Grenoble. Des habitants de Saint-Bruno réunis contre les violences du narcotrafic

Par Manuel Pavard

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Les habitants se sont rassemblés près de la dragonne du square Saint-Bruno, munis pour certains de drapeaux blancs.
Entre 250 et 300 habitants et commerçants du quartier Saint-Bruno se sont réunis ce samedi 23 novembre dans le square, pour protester contre les violences liées au trafic de stupéfiants et réclamer davantage de sécurité. Un rassemblement organisé dans un contexte de forte tension, alors que la place Saint-Bruno et ses abords ont été le théâtre d'une série de fusillades au cours des dernières semaines.

« On en a marre d’a­voir peur ! » En quelques mots, Claire, mère de deux enfants rési­dant depuis plus de dix ans à Saint-Bru­no, résume le sen­ti­ment par­ta­gé par la qua­si-tota­li­té des mani­fes­tants pré­sents ce same­di 23 novembre. Habi­tants, com­mer­çants, parents d’é­lèves… Près de 300 per­sonnes se sont ras­sem­blées à l’ar­rière de la dra­gonne du square, à l’ap­pel du col­lec­tif Saint-Bru­no, récem­ment créé, pour crier leur ras-le-bol face à l’ex­plo­sion des « vio­lences liées au tra­fic de drogue » dans le quar­tier.

Des repré­sen­tants du col­lec­tif Saint-Bru­no, qui regroupe des habi­tants et com­mer­çants du quar­tier.

Sur la place Saint-Bru­no et dans les rues atte­nantes, les der­nières semaines ont en effet été émaillées d’une série de fusillades et règle­ments de comptes. L’en­jeu ? Le contrôle du très lucra­tif point de deal du quar­tier, qui attise les convoi­tises, et plus lar­ge­ment la guerre de ter­ri­toire que se livrent depuis plu­sieurs mois les tra­fi­quants de stu­pé­fiants rivaux dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise.

« On est là pour dénon­cer un niveau de vio­lence qui s’est accé­lé­ré récem­ment et pour lan­cer un appel à unir et ras­sem­bler toute la popu­la­tion de Saint-Bru­no. On repré­sente les habi­tants et les com­mer­çants », explique un porte-parole du col­lec­tif tenant à res­ter ano­nyme.

Le collectif prône le réaménagement de la place Saint-Bruno

La démarche est sou­te­nue notam­ment par la FCPE du col­lège Fan­tin-Latour, dont les élèves sont aux pre­mières loges. Idem à l’é­cole Anthoard où plu­sieurs sor­ties sco­laires ont dû être annu­lées cet automne pour la même rai­son. « Quand ma fille rentre toute seule à pied, je suis inquiète, même en pleine jour­née », avoue Claire. Plu­sieurs parents confient même deman­der à leurs enfants de faire un détour pour évi­ter la place Saint-Bru­no.

Entre 250 et 300 per­sonnes se sont retrou­vées sur la place Saint-Bru­no pour affi­cher leur ras-le-bol.

Les orga­ni­sa­teurs du ras­sem­ble­ment inter­pellent à la fois les élus locaux et les ser­vices de l’É­tat, exi­geant « un plan d’ac­tion struc­tu­ré et concer­té impli­quant la pré­fec­ture, le pro­cu­reur et la muni­ci­pa­li­té ». « On a des solu­tions à pro­po­ser mais elles n’ont pas été enten­dues », déplore le repré­sen­tant du col­lec­tif.

Par­mi elles, « la police de proxi­mi­té, qui fait consen­sus dans le quar­tier ». Mais aus­si une piste s’ap­puyant sur les tra­vaux du cri­mi­no­logue Sebas­tian Roché : « un plan de réamé­na­ge­ment de la place Saint-Bru­no ». Ceci afin de « recon­qué­rir l’es­pace qui devrait être celui des habi­tants », affirme-t-il. « On l’a pro­po­sé à la ville qui nous a répon­du clai­re­ment que ce serait pour un pro­chain man­dat. Ce n’est pas accep­table », s’in­surge l’o­ra­teur. « Aujourd’­hui, il y a vrai­ment urgence. On veut que les élus en prennent conscience. »

Des mili­tants com­mu­nistes étaient éga­le­ment pré­sents au ras­sem­ble­ment.

Plu­sieurs d’entre eux sont d’ailleurs pré­sents ce same­di après-midi, à l’i­mage du maire adjoint du sec­teur 1 Oli­vier Ber­trand, conscient de « l’exas­pé­ra­tion des habi­tants » mais poin­tant en pre­mier lieu les man­que­ments de l’É­tat. Quant aux membres du col­lec­tif, ceux-ci entendent bien main­te­nir la pres­sion sur les pou­voirs publics. « On a une per­sonne qui va recueillir l’en­semble des sol­li­ci­ta­tions des habi­tants », indique Haki­ma, autre porte-parole. « C’est un col­lec­tif qui va per­du­rer dans le temps et qui est bien ancré dans le quar­tier. »

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