Vencorex. Le tribunal de commerce met sa décision en délibéré au 10 avril, un industriel étranger soutient les salariés
Par Manuel Pavard
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Un industriel étranger prêt à investir 45 millions d’euros dans le projet de SCIC (Mise à jour 09/04/2025)
À la veille du rendu du délibéré du tribunal de commerce de Lyon, prévu ce jeudi 10 avril, une nouvelle information, susceptible de rebattre les cartes, a été rendue publique mercredi 9 avril. Un groupe asiatique, acteur majeur de l’industrie de la chimie, a apporté son soutien au projet de reprise en coopérative porté par les salariés, la FNIC-CGT et plusieurs collectivités territoriales. Un industriel (dont le nom n’a pas été divulgué) qui s’est déclaré disposé à investir près de 45 millions d’euros pour appuyer cette proposition.
De son côté, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a confirmé sa participation au projet de SCIC — sans communiquer de montant précis à ce stade — tandis que le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a indiqué ce mercredi sur France Info que l’État mettrait « un euro d’argent public pour un euro d’argent privé investi », afin de soutenir une offre viable, notamment celle des salariés. Au total, le financement du projet est estimé à 120 millions d’euros, à l’horizon 2029. Premiers éléments de réponse imminents…
(Encadré ajouté le mercredi 9 avril)
Il faudra donc patienter une semaine de plus. Une semaine supplémentaire d’attente, d’angoisse, de stress, mais également d’espoir pour les salariés de Vencorex, suspendus au choix des juges. Sans grande surprise, le tribunal de commerce de Lyon a en effet mis sa décision en délibéré, ce jeudi 3 avril, et se prononcera sur l’avenir de l’entreprise jeudi 10 avril.

Cette audience intermédiaire avait été programmée à l’issue de la première audience qui s’était tenue le 6 mars devant le tribunal de commerce. Lequel avait alors accordé un sursis à Vencorex, prolongeant de six mois la période d’observation. Malgré tout, une épée de Damoclès planait toujours au-dessus de la tête des quelque 460 salariés, le spectre d’une liquidation judiciaire n’étant pas écarté.
Deux offres concurrentes diamétralement opposées
Comment éviter un tel scénario catastrophe ? Ce jeudi après-midi, deux offres concurrentes diamétralement opposées se faisaient face à Lyon. D’un côté, celle, déjà bien connue, de la société hongroise BorsodChem, filiale du groupe chinois Wanhua, qui ne prévoit de reprendre que 54 salariés, en conservant seulement l’atelier Tolonates. De l’autre, le projet de création d’une société coopérative à intérêt collectif (SCIC), porté par les salariés, la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC-CGT) et différentes collectivités territoriales — en réaction notamment au refus de la nationalisation temporaire de la part du gouvernement.

De nombreux partisans de la reprise en coopérative avaient fait le déplacement au tribunal pour soutenir cette proposition. Outre Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex, représentante des salariés, et Serge Allègre, secrétaire général de la FNIC-CGT, on retrouvait ainsi plusieurs élus, comme le maire de Pont-de-Claix et président de la Métropole Christophe Ferrari ou les députées NFP de l’Isère Cyrielle Chatelain et Élisa Martin.
Plusieurs collectivités votent une participation à la SCIC
De fait, un nombre croissant de collectivités décident de s’investir au sein de la SCIC et ont voté ou s’apprêtent à voter une prise de participation. C’est le cas, par exemple, de la Métropole, avec une enveloppe de 200 000 euros qui devrait être entérinée par le conseil métropolitain, ce vendredi 4 avril. Mais aussi des municipalités de Pont-de-Claix (50 000 euros), Échirolles (20 000 euros), Jarrie ou Gières, ou même de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui entend elle aussi s’engager financièrement, pour un montant encore non connu.

Représentants des salariés et élus ont en tout cas plaidé une nouvelle fois leur cause devant les juges, mettant en valeur les points forts de leur projet. Celui-ci est en effet le seul à même de garantir le maintien de l’activité et des emplois directs et indirects, sans parler de l’effet domino sur la filière chimie. Ce qui tranche radicalement avec l’offre de reprise partielle de BorsodChem.
Séverine Dejoux et ses soutiens ont par ailleurs demandé un délai de quatre semaines afin d’affiner et consolider leur proposition. À ce stade, difficile toutefois d’établir un pronostic, les deux dossiers étant jugés recevables par le tribunal de commerce.