Orientation post-seconde, le mépris du rectorat de Grenoble

Par Didier Gosselin

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Enseignants et parents souhaitaient pouvoir rencontrer la rectrice de l’académie de Grenoble.

Une délégation d’enseignants de lycées du Nord-Isère ainsi que des représentants de parents FCPE s’est réunie le 11 juillet après-midi devant le collège Aragon à Villefontaine où la rectrice, madame Insel, inaugurait une cité scolaire. Etaient présents des élus locaux, la sous-préfète, etc. et aussi des voitures de police en comité d’accueil…

Motif de la colère, les décisions arbitraires prises par le rectorat de ne pas se donner les moyens de répondre aux demandes d’orientation d’élèves de seconde en Bac STMG (Sciences et technologies du management et de la gestion), et ce alors même que ces demandes d’orientation ont été validées par les familles et les conseils de classe de fin d’année. Nombre d’élèves de différents lycées du Nord-Isère et de l’académie n’ont pas reçu d’affectation le 1er juillet.

La promotion de l’échec scolaire

Dans un communiqué en date du 9 juillet, le collectif éducation du Nord-Isère indiquait que « les personnels de direction ont annoncé ouvertement que les élèves en attente d’affectation seraient donc destinés à des poursuites d’études totalement différentes de celles qu’ils envisageaient, au risque de les conduire au décrochage scolaire voire à l’échec scolaire. Quelle rentrée en septembre 2022 pour nos élèves ? Pour les uns, ils seront sélectionnés sur dossier, classés en fonction des moyennes générales et renvoyés vers la voie générale, en dépit de leur choix et sans choix de leurs options à ce stade; orientés vers d’autres établissements, notamment en filière professionnelle, à des dizaines de kilomètres du leur et dans l’hypothèse où des places resteraient dans des filières déjà saturées; maintenus en tant que redoublants (seconde) ou non-affectés (redoublants de terminale STMG) ou encore renvoyés vers le privé ! Pour tous, ces décisions pèseront lourdement pour la poursuite d’étude des élèves concernés car la voie technologique permet d’accéder en priorité aux diplômes BTS et BUT mais aussi à des filières d’excellence comme les classes préparatoires ECT ».

Décisions prises après la tenue des conseils de classe

« Nous avons demandé à être reçus, sans succès », souligne Lauriane Bouvet, enseignante et membre du collectif. « Nous voulions, enseignants et parents d’élèves, exposer à la rectrice nos arguments contre des fermetures et non création de classes pourtant annoncées (filière STMG non contingentée). Ces décisions du rectorat ont été prises après les conseils de classes ce qui met en difficulté bon nombre de familles et d’élèves. »

« Les seuls interlocuteurs que nous avons eus étaient… des responsables de la sécurité du rectorat. Lesquels nous ont dit qu’il fallait faire une demande d’audience adressée à la rectrice alors que nous avons déjà formulé ces demandes, sans accusé réception ni réponse. Nous avons exigé une date de rendez-vous collectif avec les élus parents et représentants des différents établissements. Le directeur de cabinet de la rectrice s’est engagé à recevoir les parents et à nous… répondre. »

Que les lycées se débrouillent

En refusant de s’entretenir avec la délégation, la rectrice a fait preuve d’un réel mépris. Enseignants et parents d’élèves ont dû se contenter d’un appel téléphonique d’un membre de la direction du cabinet de la rectrice, au cours duquel ils se sont entendus dire que cette décision rectorale de ne pas ouvrir de nouvelles classes STMG visait à stopper l’afflux d’orientation vers ces filières au nom de l’égalité des chances (!) et compte-tenu du fait qu’à la sortie du lycée ces élèves n’auraient pas de débouchés… Selon le rectorat, l’orientation vers des classes de première générale reste la solution et il suggère que les établissements mettent en place des dispositifs sur fonds propres pour permettre à ces élèves de réussir en filière générale…  « Aucune réponse n’a été apportée à nos arguments quant au risque de décrochage et aux problèmes d’orientation qui se poseraient de fait à l’issue de Parcoursup, souligne Lauriane Bouvet. « Pas plus qu’au sentiment d’injustice ressenti par les parents, les élèves et les enseignants suite à la prise de décision arbitraire du rectorat, qui bien que les conseils de classe aient validé des choix d’orientation, tient en mépris absolu les vœux des élèves et tout le travail d’orientation effectué pendant l’année… »

A l’heure où M. Macron parle de reconquête, de souveraineté, de relance industrielle, de plein emploi… et qu’il y a vraiment besoin d’investir massivement dans l’éducation et la formation pour répondre aux défis du XXIe siècle, lui et son gouvernement se payent de mots mais gèrent avec médiocrité et à court terme le système éducatif, n’hésitant pas à sacrifier la jeunesse, notamment la plus modeste, en ne lui donnant pas les moyens d’être formée correctement et de se projeter dans l’avenir.

Rendez-vous est pris pour la rentrée où l’éducation sera au cœur des luttes sociales à venir.

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