Fontaine. La mairie expulse une famille deux jours avant la trêve hivernale
Par Maryvonne Mathéoud
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Cette famille vit depuis de trop longues années un parcours de précarité dans des hébergements successifs. De 2014 à 2016, elle a ainsi été hébergée par la Relève en tant que demandeuse d’asile. Puis menacée d’expulsion une première fois car déboutée de sa demande d’asile. Une mobilisation de soutien s’est alors mise en place à Fontaine, conduisant la municipalité communiste précédente à l’héberger dans des locaux vides, rue Yves-Farge, de 2016 à 2018.

Malheureusement, à la suite du scrutin de 2020, la nouvelle équipe municipale de droite, conduite par Franck Longo, a demandé à la mère et à ses deux enfants de quitter les lieux. La famille s’est donc retrouvée occupante sans droit ni titre et sous la pression permanente d’une mise à la rue. Et en 2023, sous prétexte de détruire l’immeuble de la rue Yves-Farge, la mairie a relogé la famille dans un appartement contre une redevance d’occupation temporaire de 150 euros mensuels. Ceci, bien que la famille soit sans revenus.
Absence de volonté politique
Alors que les rentrées scolaires s’enchaînent, la situation des familles sans logis ne fait que s’aggraver. En 2025, il semble devenu normal pour les institutions de laisser des enfants naître, vivre et mourir à la rue. Dans l’agglomération grenobloise, 450 enfants et leurs familles vivent ainsi à la rue, en bidonville, en squat, hébergés chez des tiers ou dans des hébergements dont ils vont être expulsés.
La responsabilité de cette situation dramatique et scandaleuse incombe à l’absence de volonté politique à différents niveaux. Illustration à Fontaine où, à ce jour, tous les logements d’urgence ont été détruits. Dans une commune de 23 000 habitants, il n’y a plus de logements disponibles officiellement en cas de grande nécessité pour les Fontainois. (feu, dégâts des eaux…).

Néanmoins, les associations recensent près de 17 000 logements vacants dans l’agglomération grenobloise. Les solutions existent donc, pourtant l’État refuse de financer et d’ouvrir de nouvelles places d’hébergement, de créer des logements sociaux et très sociaux et de lutter contre le logement cher. Quant aux collectivités locales (métropole, mairies), celles-ci préfèrent ignorer la problématique et ne font rien ou trop peu pour assurer l’hébergement sur leurs territoires, tandis que la hiérarchie de l’Éducation nationale ne joue pas son rôle d’assurer le droit à une éducation de qualité pour tous les élèves.
La majorité stigmatise les demandeurs d’asile
Même dans ce sombre tableau, la ville de Fontaine parvient à se distinguer négativement, allant donc jusqu’à expulser elle-même une famille et arrêtant tout soutien aux personnes les plus précaires, à la rue ou menacées de l’être. À cela s’ajoutent en outre les politiques et lois austéritaires, racistes et anti-pauvres qui s’enchaînent sur le territoire communal.

Et que dire du communiqué indigne de Monique Kassiotis, adjointe à la solidarité, cohésion sociale et lutte contre les discriminations, publié sur le site de la ville ? « L’appartement a, par ailleurs, été fortement dégradé et rendu insalubre », ose-t-elle déclarer. Avant de poursuivre sur le même ton : « Depuis le printemps 2025 et contrairement à ce qui a pu être affirmé, personne n’a été ‘mis à la rue’. L’État a proposé à cette famille une solution d’hébergement d’urgence ainsi qu’un dispositif d’aide au retour dans son pays d’origine. Ces solutions ont été refusées par la famille qui a finalement quitté le logement avant la mise en œuvre de l’expulsion. »
Les témoignages de personnes suivant la famille démentent pourtant l’affirmation de « forte dégradation » des lieux. Par ces propos non documentés, l’adjointe soi-disant en charge de « cohésion sociale » contribue à attiser la haine sur les réseaux sociaux. Cela éclaire bien la volonté de l’équipe municipale de stigmatiser les demandeurs d’asile et de les renvoyer dans leur pays d’origine.


