Grenoble. Fronde contre la fermeture du bureau de poste Alsace-Lorraine
Par Manuel Pavard
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« Le groupe La Poste veut-il couler son service public ? » Derrière le ton volontairement incisif employé par François Auguste, du collectif « J’aime ma poste », se cache une vraie question. C’est en effet l’incompréhension qui prédomine parmi la grosse cinquantaine de manifestants rassemblés samedi 9 novembre devant le bureau de poste Alsace-Lorraine, à Grenoble.
Salariés, syndicats (CGT FAPT et Sud PTT), usagers, élus — dont le sénateur Guillaume Gontard, la députée Elisa Martin et les adjoints Isabelle Peters, Alan Confesson et Margot Belair, ceints de leur écharpe tricolore… Tous ont répondu à l’appel du collectif « J’aime ma poste », afin de protester contre la fermeture imminente du bureau de poste. D’abord annoncée pour le 15 juin, puis le 24 août, celle-ci a déjà été reportée à deux reprises, grâce à la mobilisation.
Cette fois pourtant, les dés semblent quasiment jetés, du moins pour le groupe La Poste, qui prévoit de baisser le rideau ce vendredi 15 novembre. Cerise sur le gâteau, les salariés indiquent avoir appris la date « par la mairie, et non par la direction… Un comble ! » Quant aux explications fournies pour justifier la décision, « on n’arrive pas à les comprendre », grince Arnaud Vossier, représentant syndical Sud PTT, guichetier au bureau de la place Saint-Bruno et occasionnellement à celui d’Alsace Lorraine.
« La direction nous a menti pendant des mois »
Le syndicaliste évoque en effet la « forte activité » de ce bureau de poste, « toujours plein ». « La seule chose qu’on nous ait dit, c’est qu’il fallait réduire les coûts. Mais ce n’est pas aux usagers et aux postiers de payer les mauvais choix des dirigeants de La Poste », s’insurge-t-il. Arnaud Vossier souhaite en outre « insister sur le côté inhumain de cette fermeture », pointant les « mensonges » de la direction : « On nous a menti pendant des mois et des mois en nous disant qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que le bureau ne fermerait pas. C’est une honte ! »
Si le site d’Alsace-Lorraine est ciblé à (très) court terme, son cas illustre une situation globale également inquiétante, dans l’agglomération grenobloise comme ailleurs en France. « En défendant le bureau d’Alsace-Lorraine, nous défendons tous les bureaux de poste de Grenoble », affirme ainsi François Auguste. « Nous demandons à La Poste d’accélérer les travaux pour l’ouverture du bureau de poste Jean-Perrot et le maintien du distributeur de billets. Et nous défendrons s’il le faut les bureaux de poste Stalingrad et Bajatière, qui sont eux aussi menacés » — avec une fermeture potentielle d’ici septembre 2025.
Par conséquent, « une table ronde s’impose dans les meilleurs délais », estime le militant du collectif, qui entend solliciter à cet effet la nouvelle préfète de l’Isère Catherine Séguin. Dès son arrivée, celle-ci trouvera ainsi sur sa table ce dossier particulièrement symbolique. Car aujourd’hui, l’accès à un service public comme La Poste « fait partie du droit à la communication », souligne Serge Benito, postier et élu CGT. C’est « l’un des droits fondamentaux » dont doivent bénéficier « tous les citoyens », ajoute-t-il. Et ce, « au même titre que la santé, l’éducation, la culture ou les sports ».