Fontaine. Expulsion d’une famille : trophée de la « meilleure mise à la rue » pour le maire
Par Travailleur Alpin
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L’occasion était trop belle. Mercredi 7 mai, Franck Longo, maire MoDem de Fontaine, assistait à la Source à la « Soirée des talents », un événement musical entrant dans le cadre de sa communication. Les quelque cinquante manifestants réunis devant la salle de concert fontainoise en ont donc profité pour tenter de lui remettre le « prix des talents des territoires », catégorie « meilleure mise à la rue ». Un trophée que l’édile a sans surprise refusé.
La distinction ironique renvoyait en effet au mot d’ordre du rassemblement : « Stop à l’expulsion de la famille M. par la mairie de Fontaine ». À l’initiative de la mobilisation, un large collectif regroupant RESF Fontaine, conseil local FCPE du collège Jules-Vallès, Association des parents d’élèves et personnels du collège Gérard-Philipe, FCPE Isère, Intersyndicale « Enfants migrant.e.s à l’école » (FSU, Sud, CNT), DAL 38, Groupe solidarité de la paroisse catholique Saint-Michel-du-Drac.

Pour ces enseignants, parents d’élèves et militants, la ville de Fontaine « persiste dans son ignominie en mettant tout en œuvre pour expulser de son domicile la famille M. dont deux enfants sont scolarisé.e.s à Fontaine (école maternelle Langevin et collège Gérard Philipe). Alors qu’aucune nouvelle solution d’hébergement n’est proposée à la famille à ce jour, le tribunal a validé la décision d’expulsion lors d’une audience le 27 mars 2025 », précise également le collectif.
La famille pourrait être expulsée début juin
La famille vit depuis de longues années « un parcours de précarité dans des hébergements successifs », ajoute-t-il. Aujourd’hui logée dans un appartement municipal, elle se retrouve avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Car Franck Longo, qui a tout de même reçu une délégation de manifestants, l’a annoncé : le tribunal ayant confirmé la décision de la municipalité, la famille M. sera expulsée début juin.
S’exprimant au nom du collectif, Xavier Lecoq (RESF Fontaine et FCPE Jules-Vallès) a dénoncé le travestissement de la réalité des faits par le maire concernant les expulsions de familles à Fontaine, s’insurgeant des propos injurieux — qui n’avaient pas lieu d’être — tenus par l’élu à l’encontre de la famille expulsable. Le militant a aussi demandé l’arrêt de la procédure d’expulsion et la mise en œuvre de tous les moyens à disposition de la mairie pour l’hébergement des personnes à la rue ou menacées de l’être à Fontaine.

Des représentants de la FCPE et du DAL ont pris ensuite la parole pour rappeler l’inconditionnalité du droit au logement ainsi que le droit à des conditions matérielles et une scolarisation digne pour deux enfants mineurs. Les manifestants ont réaffirmé leur « opposition à toute expulsion qui ne soit pas accompagnée d’un relogement digne et pérenne ». Et de conclure, non sans ironie : « La responsabilité en incombe à M. le maire ou en effet, au préfet ou au gouvernement, dont le Premier ministre est, sauf erreur, du même parti politique que M. Longo. »