Grenoble. La Poste soupçonnée d’avoir couvert un « manager agresseur »

Par Martine BRIOT

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Les manifestants se sont réunis devant le centre de courrier multiflux de Mistral pour dénoncer des faits de harcèlement moral et agression sexuelle.
Sud PTT Isère-Savoie organisait un rassemblement devant la plateforme multiflux de La Poste, à Grenoble, ce samedi 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Le syndicat dénonce des "manquements graves" de la part de la direction, qui aurait couvert durant plus d'un an un manager accusé de harcèlement et agression sexuelle. Un homme qui a finalement été licencié pour... faute simple.

Ce same­di 8 mars au matin, le syn­di­cat Sud PTT Isère-Savoie avait don­né ren­dez-vous aux sala­riés devant la pla­te­forme mul­ti­flux, dans le quar­tier Mis­tral, pour faire connaître les méthodes mana­gé­riales que subissent les femmes au sein de La Poste. Non seule­ment la direc­tion, infor­mée dès l’origine de la pra­tique d’un des cadres, n’a pas réagi, mais elle a cou­vert les faits durant une année !

Depuis 2023, ce mana­ger avait jeté son dévo­lu sur le per­son­nel au sta­tut pré­caire et les inté­ri­maires, vic­times de ses pro­pos sexistes, racistes, homo­phobes et gros­so­phobes. Les témoi­gnages d’agent-es se sont mul­ti­pliés au centre de cour­rier Lio­nel-Ter­ray, au Vil­lage olym­pique, où l’homme est arri­vé en sep­tembre 2023. À deux reprises, les faits ont été signa­lés par les repré­sen­tants du per­son­nel comme situa­tion de « dan­ger grave et immi­nent ». Une péti­tion a même appuyé cette démarche.

Plainte pour agression sexuelle mais licenciement pour faute simple

Le cadre dési­gné a ensuite été dépla­cé sur un autre site de La Poste où des faits se sont repro­duits. Ce qui lui a valu d’être tra­duit devant le conseil de dis­ci­pline, un blâme étant ins­crit à son dos­sier. Mais à la suite du retour du « pré­da­teur » — comme le qua­li­fie Sud PTT — au centre de tri Mis­tral, la réci­dive ne s’est pas fait attendre. En octobre der­nier, une agente inté­ri­maire a ain­si fait l’objet d’une agres­sion sexuelle, dépo­sant plainte contre le mana­ger.

Le ras­sem­ble­ment s’est tenu devant le site de Mis­tral, où le mana­ger est accu­sé d’a­voir agres­sé sexuel­le­ment une jeune inté­ri­maire.

La direc­tion a alors déci­dé d’une mise à pied de l’a­gres­seur pré­su­mé, mesure conser­va­toire, avant de le licen­cier pour faute simple. Pour­tant, de tels faits auraient dû entraî­ner un licen­cie­ment pour faute grave. Ce qui fait dire au per­son­nel de La Poste que si ces agis­se­ments avaient été le fait d’un fac­teur, celui-ci aurait été « viré » immé­dia­te­ment…

Sud PTT envisage une procédure judiciaire

Le syn­di­cat déplore éga­le­ment la réac­tion du CHSCT qui, à l’époque, n’a pas pris la mesure de l’attitude « pro­tec­trice » de la direc­tion alors que des débrayages et des grèves avaient eu lieu. Enfin, il dénonce l’absence totale d’enquête réelle. Ceci mal­gré la trans­mis­sion du par­cours chro­no­lo­gique des faits et de toutes les infor­ma­tions à la direc­tion régio­nale de La Poste ain­si qu’à l’ins­pec­tion du tra­vail.

Sud PTT a ini­tié la mobi­li­sa­tion, avec le sou­tien d’autres orga­ni­sa­tions syn­di­cales, comme la FSU, la CNT ou l’UN­SA.

Claire, élue titu­laire au CSE, pré­sen­te­ra un compte-ren­du à la réunion extra­or­di­naire pré­vue ce mar­di 11 mars. Sud PTT demande par ailleurs une for­ma­tion du per­son­nel d’encadrement au thème des vio­lences sexistes et sexuelles. Concer­nant l’af­faire en cours, le syn­di­cat a éga­le­ment pré­pa­ré un dos­sier en vue d’une pro­cé­dure judi­ciaire à l’en­contre de la direc­tion de La Poste.

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