« Laïla, femmes afghanes », œuvre censurée à Grenoble

Par Edouard Schoene

/

Image principale
L’ancien musée de peinture, place de Verdun à Grenoble.

Une exposition présente des œuvres d’art visuel (peintures, sculptures, photos, installations) à l’ancien musée de peinture de Grenoble, sur le thème « temps de métamorphose » jusqu’au 19 décembre. Un artiste semble avoir été écarté de cette exposition par une censure politique.

On pour­rait pen­ser que la cen­sure dans les salons d’art avait dis­pa­ru dans notre pays. Dans l’histoire de l’art, « le salon des refu­sés » demeure un évé­ne­ment his­to­rique. Ce salon ( de 1863 à 1886) s’est tenu cinq fois pour accueillir à paris des peintres refu­sés par le salon offi­ciel.

L’œuvre refu­sée est un trip­tyque de trois tableaux (46 cm x 55 cm), Laï­la femmes afghane.
Ins­pi­ré d’enluminures du XVIè siècle, sur « Laï­la », femme afghane, le trip­tyque montre Laï­la entou­rée d’une femme afghane de début 2021 et du tcha­dri fin 2021.

Com­ment qua­li­fier ce refus d’exposer cette œuvre autre­ment que par le terme de cen­sure ? Le dos­sier a été envoyé début octobre 2021. Toutes les pré­ci­sons requises figu­raient (des­crip­tion du pro­jet, dimen­sions…). L’équipe de pro­duc­tion dis­po­sait de trois mois pour réa­li­ser l’exposition. La place était lar­ge­ment suf­fi­sante pour accueillir d’autres œuvres que celles qui sont expo­sées.

L’artiste écar­té, Jean-Claude Lamarche, est un des pre­miers adhé­rents, depuis des décen­nies de l’association qui pro­duit des expo­si­tions à Gre­noble. A l’origine, l’association « les amis de Jacques Lamoure », asso­cia­tion d’artistes gre­no­blois, reven­di­quait une salle consa­crée aux artistes plas­ti­ciens locaux pour expo­ser leurs œuvres. Sous le man­dat du maire Cari­gnon, cette salle, dans la mai­rie de Gre­noble, leur était attri­buée. Cette asso­cia­tion a chan­gé de nom et se nomme « Mai­son des Arts Plas­tiques de Gre­noble et de l’Isère ». Depuis plu­sieurs années la MAPGI expose à l’ancien musée de pein­ture, place de Ver­dun à Gre­noble. Alors quelles sont les rai­sons invo­quées pour écar­ter l’œuvre qui répond au thème de l’exposition et se situe au cœur de l’actualité ?

Voi­ci les extraits de réponse des orga­ni­sa­teurs : « Nous avons pen­sé que ton thème était polé­mique et pour le musée nous ne pre­nons pas cette idée ». « D’au­tant que la Map­gi expose dans un local prê­té par la mai­rie, avec un cer­tain nombre de logos de sou­tien. Ce ne peut être le cadre de prises de posi­tions per­son­nelles ».

Dif­fi­cile de ne pas inter­pré­ter l’ab­sence de Laï­la femmes afghanes à l’exposition autre­ment que par une cen­sure. Cen­sure au moment où les femmes afghanes souffrent dans leur pays, où des mil­liers d’entre elles ont dû se résoudre à se réfu­gier, éton­nante sur notre ter­ri­toire d’agglomération, dans un espace public. Cen­sure scan­da­leuse.

KODAK

Laï­la, femmes afganes, une oeuvre de Jean-Claude Lamarche.

Partager cet article

Avant de partir

Votre soutien compte pour nous

Le Travailleur alpin vit depuis 1928 grâce à l’engagement de ses lecteurs. Aujourd’hui encore, ce média propose un autre regard sur vos espoirs, vos luttes, vos aspirations. Une voix unique dans la presse d’information départementale.

Pour protéger l’indépendance du Travailleur alpin, assurer son développement, vos dons nous sont précieux – nous assurons leur traitement en partenariat avec la fondation l’Humanité en partage.

Merci d’avance.

Faire un don défiscalisé maintenant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *