Pont-de-Claix. Vencorex en cessation de paiements, la CGT s’attend à un redressement judiciaire imminent

Par Manuel Pavard

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Vue de la plateforme chimique de Pont-de-Claix.

Faisant face à des pertes supérieures aux prévisions, Vencorex va se déclarer en cessation de paiements, vendredi 6 septembre 2024, devant le tribunal de Lyon, prélude à un probable redressement judiciaire. Une procédure qui pourrait avoir de lourdes conséquences, non seulement sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix mais également pour Arkema et Framatome, sur le site de Jarrie.

La CGT avait tiré la sonnette d’alarme dès le printemps 2024, avant d’adresser une lettre ouverte aux députés isérois (hors RN), le 23 juillet. Malheureusement, le couperet est tombé à la rentrée pour Vencorex, sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix. « On a eu l’info ce matin, la déclaration de cessation de paiements sera déposée demain au tribunal judiciaire de Lyon », annonce Adrien Poirieux, référent départemental de la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC) CGT. Quid de la suite ? « On s’attend à un redressement judiciaire qui tombe mardi ou mercredi [10 ou 11 septembre] », poursuit le syndicaliste, dépité. Si les difficultés économiques de Vencorex, filiale du groupe thaïlandais PTT GC, étaient déjà connues, sa situation financière s’avère finalement encore plus dégradée que prévu.
Plateforme

Vencorex est le principal opérateur de la plateforme chimique de Pont-de-Claix.

Selon les derniers chiffres dont a pris connaissance la CGT, les pertes devraient dépasser les « 80 millions d’euros à la fin de l’année 2024 ». Soit davantage encore que les quelque 58 millions d’euros de pertes prévisionnelles estimées en début d’été. Et ce, « malgré un plan d’économies de 53 millions d’euros » réalisé par Vencorex, souligne Adrien Poirieux. Outre la concurrence chinoise et la vétusté du site et des installations – entre autres facteurs -, l’entreprise s’est retrouvée avec « des commandes qui ne sont pas venues et qui ne viendront pas », ajoute-t-il.

Une réunion syndicale pour décider du « plan de bataille »

L’inquiétude des salariés est d’autant plus vive que ceux-ci craignent un « effet domino », dû à la forte interdépendance des activités au sein des deux plateformes chimiques de Pont-de-Claix et Jarrie. Pour les entreprises présentes sur le premier site, telles Solvay, Air Liquide, Suez ou Seqens, comme pour Arkema et Framatome sur le second, l’importance de Vencorex – et de sa production d’isocyanates, utilisés pour les revêtements (peintures, vernis…) – est vitale. Les délégués syndicaux de Vencorex, d’Arkema ou encore de Framatome vont d’ailleurs se retrouver jeudi 12 septembre pour une réunion de travail, à l’union départementale CGT. Un rendez-vous qui était déjà programmé avant l’annonce de la cessation de paiements et du probable redressement judiciaire. Mais l’actualité va inévitablement chambouler l’ordre du jour des discussions. « On va décider quel plan de bataille on met en place », précise Adrien Poirieux. Parmi les syndicalistes, beaucoup ne cachent pas leur profonde amertume. C’est le cas également de Bernard Ughetto-Monfrin, élu communiste à Vizille et ancien dirigeant de la fédération CGT chimie. « Depuis des mois, on a le sentiment que des choses se trament dans notre dos », déplore-t-il, fustigeant « les patrons ayant déjà négocié avec le ministère ». L’enjeu est de taille. On compte en effet aujourd’hui plus de 1 000 personnes employées par les plateformes chimiques du sud grenoblois (dont environ 450 salariés à Vencorex), auxquelles il faut ajouter près de 5 000 emplois induits dans la sous-traitance, selon le syndicat. La CGT, qui espère sauver l’entreprise, réclame toujours la mise en place d’un « comité de pilotage tripartite avec les organisations du personnel, les directions des sites et l’État ».

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