Grenoble. Réquisitions imminentes ?

Par Max Blanchard

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L'inter-collectif des écoles occupées organisait une conférence de presse au Jardin de ville mercredi 18 juin.
Alors que huit écoles grenobloises hébergent toujours une quinzaine de familles, à l'approche des vacances d'été, l'inter-collectif des écoles occupées a de nouveau interpellé les pouvoirs publics ce mercredi 18 juin. Les militants entendaient notamment rappeler à la ville de Grenoble ses engagements, un mois après sa promesse de mettre en place la réquisition des logements vacants, faute de réaction de la préfecture.

« Le maire de Gre­noble a annon­cé son inten­tion de réqui­si­tion­ner, en ver­tu de ses pou­voirs de police, des loge­ments vacants appar­te­nant à une socié­té pri­vée, dans les pro­chains jours », a annon­cé l’inter-collectif des écoles occu­pées. « Nous ver­rons bien ce qu’il en sera. » Cer­tains affichent une moue dubi­ta­tive, d’autres ont des lueurs d’espoir dans les yeux.

« À Gre­noble, en cette fin d’année sco­laire, 8 écoles sont tou­jours occu­pées pour mettre à l’abri 15 familles dont 35 enfants. Depuis 2022, ce sont près de 90 familles dont 220 enfants qui ont été mises à l’abri », rap­pelle Laure, repré­sen­tante de l’as­so­cia­tion des parents d’élèves de l’é­cole Mal­herbe. Et d’insister : « L’Etat doit pro­po­ser des loge­ments, c’est la loi ! »

C’est pour répondre à cette situa­tion qu’un inter-col­lec­tif des écoles occu­pées — regrou­pant le DAL 38, RESF 38, la FCPE 38 et l’intersyndicale « enfants migrants à l’école » (SUD édu­ca­tion 38, FSU 38 et CNT édu­ca­tion 38) — s’est mobi­li­sé et reven­dique la réqui­si­tion des loge­ments vacants.

Appliquer la loi

« L’annonce doit se concré­ti­ser rapi­de­ment et ne pas res­ter une pro­messe en l’air », a exi­gé le DAL. Par la voix de Manon, l’as­so­cia­tion dénonce « la crise du loge­ment qui se dur­cit d’année en année, tan­dis que le nombre de sans-abris, d’expulsions, de demandes HLM, de vic­times de mar­chands de som­meil, ne cesse d’augmenter. Elle est le pro­duit des poli­tiques natio­nales et locales de sou­tien au loge­ment cher, à la spé­cu­la­tion et à la rente », s’in­digne la mili­tante.

Louis et Manon, mili­tants du DAL.

Louis (DAL), ajoute que la réqui­si­tion de biens vacants de riches pro­prié­taires serait non seule­ment une mesure sociale, « mais aus­si une mesure pour pous­ser les bailleurs à louer leur loge­ment. Un loge­ment c’est fait pour habi­ter pas pour spé­cu­ler », sou­ligne-t-il.

La loi rap­pelle en effet que la réqui­si­tion de loge­ments vacants n’est ni une spo­lia­tion, ni une expro­pria­tion. C’est une mesure tem­po­raire d’un an, renou­ve­lable jusqu’à six ou douze ans sui­vant la pro­cé­dure, durant laquelle le pro­prié­taire de bâti­ment est indem­ni­sé. La réqui­si­tion n’est pas une mesure miracle, c’est une mesure d’urgence. Il y a besoin d’une poli­tique plus glo­bale du loge­ment.

Il y a urgence

Pour faire face aux consé­quences de la crise du loge­ment, le DAL appelle, comme pre­mières mesures d’urgence :
• aux maires du dépar­te­ment à uti­li­ser leur pou­voir de police pour réqui­si­tion­ner dans leur com­mune face à la carence de l’État ;
• à la Métro­pole de se sai­sir de la com­pé­tence de réqui­si­tion « avec attri­bu­taire » que peut lui délé­guer l’État ;
• à l’application par l’État de l’ordonnance de 1945 pour réqui­si­tion­ner les immeubles vacants de grands pro­prié­taires publics et pri­vés.

Une lutte qui prend toute sa place et toute son acui­té dans une socié­té de plus en plus rude pour tous ceux qui souffrent. Elle est por­teuse de pug­na­ci­té, d’humanisme et d’espoir.

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