Luttes et résistance, envers et malgré la covid

Par Edouard Schoene

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L’affiche de ces 13es rencontres qui se sont déroulées en visioconférence.

Les 13° Rencontres départementales « LUTTEs et résistance » organisées par le Réseau de lutte contre le fascisme Isère, se sont tenues sur le thème « Libertés : où va notre démocratie ?».
RLF Isère n’a pas voulu annuler cette manifestation annuelle, important moment d’échanges entres militants et collectifs en lutte. Moment de formation aussi au travers des conférences permettant d’analyser les questions d’actualité.

Les organisateurs ont innové et ont fait une offre virtuelle.
 « Les échanges, sans les stands et le repas, n’ont pas eu la même chaleur que les années précédentes et ont concerné nettement moins de public. De plus, des problèmes techniques ont perturbé le débat sur le documentaire Carnets 88. 
Par contre, les entretiens que nous avons enregistrés au préalable, ont connu, déjà à ce jour, une audience plus forte qu’en salle, notamment par la possibilité de les visionner à tout moment. Ces entretiens d’Éric Fassin et de Saïd Bouamama resteront d’ailleurs toujours en ligne sur notre chaîne youtube, créée pour l’occasion. »

Née en 2008 en réaction aux dérives liberticides et à la création du ministère de l’identité nationale par Sarkosy, ces Rencontres ont aussi intéressé un public hors département. Ainsi sont peut-être nées, en parallèle aux anciennes, les rencontres « nationales » LUTTEs et résistance…

Éric Fassin au cours de la visoconférence

Plusieurs interviews ont été filmées et rendues visibles le vendredi 8 janvier, tandis que le 9, des échanges en direct, peu suivis, ont eu lieu, sur la toile.

Éric Fassin, sociologue, interviewé par RLF Isère : 

« En France on parle beaucoup de république, pas beaucoup de démocratie…
 Une question d’actualité : le fait de voter ne change pas grand-chose…
Changer de président, de majorité, devait changer les choses
 La déception amène à penser que la politique se fait en dehors des institutions politiques…
 La question raciale prend une importance croissante en France.
 Le président de la République a dénoncé universitaires responsables du séparatisme en juin
. Blanquer a parlé ensuite de « complicité intellectuelle avec le terrorisme » ; ce qui est une accusation grave.
 On s’en prend aux libertés académiques, jugées historiquement nécessaires.
 Il est de ma responsabilité d’intellectuel de porter une parole portée par des valeurs, nourries des savoirs.
 On déplore la dépolitisation et le pouvoir s’en prend à ceux qui veulent mettre de la politique dans le débat, les gilets jaunes, les manifestants, les universitaires
 C’est intimidant d’être désignés comme des complices des terroristes. 
J’ai été mis en cause par Marianne, le Point, comme idéologue poussant à la guerre civile !
 Au nom parfois de la neutralité, des médias aidés par le pouvoir s’en prennent à des intellectuels.
 Sur les réseaux sociaux, quand on pose des questions sur racisme structurel, institutionnel, on est montré du doigt, on est accusé d’être raciste ; parce que les sciences sociales parlent de race, c’est-à-dire d’un mécanisme qui assignent une partie de la société dans l’altérité pour les inférioriser, on naturalise les inégalités. »


« Les résultats, ségrégation, infériorisation d’une partie de la société.
 Le pouvoir contribue à cela, par exemple par le contrôle au faciès, qui est une réalité établie.
 L’Etat c’est un pouvoir qui traite différemment certaines populations et qui l’assume.

 Le mot race n’est pas la cause du racisme ; il peut servir à faire comprendre ce qu’est le racisme.
 Pourquoi on s’en prend à moi, qui serait un traitre, collaborateur, parce que l’extrême-droite retourne le vocabulaire pour nous combattre
Il nous est reproché que des blancs, des universitaires dénoncent, cela montre que l’on ne peut pas parler de séparatisme, d’identitaires.
 Les personnes blanches qui se mobilisent avec les populations racialisées c’est important aux USA mais aussi en France.

On se souvient de ce qui s’est joué en 2007 avec Sarkozy qui voulait prendre des voix d’extrême-droite avec le ministère de l’identité nationale…
 On nous ressort l’identité nationale, car c’est contre certains
. Pourquoi on nous parle pas d’identité démocratique.
 Le « roman national » ne peut pas être un roman à l’eau de rose.
 L’histoire est ce qu’elle est, c’est un enjeu
. Va-t-on se raconter des choses sur colonialisme, esclavage, pétainisme ?
 En démocratie il est important de revendiquer de faire de la politique. 
La démocratie ce n’est pas du consensus, c’est du dissensus sinon c’est le fantasme totalitaire.
 Parlons de la laïcité ! Mais qui la définit ?
 Nombreux de ceux qui en parlent la trahissent. 
JM Blanquer est tout entier un produit de l’école religieuse. 
La démocratie c’est des gens qui se discutent sur le bien commun.


 »

Saïd Bouamama au cours de l’entretien en visioconférence.

Parmi les propos tenus dans une interview filmée de Saïd Bouamama, sociologue , un des animateurs du « Front uni des immigrations et des quartiers populaires », FUIQP :

« Nous sortons de la période du néolibéralime
 2019 cela a été de grands mouvements au Soudan, en Algérie,…
 On assiste à un recul des forces libérales.
 Mais en France également on assiste à une montée des luttes avec les gilets jaunes, puis les mouvements pour la défense des retraites, puis contre les violences policières,…


On assiste à une crise de légitimité du pouvoir de Macron qui a peur d’une massification des luttes. 
La pandémie a accélère la crise des quartiers populaires, l’inflation de la production législative

 Les différentes lois visent à empêcher l’émergence de luttes sociales.
 Je caractérise cela comme du Mac Carthisme.
• La loi sur la programmation de la recherche vient réduire les libertés académiques, désigner la pensée non autorisée. Il sera interdit de produire de la pensée critique.
• Loi sur la sécurité globale pour réprimer massivement, en toute légalité, les luttes sociales.
• Loi sur le séparatisme, qui désigne l’ennemi, le musulman. »

D’autres intervenants dont celui du comité local MRAP Grenoble sur la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance ont été suivis.

Compte-rendu et suivi des Rencontres sur http://rlf38.org .

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