Grenoble. Une perspective de salaire pour les artistes… qui galèrent

Par Edouard Schoene

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Dans un amphi de l’École supérieure d’art.

Réseau salariat Grenoble et la CGT spectacle accueillaient Aurélien Catin, mardi 24 janvier pour que celui-ci présente son livre, « Notre condition, essai sur le salaire au travail artistique ».

Il revenait à Amel Nafti, directrice de l’école supérieure d’art de Grenoble-Valence de saluer les présents, dans l’amphithéâtre de l’école de Grenoble. Puis Lisa, étudiante, responsable de Massicot, union syndicale des étudiants en école de création a souligné l’importance de la rencontre pour aborder les droits des artistes.
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Amel Nafti, directrice de l’École supérieure d’art de Grenoble-Valence.

Cyril, pour Réseau salariat Grenoble, explicitait l’importance du sujet du soir, en ces temps de luttes intenses pour les retraites. Il s’agit ici de dépasser les positions défensives. Le but des réflexions est d’étendre le champ du salaire émancipé. Réseau salariat, organisation d’éducation populaire, s’empare du « déjà là » pour construise une société du « salaire à vie » où chaque citoyen·e salarié serait maître des finalités et de l’organisation de la production .
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Cyril, du Réseau salariat Grenoble.

Aurélien Catin a ensuite présenté son travail issu notamment de réflexions au sein de « réseau salariat » et du collectif La Buse. Les professionnels de l’art visuel, de l’écrit n’ont pas de salaire. Tout est à questionner dans ce domaine artistique. L’intervenant a brossé un historique sur l’émergence du droit d’auteur. Puis il notait que 95% des artistes de ces secteurs touchent des droits d’auteurs et/ou des honoraires sur factures et enfin des aides et bourses à la création (le privé lucratif reprend le pilier de l’Etat qui se désengage.)
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Aurélien Catin.

Mais la réalité est que 53% des ayant droits relevant de la maison des artistes touchent moins de 8700 € bruts par an (dernières statistiques). Le revenu médian des plasticiens (tous revenus agrégés) est de 15 000€ par an, celui des plasticiennes, 10 000€/an. Aurélien Catin soulignait les carences énormes en matière de droits sociaux. Si les artistes plasticiens accèdent aux droits santé de la CPAM, il n’y a aucun droit d’indemnités d’accidents du travail, de maladies professionnelles. Mais il y a lieu de souligner qu’il n’y a pas , à la différence des musiciens, acteurs, techniciens du spectacle… d’assurance chômage.
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Lisa, étudiante, responsable de Massicot, Union syndicale des étudiants en école de création.

Aurélien Catin a développé la proposition de mettre en place le droit à 1700€ de chômage mensuel, dispositif qui s’inspirerait de l’intermittence du spectacle. Entre les périodes où l’artiste serait payé par des cachets, il percevrait l’indemnité chômage. Ce droit d’intermittence serait mis en œuvre dès zéro heure effectuée. Puis le système de salaire à vie a été explicité avec son financement, sa gestion démocratique des caisses de salaires, des caisses d’investissement. La qualification ne serait traitée que par des caisses locales avec essentiellement des représentants des salariés concernés. Les critères d’intégration dans ce système reposeraient, comme pour les médecins, sur des conventions (les salariés de groupes capitalistes ne pourraient prétendre intégrer un dispositif social, maîtrisé par les salariés eux-mêmes). Le salaire de l’artiste serait attaché à la personne. Cette Sécurité sociale de la culture serait fondée sur une cotisation sécurité sociale culture assise sur la valeur ajoutée (0,1% de cotisation engendrerait 1,5 milliards) ; un réseau de caisses chargées d’attribuer les financements (caisse nationale,…caisses locales) ; la création de conventions selon trois critères : respect des lois du travail, critères économiques : pas de financements capitalistes, critères environnementaux…
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Michel Szempruch (CGT spectacle).

Le débat qui a suivi a été fort riche. Michel Szempruch (CGT spectacle) a souligné les points de convergences des revendications CGT et du projet développé par A. Catin. Il a mis en interrogation quelques points revendicatifs (éviter de casser les solidarités au sein des salariés, ne pas présenter l’intermittence comme un modèle, notamment). Des intervenants soulignaient l’attachement de certains artistes, comme les auteurs, aux droits d’auteurs, tandis qu’Aurélien Catin notait qu’avec le salaire à vie on pouvait imaginer la fin de la transmission des droits d’auteurs par héritage. Plusieurs interrogations ont été formulées sur les critères esthétiques qui pourraient intervenir pour l’accès aux droits. Les réponses qui se dégageaient étaient les modèles existants dont on pourrait s’inspirer comme le CNC pour le cinéma. Mais l’essentiel demeure l’accès au droit du salaire à vie dès 18 ans, qui ouvrirait une voie vers des citoyens·es qui seraient multiactivités.

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