Géant Casino Fontaine, le ras-le-bol et la grève

Par Edouard Schoene

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Ce 3 avril, les salariés en grève, devant leur magasin Géant Casino, à Fontaine.

Ce samedi 3 avril, à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO et CFDT), le personnel de Géant Casino de Fontaine était en grève. « Depuis un an, nous avons perdu 42 postes dont 17 CDI et 22 CDD. La direction a enclenché du chômage partiel, avec la crise sanitaire, et de fait, n’a plus le droit d’embaucher. La Covid a bon dos ! », se fâchent les syndicats. « Elle pense donner des avenants aux étudiants, mais à la semaine. Ce n’est pas acceptable. Nous voulons de vrais emplois, au moins quinze. 
Mais nous aurons cinq avenants… De surcroît, les absences ne sont pas remplacées. »

« Soutenez-nous, ne faites pas vos courses aujourd’hui ! », clame une salariée de Géant Casino aux clients qui entrent dans le magasin. Ils étaient une cinquantaine en colère et fiers d’être réunis dans la lutte. Applaudissements : les grévistes remercient des clients qui ont entendu la demande des manifestants « soyez solidaires et n’entrez pas aujourd’hui au magasin. »A l’intérieur des caissières appelées en renfort accueillent un public… peu nombreux

Les revendications essentielles du personnel portent sur l’amélioration des conditions de travail : arrêt de la polyvalence, remplacement systématique des salariés en arrêt maladie, revalorisation des salaires, renfort en agents de sécurité…

Un élu du personnel : « Nous avons notre conscience professionnelle, heureusement pour les clients. Mais nous sommes épuisés. Nous n’avons pas de réponses satisfaisantes de notre direction. Nous on veut développer le contact avec les clients. On nous interdit aux caisses automatiques d’aider les clients. De nombreux clients sont solidaires de notre action, en particulier les clients fidèles. »

Corinne, salariée en grève : « Samedi passé il y avait énormément de monde aux caisses ; les gens ne pouvaient même pas respecter les distances sanitaires Le matin on doit tout d’abord trier les palettes. Nous sommes multitâches et de plus en plus fatigués. On nous change de rayons sans nous prévenir. On doit vérifier les étiquettes, en rajouter. Les clients se plaignent d’erreurs de plus en plus nombreuses, des denrées étant périmées. La polyvalence et des effectifs réduits, cela porte à conséquence ! Les petits jeunes à 30h, on leur refuse des temps de 36h (plein temps).« 

Cela fait un an que les salariés sont en première ligne



Jean-Paul Trovero, conseiller municipal, conseiller communautaire et ancien maire de Fontaine, arrive sous les applaudissements des grévistes, entouré de militants communistes de Fontaine. Il nous explique sa présence. « J’ai toujours été présent auprès des salariés en lutte, notamment ceux de Géant Casino. Je suis là, ce sont mes amis qui luttent. Pour des raisons médicales, je ne devrais pas être ici. Mais je tenais à venir malgré les conseils stricts de mon médecin. Les salariés défendent leurs droits, leur vie, la dignité. Il serait bien que les clients soient solidaires de ce juste combat ».

Deux agents de sécurité sont présents dans le groupe de grévistes, discrets, à l’abri des journalistes. L’un des deux : « Je suis là depuis très longtemps. Les agents de sécurité sont très mal considérés. Nous sommes les oubliés. On n’a reçu aucune prime covid. On travaille dans des conditions inacceptables, très très difficiles. La société qui nous emploie ne nous fournit pas suffisamment de masques, de gel. Heureusement que Casino se substitue à elle. On est considérés comme des cow boys par les clients et parfois le directeur de l’agence nous renvoie du jour au lendemain.
 On manque d’agents pour faire correctement notre travail (un ou deux agents pour une telle grande surface). »

Ali Enoued, délégué général adjoint du groupe (CGT). « Nous avons beaucoup de soucis. Cela fait un an que les salariés sont en première ligne, avec les personnels de santé. Les salariés sont présents pour assumer la charge de travail croissante. Les remerciements : la réduction des effectifs, premier objectif du groupe. Nous subissons l’automatisation à tout va. Le groupe mise sur les drives mais il ne met pas les moyens techniques et humains. Le COVID a dégradé encore plus nos conditions de travail. On pourrait concevoir une autre façon de faire du commerce. Des clients veulent du bio, des circuits courts, de la qualité. Le groupe pourrait dégager des marges de 15% net avec une autre stratégie. On l’observe… chez la concurrence, dans de petites chaînes de distribution. On peut gagner de l’argent en embauchant.
La direction nous cache les résultats financiers détaillés, par magasin. Les grévistes, fiers de la mobilisation disent espérer être entendus par leur direction pour que les conditions de travail s’améliorent vite. »


convaincre

Débat avec les clients pour les informer de la situation et leur demander de renoncer à faire leurs courses, ce samedi.

Corinne

Corinne nous explique pourquoi elle est en grève.

Trovéro

Jean-Paul Trovero, conseiller municipal communiste de Fontaine.

Corinne

Claudine Didier aux côtés des grévistes.

Ali

Ali Enoued, délégué syndical général adjoint du groupe Casino (CGT).

un

Solidaire des grévistes, un client décide de rentrer chez lui.

Banderole/

La colère.

magasin

Le magasin n’avait pas fait le plein, ce samedi 3 avril.

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