Rives. Grève historique des salariés de la MJC

Par Travailleur Alpin

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Les salarié-e-s devant la MJC de Rives, qui sera fermée pour cause de grève le 19 novembre 2025.
« Ça ne tient plus ». Voilà le message des salariés de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Rives, qui seront en grève mercredi 19 novembre. Une mobilisation historique, face à une situation devenue intenable.

La MJC de Rives, c’est l’accueil de loi­sir enfance-jeu­nesse qui prend en charge les enfants de 3 à 12 ans les mer­cre­dis, mais aus­si des dizaines d’activités réa­li­sées pour petits et grands : yoga, gym­nas­tique, modern jazz, arts… et des ani­ma­tions majeures comme le car­na­val.

On peut donc dire que dans la com­mune, c’est une véri­table ins­ti­tu­tion. Une ins­ti­tu­tion qui est aujourd’hui en dan­ger.

Les salariés tirent la sonnette d’alarme

Ils étaient pré­sents mer­cre­di 5 novembre, en dehors de leur temps de tra­vail, pour infor­mer et échan­ger avec les familles venant cher­cher leurs enfants au centre des 3 fon­taines. Un pré­avis de grève, inédit, a été dépo­sé pour le mer­cre­di 19 novembre.

Pour Jean-Bap­tiste, délé­gué du per­son­nel, l’heure est grave : « Face à l’augmentation des coûts de tous les côtés et au gel – voire à la baisse – des finan­ce­ments publics, ça fait plu­sieurs années que la MJC est contrainte de pui­ser dans ses réserves pour bou­cler ses bud­gets. Sauf que les réserves s’amenuisent, et on arrive au bout : sans un sur­saut, ce sont des sup­pres­sions de postes qui se pro­fi­le­ront, et donc la mort à petit feu de la MJC… »

Celui qui est par ailleurs res­pon­sable du pôle ani­ma­tion enfance-jeu­nesse depuis 2021 insiste : « On s’adresse à tous. Notre mou­ve­ment est apo­li­tique, nous ne sommes pas là pour influen­cer le débat [NDLR : les élec­tions muni­ci­pales se tien­dront les 15 et 22 mars 2026] mais s’il n’y a pas de prise de conscience, c’est un acteur majeur du lien social et de l’éducation popu­laire qui va dis­pa­raitre, et rien ne rem­pla­ce­ra cela. »

Une MJC qui se développe, malgré les contraintes

Il faut dire que les équipes de sala­riés et béné­voles se démènent. En cinq ans, le nombre d’adhésions a ain­si grim­pé de plus de 50 % et depuis quelques années, la MJC assure la for­ma­tion des jeunes ani­ma­teurs au BAFA. En 2025, ce sont vingt-cinq jeunes qui auront eu leur diplôme dans ce cadre-là, une bouf­fée d’oxygène dans un contexte géné­ral de pénu­rie de per­son­nel qua­li­fié.

Pour­tant, les finan­ce­ments publics, qui repré­sentent la moi­tié des recettes de la MJC, ne suivent pas. Pire, d’un côté, l’État sup­prime cer­tains pro­grammes de sub­ven­tions, et de l’autre, la muni­ci­pa­li­té de Rives lui fait por­ter de nou­velles contraintes finan­cières, avec notam­ment la fin de la mise à dis­po­si­tion du mini­bus, aupa­ra­vant four­ni par la ville. L’association a donc dû inves­tir, payant les frais de fonc­tion­ne­ment de son trans­port.

En paral­lèle, le por­tage de la for­ma­tion des ani­ma­teurs BAFA repré­sen­te­rait un coût sup­plé­men­taire de 12 000 euros, et l’augmentation de tous les coûts liés à l’inflation vient encore creu­ser le défi­cit. Ceci, au point qu’une sor­tie du centre de loi­sirs, lors des der­nières vacances, n’a pu avoir lieu que grâce à la contri­bu­tion d’un géné­reux dona­teur, outré par le fait que la MJC n’ait plus les moyens d’en orga­ni­ser.

Le double discours de la municipalité fait grincer

Pour un béné­vole, l’é­quipe muni­ci­pale élue en 2020 tient en réa­li­té un double dis­cours : « D’un côté, ils [NDLR : les élus de la majo­ri­té] se vantent sur tous les toits d’avoir alloué 10 000 euros sup­plé­men­taires à la MJC dans la conven­tion. Mais de l’autre, les sub­ven­tions res­tent gelées et ils font por­ter sur nous des coûts directs plus impor­tants, tout en aug­men­tant leurs exi­gences en termes d’objectifs ! »

La MJC et la ville de Rives concluent en effet ce qu’on appelle une « conven­tion d’objectifs et de moyens ». Laquelle sti­pule que, si les objec­tifs ne sont pas rem­plis, la sub­ven­tion bais­se­ra… tout en — aux dires de beau­coup — ne don­nant pas les moyens à la MJC de réa­li­ser ces objec­tifs. L’actuelle conven­tion s’achevant en juin 2026, elle devra donc être rené­go­ciée, avec l’équipe qui sera élue en mars pro­chain.

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