Grenoble. Le NPA-Révolutionnaires en campagne avec Baptiste Anglade

Par Manuel Pavard

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Baptiste Anglade, travailleur social de 34 ans et syndicaliste CGT, conduira la liste du NPA-Révolutionnaires à Grenoble.
Le NPA-Révolutionnaires a officialisé sa participation aux élections municipales 2026 à Grenoble, avec Baptiste Anglade comme tête de liste. Défendant un "programme de lutte" - sur l'emploi, les salaires, les services publics ou le logement -, le parti entend se différencier des autres listes de gauche, héritières selon lui de la municipalité actuelle. Tout en combattant le projet réactionnaire et "dangereux" de la droite.

« On ne vit pas de la poli­tique. Pour nous, la solu­tion vien­dra d’en bas. » Bap­tiste Anglade a beau être rom­pu aux joutes élec­to­rales, après les légis­la­tives et les euro­péennes en 2024, l’é­du­ca­teur spé­cia­li­sé de 34 ans n’a aucune inten­tion de per­son­na­li­ser la cam­pagne des muni­ci­pales 2026. Pas le genre de la mai­son. Si le NPA-Révo­lu­tion­naires a déci­dé de pré­sen­ter une liste à Gre­noble, c’est au contraire pour « faire de la poli­tique au sens col­lec­tif ». Avec un double objec­tif : « battre en brèche les idées réac­tion­naires, racistes et chau­vines, mais aus­si les illu­sions répan­dues par les pro­messes élec­to­rales ».

Cor­tège du NPA-Révo­lu­tion­naires lors du défi­lé du 1er mai 2025 à Gre­noble.

Si la droite et l’ex­trême droite res­tent bien sûr les enne­mis prin­ci­paux, la « gauche ins­ti­tu­tion­nelle » est donc clai­re­ment dans le viseur du par­ti. Cette ques­tion du « rap­port avec les orga­ni­sa­tions réfor­mistes » a d’ailleurs consti­tué la « base poli­tique » de la scis­sion du NPA, en décembre 2022, estime Bap­tiste Anglade. Alors que le NPA‑R entend construire « un pôle des révo­lu­tion­naires », le NPA-L’An­ti­ca­pi­ta­liste s’est, lui, plu­tôt tour­né vers les coa­li­tions de gauche comme la Nupes puis le NFP, selon ses ex-cama­rades. « Le slo­gan ‘de Hol­lande à Pou­tou’, on s’en désole un peu. Le NPA‑A cherche l’u­ni­té de ce côté-là et nous, avant tout avec Lutte ouvrière », com­pare le can­di­dat.

« On ne veut pas gérer les institutions »

Mal­gré tout, pour­suit-il, « on dis­cute quand même avec LFI ou le PCF dans les mobi­li­sa­tions de soli­da­ri­té avec le peuple pales­ti­nien, contre l’ex­trême droite, dans les grèves… Il fau­drait même dis­cu­ter plus. » Et ce, alors que le NPA-Révo­lu­tion­naires recon­naît avoir « d’im­por­tants désac­cords » avec ces orga­ni­sa­tions. « De notre côté, par exemple, on ne porte pas une loi d’in­ter­dic­tion des licen­cie­ments mais on lie cette inter­dic­tion avec les ques­tions de l’ex­pro­pria­tion, du contrôle ouvrier », pré­cise Bap­tiste Anglade, qui se dit prêt à débattre de ce type de sujet… « Mais pas dans le cadre des élec­tions », nuance-t-il.

Bap­tiste Anglade, édu­ca­teur spé­cia­li­sé, s’ex­prime pour la CGT lors d’une mani­fes­ta­tion des tra­vailleurs sociaux.

La tête de liste du NPA‑R se défend d’être un puriste mais pointe une dif­fé­rence idéo­lo­gique. « Lors­qu’ils se retrouvent en posi­tion de gérer les ins­ti­tu­tions, ces cama­rades [des autres par­tis de gauche] tra­hissent les inté­rêts des tra­vailleurs », accuse-t-il, citant l’exemple des Atsem à Gre­noble. Cas édi­fiant, selon lui, « d’une ville de gauche qui va réap­pli­quer une loi Sar­ko­zy » et dont les élus se font « trai­ter de macro­nistes par les orga­ni­sa­tions syn­di­cales ». « Pour nous, les ins­ti­tu­tions étant au ser­vice de la bour­geoi­sie, notre pro­jet de socié­té ne va pas pas­ser par les gérer mais par les détruire », assène Bap­tiste Anglade.

« Il faut plus de crèches, plus de bibliothèques, plus de maisons de la jeunesse »

Celui-ci évoque éga­le­ment le can­di­dat insou­mis « Allan Bru­non qui débat avec Cari­gnon pour repro­cher à la droite d’a­voir enle­vé des poli­ciers à Gre­noble. Mais pour nous, la solu­tion n’est pas d’a­voir plus de police natio­nale ou d’ar­mer la police muni­ci­pale. Contre les armes à feu, il ne faut pas qu’il y ait plus d’armes à feu », résume-t-il. Et d’ap­pe­ler, sous sa cas­quette de tra­vailleur social, à d’autres poli­tiques dans les quar­tiers popu­laires, tout en dénon­çant « les res­pon­sa­bi­li­tés de la droite et de la gauche dans la casse des ser­vices publics ».

Plus encore que l’ar­rêt de cette casse, le NPA-Révo­lu­tion­naires prône « l’ex­ten­sion et la gra­tui­té des ser­vices publics. Il faut plus de crèches, plus de biblio­thèques, plus de mai­sons de la jeu­nesse », égrène Bap­tiste Anglade. Autres points phares de son « pro­gramme de lutte », l’emploi, avec « l’in­ter­dic­tion des licen­cie­ments », et les salaires, qui doivent tous « aug­men­ter d’au moins 400 euros par mois ». Le tout, avec « aucun salaire men­suel infé­rieur à 2000 euros ». Sans oublier la thé­ma­tique cru­ciale du loge­ment : « On reven­dique la baisse des loyers et la réqui­si­tion des loge­ments vides », explique-t-il.

« Si on avait des élus, ils seraient avec les Atsem sur leur piquet de grève et au tri­bu­nal avec eux pour défendre le droit de grève, dans les actions de réqui­si­tion du DAL, dans les mobi­li­sa­tions en soli­da­ri­té avec les sala­riés de Teis­seire, avec le col­lec­tif l’Oa­sis des jeunes pour exi­ger des ren­dez-vous avec Jean-Pierre Bar­bier… Peut-être même qu’on ren­tre­rait avec ces jeunes au conseil dépar­te­men­tal. »

Bap­tiste Anglade, tête de liste du NPA‑R

Pour cela, le NPA‑R espère envoyer au conseil muni­ci­pal « des élus au ser­vices des mobi­li­sa­tions ». Dans le cas de Gre­noble, détaille ain­si Bap­tiste Anglade, « si on avait des élus, ils seraient avec les Atsem sur leur piquet de grève et iraient au tri­bu­nal avec eux pour défendre le droit de grève ; ils seraient dans les actions de réqui­si­tion du DAL ; ils inter­vien­draient en soli­da­ri­té avec les sala­riés de Teis­seire ; ils seraient avec le col­lec­tif l’Oa­sis des jeunes et exi­ge­raient des ren­dez-vous avec Jean-Pierre Bar­bier [NDLR : le pré­sident du dépar­te­ment de l’I­sère]… Peut-être même qu’on ren­tre­rait avec ces jeunes au conseil dépar­te­men­tal. »

Le dra­peau du NPA-Révo­lu­tion­naires flotte régu­liè­re­ment dans les mani­fes­ta­tions (ici pour la jour­née « Blo­quons tout » du 10 sep­tembre).

Com­ment juge-t-il ses concur­rents pour le scru­tin de mars pro­chain ? Pour le can­di­dat du NPA-Révo­lu­tion­naires, la liste d’u­nion de la gauche de Lau­rence Ruf­fin comme celle de la France insou­mise conduite par Allan Bru­non se situent toutes deux « dans la conti­nui­té de celle d’É­ric Piolle ». Elle sont donc, l’une et l’autre, « comp­tables du bilan de la muni­ci­pa­li­té, que ce soit la fer­me­ture des biblio­thèques, la non-réqui­si­tion des loge­ments vides, la fer­me­ture des ser­vices publics dans les quar­tiers Sud ou les attaques contre le droit de grève » Et que dire de  » l’in­com­pré­hen­sible jume­lage avec Reho­vot » auquel le par­ti sou­haite mettre fin ?

Une liste ouverte

Sévère envers la gauche, Bap­tiste Anglade n’en­tend tou­te­fois « pas épar­gner la droite et l’ex­trême droite ». Il iro­nise ain­si sur « Cari­gnon qui veut reve­nir aux affaires au moment où Sar­ko­zy est en pri­son et qui pro­met d’as­sai­nir les finances de la ville alors qu’il s’est fait cor­rompre à hau­teur de plu­sieurs mil­lions ». Alain Cari­gnon qui, pour le mili­tant NPA‑R et CGT, est le par­fait « sym­bole des liens exis­tant entre les hommes poli­tiques et les entre­prises capi­ta­listes ». Et qui porte « un pro­jet dan­ge­reux pour sa stig­ma­ti­sa­tion des habi­tants des quar­tiers popu­laires ».

Pour le NPA-Révo­lu­tion­naires, l’en­jeu est main­te­nant de réus­sir à com­po­ser une liste dans les temps impar­tis. Ce qui pas­se­ra loca­le­ment par « des dis­cus­sions avec nos milieux, c’est-à-dire par­tout où nous inter­ve­nons : sur le cam­pus, dans les mobi­li­sa­tions du tra­vail social, des métal­los, dans les hôpi­taux, sur les mar­chés… » Dans toutes ces sphères, le par­ti espère convaincre suf­fi­sam­ment de mili­tants asso­cia­tifs, syn­di­caux ou poli­tiques de les rejoindre sur la liste.

La « fausse équité » du temps de parole dans les médias

Res­te­ra ensuite à mener une cam­pagne qui ne s’an­nonce pas de tout repos tant « l’exer­cice est réser­vé aux grosses machines et favo­rise les gros par­tis », déplore Bap­tiste Anglade. Et ce der­nier de fus­ti­ger la « règle dégueu­lasse » du temps de parole dans les médias, attri­bué par l’Ar­com au pro­ra­ta des scores élec­to­raux. Une « fausse équi­té », s’in­surge-t-il.

Mili­tant-e‑s du NPA‑R au milieu du cor­tège pour la soli­da­ri­té avec le peuple pales­ti­nien.

Cela n’empêche cepen­dant pas le NPA‑R d’être « tota­le­ment indé­pen­dant finan­ciè­re­ment », se féli­cite le can­di­dat. Sa cam­pagne dépen­dra donc en grande par­tie des sous­crip­tions mili­tantes. D’où son appel lan­cé à « tous les gens pour les­quels il est impor­tant qu’un cou­rant poli­tique comme le nôtre soit repré­sen­té ».

Réunion publique et meeting

Le NPA-Révo­lu­tion­naires orga­ni­se­ra sa pre­mière réunion publique pour les muni­ci­pales, mar­di 18 novembre, à 19 heures, à la salle Moy­rand (27 rue Moy­rand), « autour de la consti­tu­tion de la liste ». Un grand mee­ting vien­dra éga­le­ment clô­tu­rer la cam­pagne, à la fin de la période élec­to­rale — date à défi­nir.

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