Grenoble. Le NPA-Révolutionnaires en campagne avec Baptiste Anglade
Par Manuel Pavard
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« On ne vit pas de la politique. Pour nous, la solution viendra d’en bas. » Baptiste Anglade a beau être rompu aux joutes électorales, après les législatives et les européennes en 2024, l’éducateur spécialisé de 34 ans n’a aucune intention de personnaliser la campagne des municipales 2026. Pas le genre de la maison. Si le NPA-Révolutionnaires a décidé de présenter une liste à Grenoble, c’est au contraire pour « faire de la politique au sens collectif ». Avec un double objectif : « battre en brèche les idées réactionnaires, racistes et chauvines, mais aussi les illusions répandues par les promesses électorales ».

Si la droite et l’extrême droite restent bien sûr les ennemis principaux, la « gauche institutionnelle » est donc clairement dans le viseur du parti. Cette question du « rapport avec les organisations réformistes » a d’ailleurs constitué la « base politique » de la scission du NPA, en décembre 2022, estime Baptiste Anglade. Alors que le NPA‑R entend construire « un pôle des révolutionnaires », le NPA-L’Anticapitaliste s’est, lui, plutôt tourné vers les coalitions de gauche comme la Nupes puis le NFP, selon ses ex-camarades. « Le slogan ‘de Hollande à Poutou’, on s’en désole un peu. Le NPA‑A cherche l’unité de ce côté-là et nous, avant tout avec Lutte ouvrière », compare le candidat.
« On ne veut pas gérer les institutions »
Malgré tout, poursuit-il, « on discute quand même avec LFI ou le PCF dans les mobilisations de solidarité avec le peuple palestinien, contre l’extrême droite, dans les grèves… Il faudrait même discuter plus. » Et ce, alors que le NPA-Révolutionnaires reconnaît avoir « d’importants désaccords » avec ces organisations. « De notre côté, par exemple, on ne porte pas une loi d’interdiction des licenciements mais on lie cette interdiction avec les questions de l’expropriation, du contrôle ouvrier », précise Baptiste Anglade, qui se dit prêt à débattre de ce type de sujet… « Mais pas dans le cadre des élections », nuance-t-il.

La tête de liste du NPA‑R se défend d’être un puriste mais pointe une différence idéologique. « Lorsqu’ils se retrouvent en position de gérer les institutions, ces camarades [des autres partis de gauche] trahissent les intérêts des travailleurs », accuse-t-il, citant l’exemple des Atsem à Grenoble. Cas édifiant, selon lui, « d’une ville de gauche qui va réappliquer une loi Sarkozy » et dont les élus se font « traiter de macronistes par les organisations syndicales ». « Pour nous, les institutions étant au service de la bourgeoisie, notre projet de société ne va pas passer par les gérer mais par les détruire », assène Baptiste Anglade.
« Il faut plus de crèches, plus de bibliothèques, plus de maisons de la jeunesse »
Celui-ci évoque également le candidat insoumis « Allan Brunon qui débat avec Carignon pour reprocher à la droite d’avoir enlevé des policiers à Grenoble. Mais pour nous, la solution n’est pas d’avoir plus de police nationale ou d’armer la police municipale. Contre les armes à feu, il ne faut pas qu’il y ait plus d’armes à feu », résume-t-il. Et d’appeler, sous sa casquette de travailleur social, à d’autres politiques dans les quartiers populaires, tout en dénonçant « les responsabilités de la droite et de la gauche dans la casse des services publics ».
Plus encore que l’arrêt de cette casse, le NPA-Révolutionnaires prône « l’extension et la gratuité des services publics. Il faut plus de crèches, plus de bibliothèques, plus de maisons de la jeunesse », égrène Baptiste Anglade. Autres points phares de son « programme de lutte », l’emploi, avec « l’interdiction des licenciements », et les salaires, qui doivent tous « augmenter d’au moins 400 euros par mois ». Le tout, avec « aucun salaire mensuel inférieur à 2000 euros ». Sans oublier la thématique cruciale du logement : « On revendique la baisse des loyers et la réquisition des logements vides », explique-t-il.
« Si on avait des élus, ils seraient avec les Atsem sur leur piquet de grève et au tribunal avec eux pour défendre le droit de grève, dans les actions de réquisition du DAL, dans les mobilisations en solidarité avec les salariés de Teisseire, avec le collectif l’Oasis des jeunes pour exiger des rendez-vous avec Jean-Pierre Barbier… Peut-être même qu’on rentrerait avec ces jeunes au conseil départemental. »
Baptiste Anglade, tête de liste du NPA‑R
Pour cela, le NPA‑R espère envoyer au conseil municipal « des élus au services des mobilisations ». Dans le cas de Grenoble, détaille ainsi Baptiste Anglade, « si on avait des élus, ils seraient avec les Atsem sur leur piquet de grève et iraient au tribunal avec eux pour défendre le droit de grève ; ils seraient dans les actions de réquisition du DAL ; ils interviendraient en solidarité avec les salariés de Teisseire ; ils seraient avec le collectif l’Oasis des jeunes et exigeraient des rendez-vous avec Jean-Pierre Barbier [NDLR : le président du département de l’Isère]… Peut-être même qu’on rentrerait avec ces jeunes au conseil départemental. »

Comment juge-t-il ses concurrents pour le scrutin de mars prochain ? Pour le candidat du NPA-Révolutionnaires, la liste d’union de la gauche de Laurence Ruffin comme celle de la France insoumise conduite par Allan Brunon se situent toutes deux « dans la continuité de celle d’Éric Piolle ». Elle sont donc, l’une et l’autre, « comptables du bilan de la municipalité, que ce soit la fermeture des bibliothèques, la non-réquisition des logements vides, la fermeture des services publics dans les quartiers Sud ou les attaques contre le droit de grève » Et que dire de » l’incompréhensible jumelage avec Rehovot » auquel le parti souhaite mettre fin ?
Une liste ouverte
Sévère envers la gauche, Baptiste Anglade n’entend toutefois « pas épargner la droite et l’extrême droite ». Il ironise ainsi sur « Carignon qui veut revenir aux affaires au moment où Sarkozy est en prison et qui promet d’assainir les finances de la ville alors qu’il s’est fait corrompre à hauteur de plusieurs millions ». Alain Carignon qui, pour le militant NPA‑R et CGT, est le parfait « symbole des liens existant entre les hommes politiques et les entreprises capitalistes ». Et qui porte « un projet dangereux pour sa stigmatisation des habitants des quartiers populaires ».
Pour le NPA-Révolutionnaires, l’enjeu est maintenant de réussir à composer une liste dans les temps impartis. Ce qui passera localement par « des discussions avec nos milieux, c’est-à-dire partout où nous intervenons : sur le campus, dans les mobilisations du travail social, des métallos, dans les hôpitaux, sur les marchés… » Dans toutes ces sphères, le parti espère convaincre suffisamment de militants associatifs, syndicaux ou politiques de les rejoindre sur la liste.
La « fausse équité » du temps de parole dans les médias
Restera ensuite à mener une campagne qui ne s’annonce pas de tout repos tant « l’exercice est réservé aux grosses machines et favorise les gros partis », déplore Baptiste Anglade. Et ce dernier de fustiger la « règle dégueulasse » du temps de parole dans les médias, attribué par l’Arcom au prorata des scores électoraux. Une « fausse équité », s’insurge-t-il.

Cela n’empêche cependant pas le NPA‑R d’être « totalement indépendant financièrement », se félicite le candidat. Sa campagne dépendra donc en grande partie des souscriptions militantes. D’où son appel lancé à « tous les gens pour lesquels il est important qu’un courant politique comme le nôtre soit représenté ».
Réunion publique et meeting
Le NPA-Révolutionnaires organisera sa première réunion publique pour les municipales, mardi 18 novembre, à 19 heures, à la salle Moyrand (27 rue Moyrand), « autour de la constitution de la liste ». Un grand meeting viendra également clôturer la campagne, à la fin de la période électorale — date à définir.


