Pont-de-Claix. Jean-Luc Mélenchon à la rencontre des salariés de Vencorex

Par Manuel Pavard

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Jean-Luc Mélenchon aux côtés des députées LFI de l'Isère Élisa Martin et Sandrine Nosbé, de la députée du Rhône Anaïs Belouassa-Cherifi, et de Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex. © Clara Goubault
Jean-Luc Mélenchon était en visite ce mercredi 12 mars à Vencorex, sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix, à l'invitation des députées de l'Isère Élisa Martin et Sandrine Nosbé. Venu échanger avec les représentants syndicaux et les salariés, qui lui ont notamment présenté le projet de reprise en coopérative porté par la CGT, le chef de file de la France insoumise a vivement dénoncé l'attitude du gouvernement et son refus d'une nationalisation temporaire.

Les sala­riés de Ven­co­rex auront vu défi­ler une suc­ces­sion de per­son­na­li­tés poli­tiques et syn­di­cales, au cours des der­niers mois. Après Sophie Binet, Phi­lippe Pou­tou, Fabien Rous­sel, Manuel Bom­pard, Pierre Jou­vet ou encore Arnaud Mon­te­bourg — sans comp­ter tous les par­le­men­taires et autres élus locaux -, c’é­tait au tour de Jean-Luc Mélen­chon de se rendre sur la pla­te­forme chi­mique de Pont-de-Claix, ce mer­cre­di 12 mars. Le lea­der de la France insou­mise répon­dait à l’in­vi­ta­tion des deux dépu­tées LFI de l’I­sère, Éli­sa Mar­tin et San­drine Nos­bé. Ceci moins d’une semaine après le sur­sis accor­dé à l’en­tre­prise.

Jean-Luc Mélen­chon (ici avec les dépu­tées LFI Anaïs Belouas­sa-Che­ri­fi et San­drine Nos­bé) a échan­gé avec les syn­di­ca­listes et sala­riés, à son arri­vée à Ven­co­rex. © Manuel Pavard

Jeu­di 6 mars, le tri­bu­nal de com­merce de Lyon a en effet déci­dé de pro­lon­ger de six mois la période d’ob­ser­va­tion de Ven­co­rex, repous­sant le spectre de la liqui­da­tion judi­ciaire. L’au­dience a aus­si vu la CGT pré­sen­ter sa pro­po­si­tion de reprise via une socié­té coopé­ra­tive d’in­té­rêt col­lec­tif (SCIC), por­tée avec les sala­riés et sou­te­nue par plu­sieurs col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales. Un pro­jet que les repré­sen­tants de l’in­ter­syn­di­cale ont expo­sé à Jean-Luc Mélen­chon, lors d’un temps d’é­change orga­ni­sé à son arri­vée sur le site.

« Le ministre de l’Industrie n’y comprend rien »

Saluant l’i­dée et ses objec­tifs, l’ex-can­di­dat à l’é­lec­tion pré­si­den­tielle a insis­té sur la remise en cause de la « pro­prié­té capi­ta­liste des moyens de pro­duc­tion », tout en indi­quant ne pas vou­loir s’ex­pri­mer à la place des sala­riés concer­nant cette poten­tielle reprise en coopé­ra­tive. De fait, sa venue à Pont-de-Claix visait prio­ri­tai­re­ment à « aider à la visi­bi­li­té du conflit », et sur­tout à « inter­pel­ler le gou­ver­ne­ment et le mettre en cause, c’est-à-dire le confron­ter à ses contra­dic­tions ».

Le lea­der insou­mis, entou­ré des dépu­tés Anaïs Belouas­sa-Che­ri­fi, Éli­sa Mar­tin et Idir Bou­mer­tit et de Séve­rine Dejoux (CGT), s’est expri­mé devant la presse. © Manuel Pavard

Jean-Luc Mélen­chon a ain­si tiré à bou­lets rouges sur l’exé­cu­tif, à com­men­cer par le Pre­mier ministre Fran­çois Bay­rou et son ministre de l’In­dus­trie Marc Fer­rac­ci. Il a notam­ment fus­ti­gé le dédain du gou­ver­ne­ment, dont aucun membre n’a pris la peine de se dépla­cer à Ven­co­rex — ni à Arke­ma d’ailleurs. « J’ai moi-même été ministre. Je vous garan­tis qu’on trouve tou­jours le temps dans une semaine pour aller voir ceci ou cela, ce qui per­met de com­plé­ter sa propre com­pré­hen­sion », a‑t-il assu­ré.

« Le ministre de l’In­dus­trie ne sait rien du tout de ce qui se passe ici et n’y com­prend rien », a pour­sui­vi le chef de file des insou­mis. Avant de s’a­dres­ser au Pre­mier ministre : « M. Bay­rou, si vous avez un bon à rien, chan­gez-le et envoyez-nous quel­qu’un qui soit capable de dis­cu­ter avec des gens et de leur répondre. »

« Assez de baratin sur la souveraineté et la réindustrialisation »

Jean-Luc Mélen­chon s’est éga­le­ment indi­gné que Mati­gnon ait fer­mé la porte à une natio­na­li­sa­tion tem­po­raire de Ven­co­rex. Une déci­sion qui nuit direc­te­ment à « l’in­té­rêt natio­nal », selon lui. « Assez de bara­tin sur la sou­ve­rai­ne­té, la réin­dus­tria­li­sa­tion, etc, quand dans le même temps, on laisse s’é­crou­ler des pans entiers de la pro­duc­tion et sur­tout des endroits comme celui-ci. » Un site qu’il a décrit « comme une sorte de gare de triage du reste de l’in­dus­trie chi­mique ».

Jean-Luc Mélen­chon s’est éga­le­ment entre­te­nu avec le maire de Pont-de-Claix et pré­sident de la Métro­pole Chris­tophe Fer­ra­ri. © Manuel Pavard

Le res­pon­sable LFI a détaillé le fameux effet domi­no, maintes fois évo­qué par les syn­di­cats, d’une dis­pa­ri­tion de Ven­co­rex pour l’en­semble de la filière chi­mique et même au-delà. Avec l’im­pact sur la fusée Ariane, les cen­trales nucléaires ou le sec­teur de l’ar­me­ment. Pour lui, le refus de la natio­na­li­sa­tion résulte, d’une part, d’un « manque de volon­té poli­tique ». Car ces membres du gou­ver­ne­ment « ne com­prennent rien à la pro­duc­tion ». Mais on ne peut pas non plus élu­der le lien avec « l’i­déo­lo­gie du pré­sident de la Répu­blique ».

« Le dés­in­té­rêt, l’in­com­pré­hen­sion, le mépris pour les gens… Voi­là le cock­tail avec lequel est faite la pen­sée de ces grands stra­tèges. »

Jean-Luc Mélen­chon

Et Jean-Luc Mélen­chon de résu­mer : « Le dés­in­té­rêt, l’in­com­pré­hen­sion, le mépris pour les gens… Voi­là le cock­tail avec lequel est faite la pen­sée de ces grands stra­tèges. » Sa conclu­sion, visant les ministres comme les indus­triels, est sans appel : « Nous vous accu­sons de détruire l’in­dus­trie chi­mique de ce pays ! »

Jean-Luc Mélen­chon a ren­con­tré de jeunes mili­tants à la fin de sa visite sur la pla­te­forme chi­mique. © Manuel Pavard

Sur le fond du dos­sier, la Fédé­ra­tion natio­nale des indus­tries chi­miques (FNIC-CGT) conti­nue, elle, d’af­fi­ner son offre de reprise en SCIC. Avec, en ligne de mire, une échéance très proche. Car si la période d’ob­ser­va­tion est offi­ciel­le­ment pro­lon­gée de six mois, le tri­bu­nal de com­merce de Lyon a pro­gram­mé une audience inter­mé­diaire au 3 avril. Un ren­dez-vous qui n’est pas à prendre à la légère, pré­vient l’in­ter­syn­di­cale.

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