Grenoble. Résister à la marchandisation de la santé

Par Edouard Schoene

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Le collectif des habitants et usagers du Groupe hospitalier mutualiste (GHM, « la mut ») organisait le 28 mars à Grenoble une conférence sur le thème « résister à la marchandisation de la santé en France, à Grenoble ».

Philippe Battifoulier, économiste de la santé (Paris XIII), auteur de Capital santé, quand le patient devient client, était l’intervenant.

L’exposé a été très limpide et didactique. D’entrée les contradictions sont posées :
le système de santé Français est réputé très performant (« système que tout le monde nous envie, alors pourquoi se plaindre ? ») Réalité du malade ordinaire : cumul des inégalités aux soins, allant jusqu’au renoncement aux soins pour les plus pauvres.

Batifoulier

Philippe Battifoulier, économiste de la santé (Paris XIII)

La contradiction apparente présentée est que le secteur santé est a priori « abrité du capitalisme » mais que la santé sert à faire de l’argent à de nombreux acteurs.
La récente crise sanitaire a vu se multiplier les initiatives citoyennes contre le marasme de la santé : auto-organisation des soignants, lutte contre les fermetures et fusions d’hôpitaux, coopératives en santé et démocratie participative.

L’économiste revient sur le « compromis historique » de 1946 où les travailleurs obtiennent la garantie que leurs dépenses de santé seront couvertes à 80% puis sur « la grande bifurcation des années 80 » où le coût de la santé est mis en avant des réformes gouvernementales, avec la marchandisation du soin.
Le développement sur la marchandisation de l’hôpital a été éloquent. Des réformes consécutives ont été faites à l’appui d’un capitalisme hospitalier avec au centre la « norme du budget par pathologie » (T2A). La tarification à l’activité est le mode de financement unique des établissements de santé, publics et privés, lancée en 2004 dans le cadre du plan « Hôpital 2007 ». Elle repose sur une logique de mesure de la nature et du volume des activités et non plus sur une autorisation de dépenses.

Le capitalisme s’est engouffré dans ce système, créé pour lui, pour trouver les moyens de laisser aux hôpitaux publics ce qui coûte et aux établissements privés ce qui rapporte.

 

Salle/

Un public engagé a suivi les interventions.

Le soin est devenu au cours des années une épreuve financière pour les malades. La part remboursée par la sécurité sociale a diminué (77%) avec seulement 55% pour les soins courants. Un transfert s’est opéré vers les assurances privées et mutuelles. La ségrégation sociale s’est gravement aggravée avec l’offre de soins inégalitaire, les différences énormes de remboursements pour ceux qui se paient une bonne mutuelle et ceux qui n’en ont pas.

L’exposé a abordé le débat sur « la grande sécurité sociale », la mort des mutuelles progressistes obligées de s’aligner sur leurs concurrentes, les assurances privées.

En conclusion, Philippe Battifoulier a évoqué une série d’alternatives politiques :
• « Réhabiliter la notion de srvice public dans ses différentes dimensions,
• Valoriser les soignants qui considèrent leur métier comme une activité de service public,
• Prévenir les causes des maladies (chroniques) et ne pas uniquement soigner leurs effets,
• Véritable insurrection du patient pour revendiquer ses propres priorités
• Changer le rapport des forces(remboursement, accès)
• Réinvestir les différents espaces de démocratie pour lutter contre le déser politique dans lequel est plongé le patient ».

Derriennic

Hervé Derriennic.

Après un échange entre la salle et le conférencier, Hervé Derriennic au nom de l’union de quartier Berriat-St-Bruno-Europole mais également du collectif des usagers des cliniques mutualistes et Jérôme Alexandre (les Amis des cliniques mutualistes ) ont fait le point sur les actions en cours pour donner « un autre avenir à un GHM mutualiste, non lucratif, solidaire »

Un appel a été lancé pour soutenir les actions menées par les collectifs.

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