Grenoble. Les salariés de l’Afiph refusent de perdre leurs jours de congé

Par Manuel Pavard

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Plus de 200 salarié-e-s de l'Afiph ont manifesté devant le siège de l'association durant la pause méridienne, en marge de la réunion du CSE central.
En grève mardi 9 septembre, les salariés de l'Association familiale de l’Isère pour personnes handicapées (Afiph) se sont rassemblés devant le siège, à Grenoble, pour protester contre la volonté de la direction de dénoncer les accords d'entreprise de 1999 sur leurs conditions de travail. Ce qui se traduirait notamment par la perte de leurs 18 jours de congé trimestriels. À l'issue de la réunion du CSE se tenant au même moment, un sursis d'un an a toutefois été obtenu ainsi que la réouverture des négociations syndicales.

Édu­ca­teurs-trices spé­cia­li­sé-e‑s, moni­teurs édu­ca­teurs, accom­pa­gnants édu­ca­tifs… Ils sont près de 200 sala­riés de l’A­fiph à mani­fes­ter bruyam­ment, ce mar­di 9 sep­tembre, sous les fenêtres du siège gre­no­blois de l’as­so­cia­tion, qui accueille au même moment une réunion cru­ciale du comi­té social et éco­no­mique cen­tral (CSEC). Des tra­vailleuses et tra­vailleurs sociaux mobi­li­sés depuis plus d’un an et demi contre la déci­sion de la direc­tion de dénon­cer les accords d’en­tre­prise de 1999 sur les condi­tions de tra­vail.

Sur le bâti­ment, les dra­peaux des trois orga­ni­sa­tions syn­di­cales (CFDT, CGT, Sud) unies dans ce com­bat.

Le direc­teur géné­ral pro­pose ain­si « un accord qui détruit l’at­trac­ti­vi­té de notre métier puis­qu’il réduit nos congés et nous met en-des­sous du code du tra­vail », s’in­surge Isa­belle Dar­thez, délé­guée syn­di­cale Sud san­té sociaux et édu­ca­trice spé­cia­li­sée à l’A­fiph. Le tout bien sûr « sans contre­par­tie finan­cière ». Inac­cep­table pour les trois syn­di­cats (CGT, Sud, CFDT) qui ont refu­sé d’une seule voix. Mais devant l’é­chec des négo­cia­tions, la direc­tion a ten­té d’ap­pli­quer une déci­sion uni­la­té­rale de l’employeur (DUE).

« Ça nous enlève quasiment 21 jours de congés par an »

Prin­ci­pal motif de dis­corde, la remise en cause des « 18 jours de congés tri­mes­triels, mis en place pour la péni­bi­li­té phy­sique et psy­chique dans l’ac­com­pa­gne­ment des per­sonnes », explique Isa­belle Dar­thez. Un point qui ne passe pas du tout pour les mani­fes­tants. « Nous, ça nous enlève qua­si­ment 21 jours de congés par an », déplore un petit groupe de sala­riés de l’A­fiph exer­çant en ESAT (Éta­blis­se­ment et ser­vice d’ac­com­pa­gne­ment par le tra­vail).

Pour ces moni­teurs et édu­ca­trices, ces jour­nées sup­plé­men­taires, loin d’être un pri­vi­lège, per­met­taient de « com­pen­ser un peu les dif­fi­cul­tés du métier, notam­ment cette fatigue psy­cho­lo­gique omni­pré­sente ». La pilule passe d’au­tant plus mal « qu’il manque déjà du per­son­nel — dans cer­taines équipes, la moi­tié des édu­ca­teurs — et que nos salaires ne bougent pas. Pour­tant, mal­gré ça, ils nous enlèvent le seul avan­tage qu’on avait », s’in­dignent les gré­vistes. « Ce n’est pas un hasard s’il y a de plus en plus d’ar­rêts mala­die. »

Problème d’équité

Les sala­riés pointent en outre « un gros pro­blème d’é­qui­té, tout le monde n’é­tant pas logé à la même enseigne ». En effet, « au siège, ils gardent leurs 18 jours de congés tri­mes­triels », constate Isa­belle Dar­thez. Et ce, « alors qu’eux n’ac­cueillent pas d’u­sa­gers ». « C’est vrai­ment la goutte d’eau qui fait débor­der le vase », réagit un moni­teur édu­ca­teur.

Les sala­riés de l’A­fiph ont fina­le­ment obte­nu un léger répit à l’is­sue du CSE, avec la réou­ver­ture des négo­cia­tions.

In fine, les mani­fes­tants ont obte­nu un léger sur­sis à l’is­sue du CSEC. « Suite au mou­ve­ment de grève des sala­rié-es de l’A­fiph, la direc­tion géné­rale a déci­dé de la pro­ro­ga­tion de l’ac­cord de 1999 pour un an et la réou­ver­ture des négo­cia­tions syn­di­cales sur l’or­ga­ni­sa­tion du temps de tra­vail », informe la délé­guée syn­di­cale Sud, quelques heures plus tard.

Une lutte obser­vée avec atten­tion par Bap­tiste, édu­ca­teur en pré­ven­tion spé­cia­li­sée, dans la pro­tec­tion de l’en­fance, et délé­gué CGT de l’A­pase (Asso­cia­tion pour l’ac­tion sociale et édu­ca­tive). « On est soli­daires de nos col­lègues qui se battent et qui ne se laissent pas faire depuis main­te­nant plu­sieurs années. Une vic­toire pour l’A­fiph, c’est une vic­toire pour tous les tra­vailleurs sociaux », assène-t-il. Avant de don­ner ren­dez-vous dans la rue dès le len­de­main, pour le mou­ve­ment « Blo­quons tout » du 10 sep­tembre.

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