Grenoble. Le PS et Amandine Germain rejoignent Laurence Ruffin
Par Manuel Pavard
/

Les uns font partie de la majorité municipale actuelle, les autres siègent dans l’opposition. Ce vendredi 14 novembre pourtant, les représentant-e‑s des Écologistes, du PCF, de Génération.s, de l’ADES, de l’Après, du Parti animaliste et donc du PS sont assis à la même table. Devant les micros, Amandine Germain, désignée cheffe des file des socialistes en avril dernier, et Laurence Ruffin, tête de liste de l’union de la gauche écologiste et citoyenne depuis septembre, sont venues annoncer le ralliement de la première à la seconde.

« Un moment historique et important pour Grenoble », se réjouit Laurence Ruffin. Les mots sont forts certes mais ce ne sont ni les militants ni les suiveurs de la vie politique locale qui la contrediront. C’est en effet un petit évènement dans l’histoire de la gauche grenobloise, jalonnée de ruptures, coups bas et divisions. Un véritable roman dont le principal chapitre serait certainement consacré aux relations houleuses entre socialistes et écologistes, du « je t’aime, moi non plus » des années Destot au divorce consommé sous la mandature d’Éric Piolle, en passant par le maintien de Jérôme Safar — qui lui avait valu une exclusion du PS — au second tour, en 2014.
« Ce n’est pas quelque chose de naturel » à Grenoble
Amandine Germain l’admet d’ailleurs sans peine : « Dans l’histoire grenobloise, une campagne commune entre écologistes et socialistes, ce n’est pas quelque chose de naturel. » Mais s’il n’est « pas question de nier le passé », la conseillère départementale estime toutefois que le PS et les autres partis de gauche sont « en capacité de dépasser les divergences passées. Car il y a beaucoup de similitudes entre nos projets », assure-t-elle.

Le rapprochement s’est opéré petit à petit, au fil des nombreuses discussions organisées ces dernières semaines, aussi bien entre les deux camps qu’en interne. « J’ai toujours défendu l’union de la gauche, affirme Laurence Ruffin. Nos méthodes sont différentes mais dans le fond, on défend tous des projets de société assez proches. » Ces rencontres ont permis aux deux femmes, qui ne se connaissaient pas, de se convaincre mutuellement. Depuis, Amandine Germain a « confiance en Laurence, qui a les qualités pour devenir maire et gérer une majorité ».
Une union « attendue » et une « responsabilité »
Toutes deux évoquent une alliance qui était « attendue par les électeurs de gauche ». Lesquels en ont « assez des batailles d’étiquettes », selon l’ex-cheffe de file du PS. « On a une responsabilité importante à Grenoble comme ailleurs, de se rassembler face à la montée des idées d’extrême droite et face à huit ans de macronisme qui ont aggravé les inégalités et fait reculer la question environnementale », poursuit-elle. « Responsabilité », c’est aussi le mot qu’emploie la candidate : celle de « porter les idées de justice sociale et fiscale ».
Chacune insiste en outre sur le fond et sur ces programmes respectifs a priori compatibles. « La question de la coopération, avec les habitants, les associations, les agents, est au cœur du projet », explique Laurence Ruffin. Celui-ci comporte d’une part, une dimension « sociale, dans une temporalité assez courte ». À savoir « l’amélioration du quotidien et la protection », dans des domaines comme les services publics, les transports, l’école, le logement, la sécurité. Ceci, dans « une ville antiraciste, féministe et républicaine ». Et d’autre part, à plus long terme, la nécessité « d’inventer et transformer la ville de demain, en anticipant le changement climatique ».
Des projets assez proches
Autant d’idées que reprend aisément à son compte Amandine Germain. « On le dit avec des mots un peu différents mais ce qu’on souhaite pour Grenoble va dans la même direction », souligne-t-elle. Et de dérouler à son tour les piliers du projet des socialistes, basés également sur la même méthode, sur le même impératif de « prendre soin » des habitants, notamment avec « des services publics forts », ainsi que sur « la transformation de la ville et son adaptation au changement climatique ». Sans oublier le défi de « faire mieux avec moins d’argent public ».

Aux côtés d’Amandine Germain, la présence de Cécile Cenatiempo est particulièrement significative. Élue d’opposition au sein du groupe socialiste, celle-ci a eu en effet des mots parfois très durs envers Éric Piolle et la politique de la majorité. Mais pour elle, il était « grand temps » de solder ces comptes : « Je ne renie pas les positionnements qu’on a eus pendant six ans mais aujourd’hui, j’ai envie de regarder devant nous et non derrière. »
« Le passé est le passé »
« Le passé est le passé », abonde Amandine Germain. Les deux socialistes ne cachent pas « qu’il y a eu des divergences » parmi les militants PS grenoblois. Mais après « beaucoup de réunions et discussions internes », la majorité d’entre eux a fini par approuver le ralliement à la liste d’union de la gauche écologiste et citoyenne, précisent-elles. Un choix également validé par les états-majors nationaux des différents partis.

Avec cette alliance, Laurence Ruffin confirme sa volonté d’écrire une nouvelle page. Néanmoins, si le PS assume ses années passées dans l’opposition, les représentants de la majorité restent bien présents sur la liste. Et nuancent quelque peu le propos. « On est aussi là pour porter certaines des avancées de la municipalité, on n’est pas dans une logique de tout détricoter », prévient Marie Coiffard, co-secrétaire du groupe écologiste à Grenoble, qui voit le prochain mandat comme « une étape nouvelle ».
LFI et Place publique ont fait leur choix
Écologistes, socialistes, communistes, Génération.s, l’Après… Sur la photo de famille de la gauche grenobloise, il ne manque plus désormais que deux grandes composantes, aux deux bouts du spectre : la France insoumise et Place publique, toujours en course respectivement avec Allan Brunon et Romain Gentil.
Reste-t-il une petite chance de les voir rejoindre la liste ? Autour de la table, le pessimisme est de mise, du moins pour le premier tour. « C’est LFI qui a choisi de partir », recadre sèchement Laurence Ruffin. Amandine Germain évacue elle aussi la question sans prendre plus de gants : « Place publique a fait le choix de faire sa course en solitaire. » Les dés semblent donc jetés, place maintenant à la campagne.


