La Rampe-Echirolles – Les Virtuoses. Le piano en folie !

Par Régine Hausermann

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Image principale
®Pascal Gérard

Samedi 3 décembre – C’est la foule des grands jours à la Rampe. On aime voir se presser un public divers, la salle se remplir, les non habitués chercher leurs places… Un enfant s’est perdu, il est au bord des larmes, on le rassure, jusqu’à ce que son papa le retrouve et que la famille s’installe au premier rang. Sur le plateau, un immense piano à queue, objet de convoitise des deux frères Mathias et Julien Cadez qui vont y jouer un répertoire éclectique ponctué de gags et de tour de magie. Un choix judicieux en ce début décembre, veille de Saint-Nicolas et proche de Noël. C’est parti pour une heure et demie de plaisir, de rire et d’émotion.

Des vir­tuoses, clowns et magi­ciens

Les deux pia­nistes font la démons­tra­tion de leur vir­tuo­si­té, d’abord presque sage­ment, en inter­pré­tant des pièces de Dvo­rak, Vival­di, Camille Saint-Saëns, à deux mains ou à quatre mains. Puis l’un le dis­pute à l’autre, dési­rant se faire valoir, se fau­fi­lant pour retrou­ver sa place au cla­vier. Ils en viennent aux mains, l’un se ser­vant de la tête de l’autre pro­je­tée sur le cla­vier. Ils s’a­musent à jouer la tête en bas, les pieds sus­pen­dus au pla­fond, à faire des cla­quettes sous l’eau… Entre temps, le dis­po­si­tif inven­tif dis­si­mu­lé sur le pia­no leur per­met des tours de magie : les par­ti­tions s’en­volent, une colombe appa­raît, un para­pluie se déploie. On pense à Char­lie Cha­plin et Bus­ter Kea­ton. Grâce à la par­ti­ci­pa­tion de leurs deux aco­lytes revê­tus d’un cos­tume de gar­çon d’ascenseur, les effets magiques se com­plexi­fient. Les lumières ajoutent à la magie et la poé­sie déjan­tée du spec­tacle. Les pia­nistes reviennent à leur ins­tru­ment avec Astor Piaz­zo­la, Chuck Ber­ry ou Fran­cis Lai.

Puis ils ont vont pêcher trois spec­ta­teurs dans les gra­dins pour leur faire mimer la ges­tuelle d’un trom­bo­niste, d’une flû­tiste et d’une per­cus­sion­niste tenant un tri­angle. Assez vite, les trois musicienn·es improvisé·es par­viennent à se débrouiller… grâce au ren­fort de la bande-son.
Le spec­tacle semble décou­su, chao­tique. Fou ! Il est en fait magis­tra­le­ment construit et sait mêler les genres et les registres pour rap­pro­cher la grande musique de tous les publics. . On est enthou­sias­mé par tant d’inventivité artis­tique. Et la salle éclate en applau­diss­se­ments.

Le par­cours des deux frères Cadez

Il sont chtis et en ont la géné­ro­si­té, la tru­cu­lence. Mathias et Julien Cadez apprennent le pia­no et font leurs gammes au Conser­va­toire de Lille. Leurs car­rières de concer­tistes étaient toutes tra­cées, mais les deux frères ne tiennent pas en place devant le cla­vier : ils aiment s’amuser !

«  Ber­cés par les spec­tacles de magie de nos parents, nous avons tou­jours res­sen­ti la musique à tra­vers l’expérience de la scène, depuis les cou­lisses ou cachés der­rière le rideau. Chaque soir, sous nos yeux d’enfants, les tours de magie demeu­raient insai­sis­sables. Chaque soir, la même musique réson­nait. Bien­tôt, il ne fal­lut que quelques notes de cette musique pour retrou­ver la bouf­fée d’émotion, mêlée de fier­té et de trac, qui mon­tait en nous au lever de rideau. Deve­nus musi­ciens, nous avons vou­lu retrou­ver cette alchi­mie sub­tile, entre les sons, l’image, le mou­ve­ment… Nous avons vou­lu que le pia­no s’envole et se pose sur une scène de théâtre. Les cordes ont aus­si­tôt fait vibrer les planches. Deux per­son­nages ont sur­gi, en noir et blanc, comme les touches du pia­no. Et la musique s’est empa­rée de cette magie qui vivait en nous, comme un nou­veau monde où elle pou­vait s’exprimer. »

Les
© Jérôme Pouille / www.jeje62.fr

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