Grenoble. Un hébergement alloué à la famille sans-logis du collège Vercors

Par Manuel Pavard

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Trois tentes avaient été installées, le 1er décembre, devant les grilles du collège Vercors, où une dizaine de personnes avaient passé la nuit, par solidarité avec une famille angolaise dont deux des quatre enfants sont scolarisés dans l'établissement. © Manuel Pavard
La lutte a payé. Les parents d'élèves et enseignants mobilisés du collège Vercors, qui avaient passé la nuit du 1er au 2 décembre sous des tentes, en soutien à une famille avec quatre enfants à la rue, ont annoncé, lundi 8 décembre, que cette dernière avait enfin obtenu un hébergement en CADA. Si la famille avait pu être hébergée par des parents, à Meylan, dès le lendemain de cette action, ce n'était que temporaire. Et plusieurs autres élèves restent dans une "situation précaire" en matière de logement, s'alarme le collectif.

« Notre action a por­té ses fruits », se féli­citent les per­son­nels et parents d’é­lèves mobi­li­sés du col­lège Ver­cors, dans un com­mu­ni­qué dif­fu­sé ce lun­di 8 décembre. « La famille béné­fi­cie aujourd’hui d’un héber­ge­ment en CADA auquel elle a droit dans le cadre de sa demande d’asile », indiquent-ils en effet, se disant « heu­reux de cette issue posi­tive pour la famille, qui voit enfin ses droits res­pec­tés ».

Arri­vée d’An­go­la à la fin de l’é­té, cette famille avec quatre enfants (un lycéen, deux col­lé­giens sco­la­ri­sés au col­lège Ver­cors et un élève de CP) avait pour­tant dépo­sé une demande d’a­sile lui don­nant droit à un loge­ment et une allo­ca­tion. Mais rien de tout cela n’a­vait été mis en place tan­dis que les appels au 115 res­taient infruc­tueux. Décou­vrant leur situa­tion, des ensei­gnants et parents d’é­lèves avaient déci­dé d’or­ga­ni­ser une action média­tique, afin d’a­ler­ter à la fois l’o­pi­nion publique et les ins­ti­tu­tions.

Les ensei­gnants et parents d’é­lèves mobi­li­sés ras­sem­blés devant le col­lège Ver­cors, le 2 décembre au soir, autour d’un repas col­lec­tif. © Manuel Pavard

Ceux-ci avaient ain­si ins­tal­lé des tentes devant l’é­ta­blis­se­ment, dans le quar­tier Abbaye-Jou­haux, le 1er décembre. Une dizaine de per­sonnes y avaient ensuite pas­sé la nuit, aux côtés de la famille. Heu­reu­se­ment, « le len­de­main, une pro­po­si­tion d’hébergement soli­daire de la part de parents d’élèves de la classe du ben­ja­min de la famille avait émer­gé, pour quelques jours », rap­porte le col­lec­tif.

« Cette situation dépasse largement notre seul collège »

Del­phine, la Mey­la­naise à l’initiative de cette solu­tion, l’a­vait expli­qué au Tra­vailleur alpin, le 2 décembre : « Mon fils est dans la même classe que le plus petit de la famille et cet après-midi, la direc­trice de l’école, qui me connaît un peu, m’a racon­té l’histoire et sol­li­ci­tée. On vit dans un habi­tat par­ti­ci­pa­tif où il y a un stu­dio et une chambre libres : on a donc deman­dé aux autres habi­tants, qui sont tous d’accord pour accueillir la famille pen­dant quinze jours. »

Si le col­lec­tif regret­tait alors le silence et l’i­nac­tion des pou­voirs publics, ceux-ci ont donc fini par réagir. Néan­moins, les per­son­nels et parents mobi­li­sés s’a­vouent « inquiets quant à la situa­tion pré­caire en termes d’hébergement de plu­sieurs autres de [leurs] élèves. Et cette situa­tion dépasse lar­ge­ment notre seul col­lège », assurent-ils, en réfé­rence aux huit écoles gre­no­bloises occu­pées pour mettre à l’a­bri des familles à la rue ou aux col­lé­giens sans-logis sco­la­ri­sés dans d’autres éta­blis­se­ments de l’ag­glo­mé­ra­tion.

Le collectif interpelle le département et les autorités académiques

Ils dénoncent éga­le­ment la réac­tion cho­quante de la direc­tion aca­dé­mique à leur demande de mettre à l’a­bri la famille dans le gym­nase du col­lège Ver­cors, bâti­ment chauf­fé, pour la nuit du 1er décembre. « On nous a répon­du que les forces de l’ordre pour­raient être envoyées pour délo­ger les occu­pants et qu’un dépôt de plainte pour intru­sion serait effec­tué contre toutes les per­sonnes pré­sentes dans l’établissement », s’in­surgent-ils.

Mal­gré le froid gla­cial, les membres du col­lec­tif avaient dor­mi sous la tente, le 1er décembre, aux côtés de la famille. DR

Les membres du col­lec­tif rap­pellent que le loge­ment est « un droit garan­ti aux enfants par plu­sieurs textes juri­diques, tant inter­na­tio­naux que natio­naux ». Sans oublier de poin­ter les res­pon­sa­bi­li­tés de l’É­tat et du Dépar­te­ment en matière d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence et de pro­tec­tion de l’en­fance. « Soli­daires des actions menées pour la réqui­si­tion des loge­ments vacants par le DAL et d’autres col­lec­tifs », ils demandent « un enga­ge­ment du conseil dépar­te­men­tal de l’Isère ain­si qu’un sou­tien des auto­ri­tés aca­dé­miques (DASEN) pour mettre en œuvre le droit au loge­ment des enfants sco­la­ri­sés dans nos éta­blis­se­ments et la garan­tie que les per­son­nels et les familles enga­gées puissent exer­cer des mises à l’abri au sein des éta­blis­se­ments ».

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