Saint-Martin-d’Hères. Hommage à Madeleine Riffaud

Par Max Blanchard

/

Image principale
Le public rassemblé sur le parvis Madeleine-Riffaud lors de l'inauguration officielle, samedi 14 juin, à l'entrée de Neyrpic.
C’est sous un soleil de plomb que le parvis du centre Neyrpic de Saint-Martin-d’Hères a été dénommé Madeleine-Riffaud, samedi 14 juin, en hommage à cette résistante du quotidien qui nous a quittés en novembre dernier, à l'âge de 100 ans.

Résis­tante, poète et jour­na­liste fran­çaise, Made­leine Rif­faud (1924–2024) a éga­le­ment été l’une des pre­mières cor­res­pon­dantes de guerre fran­çaises et l’une des pre­mières mili­tantes anti­co­lo­nia­listes.

Une plaque porte désor­mais le nom de la poète, résis­tante et jour­na­liste, décé­dée fin 2024.

Une femme d’action

Enga­gée dès l’âge de 18 ans dans un groupe de Francs-tireurs et par­ti­sans (FTP), arrê­tée après avoir abat­tu un sol­dat alle­mand, elle est tor­tu­rée pen­dant plu­sieurs semaines sans par­ler. Elle se choi­sit pour la clan­des­ti­ni­té le pseu­do­nyme de « Rai­ner » en hom­mage au poète Rai­ner Maria Rilke : « Je n’ai jamais détes­té les Alle­mands, seule­ment les nazis », expli­quait-elle. Elle échappe à la dépor­ta­tion et com­bat pour la Libé­ra­tion de Paris à la tête d’un déta­che­ment d’hommes.

Ses recueils de poèmes, écrits durant la guerre, sont publiés par Paul Éluard dès 1945. Jour­na­liste en repor­tage chez l’ha­bi­tant pen­dant les grèves des mineurs de 1947–1948, Made­leine Rif­faud part ensuite dès 1952 en Algé­rie fran­çaise, avant de vivre un an en Indo­chine, puis de cou­vrir les guerres d’Al­gé­rie et du Viêt Nam, comme « envoyée spé­ciale » de l’Humanité.

Elle échappe en 1962 à un atten­tat de l’OAS la visant mais en gar­de­ra des séquelles jusqu’à la fin de sa vie.

Son livre-témoi­gnage, Les linges de la nuit, écrit après avoir tra­vaillé plu­sieurs mois inco­gni­to comme agent hos­pi­ta­lier dans plu­sieurs hôpi­taux pari­siens, issu de son repor­tage pour le quo­ti­dien com­mu­niste, connaît un grand suc­cès en 1974.

Hommage et respect

C’est cette vie pleine de péri­pé­ties, de cou­rage et de cha­leur humaine qu’ont su retra­cer avec déli­ca­tesse, à tra­vers poèmes et témoi­gnages, sept élèves du col­lège local Hen­ri-Wal­lon, membres du club « His­toire et mémoire », dans une pré­sen­ta­tion limi­naire à l’inauguration offi­cielle.

Des élèves du col­lège Hen­ri-Wal­lon ont retra­cé la vie — ou plu­tôt les mille vies — de Made­leine Rif­faud.

David Quei­ros, maire de Saint-Mar­tin-d’Hères, attes­tant de la volon­té muni­ci­pale de la recon­nais­sance de la place des femmes dans l’histoire, pre­nant appui sur le che­mi­ne­ment de Made­leine Rif­faud, a sou­hai­té insis­ter pour sa part sur l’actualité de l’action pour la paix, avec une pen­sée dou­lou­reuse « pour tous les peuples aujourd’hui vic­times de vio­lences guer­rières ».

Le maire PCF de Saint-Mar­tin-d’Hères David Quei­ros lors de son dis­cours offi­ciel.

Rap­pe­lant la for­mule de Made­leine Rif­faud — « L’humiliation fait de vous un résis­tant ! » -, l’é­dile com­mu­niste mon­tra que se battre pour la digni­té humaine était bien le mes­sage de ce moment par­ta­gé.

Le par­vis Made­leine-Rif­faud borde le centre com­mer­cial Neyr­pic.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *