Pont-de-Claix. A l’appel de la CGT, les salariés de Becton en grève
Par Luc Renaud
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L’enveloppe est fixe : 4 millions d’euros d’augmentation possible de la masse salariale. Ce qui représente une augmentation générale des salaires de 2,4 % assortie d’un plancher de 60 euros d’augmentation minimale. « Ca concerne une centaine de personnes sur les 2500 qui travaillent ici », précise Cédric Brachon, délégué CGT.
Dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), la CGT de Becton revendique 3 % d’augmentation générale avec un plancher pour les bas salaires. Une demande formulée par la CGT et la CFDT. D’accord, répond la direction, à condition que les acquis obtenus lors de précédentes négociations soient remis en cause : 4 millions d’euros, pas un centime de plus.
Le compteur est bloqué à 4 millions
Ces remises en cause pourraient concerner par exemple la subrogation en cas d’arrêt de travail. C’est-à-dire la prise en charge par l’entreprise des jours de carences et de l’avance aux salariés des indemnités de la Sécurité sociale et leur gestion par l’entreprise. « Une revendication de longue date, qui représente une véritable amélioration pour les salariés », commente Stéphane Lasserre, délégué CGT. D’autres améliorations avaient été enregistrées concernant notamment le calcul des diverses primes attribuées à différentes catégories de salariés.

Cette attitude de la direction était à l’origine de l’appel à la grève par la CGT de ce jeudi 25 septembre – la CFDT et la CFTC ne se sont pas jointes à cet appel – , mouvement qui devrait se poursuivre demain vendredi. Grève largement suivie dans le secteur de la production, qui représente un tiers de l’effectif du site du Pont-de-Claix.
Le mouvement de grève qui s’est fait jour à l’occasion des NAO reflète cependant un mécontentement plus large. Mécontentement suscité par l’importance des bénéfices du groupe sans retombées pour les salariés, par les inégalités salariales dans l’entreprise et par la brutale remise en cause du télétravail.
Les jeunes générations de cadres
Les résultats financiers de Becton ont augmenté de 20 millions en un an, à 250 millions d’euros. Les inégalités salariales, « les nouvelles générations de cadres les supportent mal », constate Jessica Heredia Hidalgo, cadre et élue CGT au CSE. La direction justifie des écarts de salaires de un à six parmi les cadres – un tiers de l’effectif salariés – par la nécessité d’attirer des « talents ». Qui représentent quelques dizaines de personnes sur les 2500 qui travaillent au Pont-de-Claix. À ces écarts de salaires s’ajoutent l’opacité sur le calcul des primes, par exemple. « Les jeunes cadres sont attachés à la transparence, à la reconnaissance de leur travail », précise Jessica Heredia Hidalgo.
Si elle ne fait pas directement partie du cadre des NAO, la remise en cause du télétravail n’en contribue pas moins à la détérioration du climat social dans l’entreprise. « Cette décision prise d’en haut, au niveau américain semble-t-il, remet en cause un confort de travail pour les salariés pour lesquels c’est possible, note Stéphane Laserre, et puis ce n’est tout simplement pas possible : il n’y a pas assez de place ici pour que tout le monde travaille en même temps sur le site ».
Les négociations devraient se poursuivre demain tandis que les salariés décideront des suites à donner à leur mouvement.