite empri­son­née à la pri­son Bonne-Nou­velle de Rouen. Les femmes étaient regrou­pées dans la même cel­lule durant la période, de décembre 1943 à avril 1944. »

Denise Meu­nier est libé­rée fin avril 44. « J’ai réus­si à sor­tir grâce à la conjonc­tion de plu­sieurs élé­ments », ana­lyse-t-elle. Elle cite tout d’a­bord « la soli­da­ri­té des cama­rades qui m’ont inno­cen­tée », mais aus­si  « le fait que j’aie été arrê­tée par la police fran­çaise : Ali, res­pon­sable régio­nal de la bri­gade spé­ciale anti-ter­ro­riste, équi­valent de la milice (comme Tou­vier), était inquiet pour son ave­nir, c’é­tait le moment de l’of­fen­sive sovié­tique. Des trois filles, celle qui avait des anté­cé­dents n’a pas pu y échap­per. Par contre les deux autres, dont moi, nous nous sommes tou­jours pré­ten­dues inno­centes. Les faire libé­rer ne lui coû­tait rien et serait à sa décharge si les choses tour­naient mal ». Denise Meu­nier rend éga­le­ment hom­mage à « la pres­sion de nos mères » et n’ou­blie pas « le bom­bar­de­ment anglais qui a détruit le siège de la Ges­ta­po où étaient nos dos­siers des inter­ro­ga­toires qu’elle avait réa­li­sés : plus de trace. On n’a jamais été tor­tu­rées car ils ne pen­saient pas pou­voir tirer des ren­sei­gne­ments de notre part. »

Les deux femmes sortent de pri­son. A la Libé­ra­tion, Ali fut recon­nu, arrê­té et jugé. « Il deman­da notre témoi­gnage à décharge. Nous n’y sommes pas allées. »

La Libération

Denise Meu­nier rentre chez elle et reprend le tra­vail. « J’étais nom­mée aux envi­rons de Rouen. » Puis ce fut le débar­que­ment. Les écoles furent fer­mées. « Je fus alors contac­tée de nou­veau par le PC et les FUJP (Forces unies de la jeu­nesse patrio­tique, qui coor­don­nait toutes les asso­cia­tions de jeu­nesse résis­tantes). Je devins illé­gale. On m’avait envoyée dans un gre­nier d’une ferme en bor­dure de la Seine pour être impri­meuse. J’avais pris le pseu­do de Fran­çoise Vaillant, en hom­mage à Vaillant-Cou­tu­rier. J’ai assis­té à la débâcle des Alle­mands qui aban­don­naient tout dans leur fuite. »

« J’ai rejoint l’état-major de la Résis­tance et du PC. Nous étions ins­tal­lés dans les locaux de la kom­man­dan­tur. J’aurais pu reprendre un poste à l’Education natio­nale, mais on m’a deman­dé de prendre un poste dans l’organisation de la Résis­tance. J’ai rem­pla­cé le res­pon­sable dépar­te­men­tal de l’UJFP (Union des jeunes filles patriotes). J’étais à la fois délé­guée JC, FUJP, JFP. J’ai été res­pon­sable dépar­te­men­tale en 44/45. »

Le jour­nal L’Avenir nor­mand deve­nant quo­ti­dien, Denise Meu­nier en assure la rédac­tion en 1945. « J’ai dû notam­ment faire des repor­tages sur la recons­truc­tion, moi qui ne connais­sais rien aux termes tech­niques ! »

Retour à l’enseignement

« Puis j’ai repris mon acti­vi­té à l’é­du­ca­tion natio­nale (mariée, j’attendais un enfant). Je suis deve­nue rédac­trice dans les ser­vices de l’enseignement tech­nique. A la ren­trée 1948, retour à l’enseignement : je n’ai pas obte­nu de poste à Rouen et j’ai dû m’exiler à la cam­pagne où j’étais en même temps secré­taire de mai­rie. Je suis res­tée près de Jumièges jusqu’en 1953. Puis nom­mée à mi-che­min, à Que­villon, de 1953 à 1957. Chan­ge­ment pour Can­te­leux (près de Rouen) de 1957 à 1962. Là, j’ai repris mes acti­vi­tés syn­di­cales et poli­tiques. »

Grenoble

« En 1962, mon mari, qui est fonc­tion­naire, est nom­mé à Gre­noble. Je le suis. J’enseigne à Gre­noble jusqu’en 1969, puis de 1969 à 1974 à l’é­cole Paul-Bert à Saint-Mar­tin-d’Hères. C’est là que j’ai pris ma retraite ».

Le 24 mai 2014, Denise Meu­nier, pré­si­dente dépar­te­men­tale de l’As­so­cia­tion natio­nale des com­bat­tants de la Résis­tance, rece­vait les insignes de Che­va­lier dans l’ordre natio­nal de la Légion d’hon­neur.

 

 

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