La CGT Isère fixe ses actes de lutte à son 59e congrès

Par Manuel Pavard

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Nicolas Benoit a été réélu dans ses fonctions de secrétaire général de la CGT Isère, au terme du congrès, à l'Heure bleue.
Le 59e congrès de l’UD CGT Isère s’est tenu du 20 au 22 novembre à l’Heure bleue, à Saint-Martin-d’Hères. Les 188 délégués présents ont élu une nouvelle commission exécutive, Nicolas Benoit étant reconduit à son poste de secrétaire général. Les résolutions votées illustrent quant à elles un agenda social chargé, avec de nombreuses luttes à venir pour le syndicat.

Guerres au Proche-Orient ou en Ukraine, mon­tée du fas­cisme, dérè­gle­ment cli­ma­tique et catas­trophes envi­ron­ne­men­tales, déman­tè­le­ment des ser­vices publics, fer­me­tures d’usine et plans de licen­cie­ments, per­sis­tance du sexisme… C’est dans ce contexte par­ti­cu­liè­re­ment lourd que s’est tenu le 59e congrès de l’union dépar­te­men­tale CGT Isère, du mer­cre­di 20 au ven­dre­di 22 novembre, à l’Heure bleue, à Saint-Martin‑d’Hères.

Le congrès a réuni 188 délé­gués repré­sen­tant 83 syn­di­cats CGT.

Durant trois jours, 188 délé­gués repré­sen­tant 83 syn­di­cats CGT ont échan­gé sur les dif­fé­rents thèmes d’actualité et les futures luttes à mener. Avec de mul­tiples enjeux. Au niveau des ins­tances tout d’abord, avec une nou­velle com­mis­sion exé­cu­tive, renou­ve­lée à plus de 50 % et rajeu­nie. À sa tête, Nico­las Benoit a été réélu secré­taire géné­ral, tan­dis que Natha­lie Geld­hof, en charge aupa­ra­vant de l’éducation, devient admi­nis­tra­trice.

Les services publics sacrifiés

Sur le fond ensuite, les syn­di­cats CGT ont adop­té une réso­lu­tion d’actualité s’ouvrant sur « leur indé­fec­tible sou­tien aux peuples pales­ti­nien, liba­nais, ukrai­nien, russe, sacri­fiés par leurs gou­ver­ne­ments et à tous les peuples oppri­més qui subissent les hor­reurs et les car­nages des guerres ».

« Aujourd’hui, le patro­nat et les gros indus­triels s’enrichissent sur le dos des popu­la­tions et de ceux qui meurent sur le ter­rain », dénonce Nico­las Benoît, poin­tant la « mon­tée des natio­na­lismes » et la néces­si­té de s’opposer aux « exac­tions géno­ci­daires » du gou­ver­ne­ment israé­lien. La CGT accuse par ailleurs Emma­nuel Macron de « sacri­fier le finan­ce­ment des ser­vices publics sur l’autel de la guerre », avec une « coupe bud­gé­taire de 60 mil­liards d’euros infli­gée aux tra­vailleurs ».

Nico­las Benoit entame un nou­veau man­dat, à la tête d’une com­mis­sion exé­cu­tive renou­ve­lée à plus de 50%.

Le secré­taire géné­ral évoque éga­le­ment les consé­quences de la pro­gres­sion de l’extrême droite, qui s’attaque à la fois aux conquis sociaux, aux droits LGBT ou à ceux des femmes. « La CGT Isère est fémi­niste et réaf­firme son enga­ge­ment à lut­ter pour gagner l’égalité de trai­te­ment entre les femmes et les hommes et com­battre les vio­lences sexistes et sexuelles », indique-t-elle ain­si dans sa réso­lu­tion d’actualité.

Le syn­di­cat a aus­si affi­ché sa « soli­da­ri­té avec les col­lec­ti­vi­tés subis­sant les foudres du gou­ver­ne­ment », ajoute Nico­las Benoit. « Quand on a 10 mil­lions de moins sur les bud­gets, à la ville de Gre­noble ou dans d’autres col­lec­ti­vi­tés, ça se tra­duit for­cé­ment par le non-rem­pla­ce­ment de per­son­nels par­tant en retraite ou l’arrêt de ser­vices pour les don­ner au pri­vé. »

Les délé­gués à l’is­sue du 59e congrès de l’UD CGT.

Lors du congrès, la CGT a réaf­fir­mé « la néces­si­té de déga­ger les moyens néces­saires au finan­ce­ment des ser­vices publics » et de « por­ter des pro­po­si­tions en vue des assises des ser­vices publics orga­ni­sés par la confé­dé­ra­tion CGT fin 2025 ». Elle redoute notam­ment les éco­no­mies pré­vues sur le finan­ce­ment de la Sécu­ri­té sociale, qui se feront « sur le dos des assu­rés », à l’image – exemple par­mi d’autres – de la mise en place des trois jours de carence.

Pour la nationalisation des secteurs stratégiques

Sur le plan de l’emploi local, Nico­las Benoit cite les « 300 entre­prises du BTP qui ont mis la clé sous la porte » en Isère, ain­si que les com­bats menés à Ven­co­rex, Pho­to­watt, Valeo, la cli­nique du Dau­phi­né… « Les plans de licen­cie­ments, les fer­me­tures d’usines et de super­mar­chés annon­cés ces der­niers jours, chif­frées à 150 000 postes en France, doivent nous faire prendre conscience que si nous vou­lons main­te­nir nos emplois, seule la lutte nous le per­met­tra », assène le syn­di­cat.

Concer­nant Ven­co­rex, « il ne faut pas qu’on lâche et qu’on gagne la natio­na­li­sa­tion », sou­ligne le secré­taire géné­ral. « Sans cela, cette boîte fer­me­ra et c’est l’ensemble de la chi­mie qui va cou­ler » dans le sud gre­no­blois. La CGT défend d’ailleurs la natio­na­li­sa­tion de plu­sieurs sec­teurs stra­té­giques comme l’énergie, la pro­duc­tion de médi­ca­ments et les trans­ports.

Autres thèmes abor­dés à l’Heure bleue, la ques­tion envi­ron­ne­men­tale que les syn­di­cats CGT s’engagent à « inté­grer dans l’ensemble de leur acti­vi­té reven­di­ca­tive ». Ou encore le besoin de pour­suivre le tra­vail en faveur de la syn­di­ca­li­sa­tion des tra­vailleurs.

La néces­si­té de syn­di­quer encore davan­tage de tra­vailleurs a été rap­pe­lée au cours du congrès.

Les délé­gués ont enfin rap­pe­lé leurs prin­ci­pales reven­di­ca­tions : « la retraite à 60 ans et moins pour les travailleur·euses exposé·es aux tra­vaux pénibles, avec 37,5 annui­tés ; la réduc­tion du temps de tra­vail à 32h par semaine ; l’interdiction des licen­cie­ments et la natio­na­li­sa­tion des sec­teurs stra­té­giques ; l’augmentation géné­rale des salaires, des pen­sions et des mini­mas sociaux ; la recon­quête des ser­vices publics et des droits syn­di­caux ; une réap­pro­pria­tion par les tra­vailleurs de notre Sécu­ri­té sociale ».

Des demandes por­tées par les mili­tants lors des nom­breuses mobi­li­sa­tions pro­gram­mées dans les semaines sui­vant le congrès, de la mani­fes­ta­tion fémi­niste du 25 novembre à la grande jour­née de mobi­li­sa­tion dans les indus­tries du 12 décembre, en pas­sant par la mobi­li­sa­tion des retrai­tés du 3 décembre ou le mou­ve­ment de la fonc­tion publique du 5 décembre. Un calen­drier des luttes « mis en place avant une indis­pen­sable conver­gence des luttes que nous appe­lons de nos vœux », conclut la CGT.

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