La onzième édition du Street Art Fest Grenoble Alpes résiste à la crise

Par Edouard Schoene

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Une fresque présentée sur le site du festival. DR
Le vernissage de l’édition 2025 du Street Art Fest se tenait vendredi 30 mai à l’ancien musée de peinture, place de Verdun, à Grenoble. Le festival qui a fait la gloire de l’agglomération grenobloise est en crise. Spacejunk, l'association organisatrice, a ainsi annoncé une année de vaches maigres due à la réduction des moyens budgétaires. D’où cette curieuse appellation, très à la mode : l’année de la "résilience".

Créée en 2003 à Gre­noble, l’association Spa­ce­junk y a ouvert une gale­rie d’art, avant d’i­nau­gu­rer deux autres gale­ries, dans les années sui­vantes, à Lyon et Bayonne. C’est aus­si dans la capi­tale des Alpes qu’elle a lan­cé sa plus belle œuvre, le Street Art Fest. Un fes­ti­val deve­nu une vitrine et un évé­ne­ment de réfé­rence au niveau euro­péen, per­met­tant la réa­li­sa­tion de 455 fresques dans l’agglomération gre­no­bloise en l’es­pace de onze ans.

Jérôme Catz, direc­teur du Street Art Fest.

Mal­heu­reu­se­ment, l’âge d’or des débuts s’est heur­té de plein fouet aux dif­fi­cul­tés éco­no­miques post-Covid, avec un contexte mar­qué par une baisse signi­fi­ca­tive des finan­ce­ments alloués à la culture. Lors du ver­nis­sage, ven­dre­di 30 mai, Jérôme Catz, direc­teur du fes­ti­val, n’a ain­si pas mâché ses mots, regret­tant vive­ment l’absence de l’adjointe à la culture de Gre­noble (repré­sen­tée par Luis Bel­tran Lopez, conseiller muni­ci­pal).

« Vous avez sup­pri­mé la sub­ven­tion his­to­rique de la ville pour le centre d’art Spa­ce­junk. Cette sub­ven­tion de 15 000 euros était attri­buée pour toute l’activité du centre d’art à l’année, avec bien sûr les actions cultu­relles dans les écoles mais éga­le­ment le pro­jet Venus, les cinq expo­si­tions de deux mois qui se suc­cèdent durant l’année et, depuis 2015, le Street Art Fest », a‑t-il lan­cé dans son dis­cours.

Jérôme Catz a pour­sui­vi, inter­pel­lant tou­jours l’é­lue absente : « Vous avez jus­ti­fié cette coupe de près de 50 % du bud­get glo­bal attri­bué à Spa­ce­junk à une jour­na­liste de France Bleu Isère. Je vous cite : ‘On est d’ac­cord, ce fes­ti­val est un moment fort de la vie cultu­relle à Gre­noble. C’est pour­quoi nous avons main­te­nu notre sub­ven­tion de 25 000 euros. Mais cela fai­sait un bout de temps que l’on s’in­ter­ro­geait sur le bien-fon­dé de la sub­ven­tion publique de 15 000 euros que la Ville accorde à Spa­ce­junk pour ses autres acti­vi­tés, notam­ment des acti­vi­tés com­mer­ciales’. »

Il a par ailleurs poin­té les prin­ci­pales consé­quences de cette sup­pres­sion de sub­ven­tion à Spa­ce­junk, à savoir le licen­cie­ment de six sala­riés et un fes­ti­val sen­si­ble­ment réduit. Rap­pe­lons que la Métro­pole a sup­pri­mé sa sub­ven­tion de 50 000 euros (ligne culture plus ligne « attrac­ti­vi­té de la Métro­pole ») et que plu­sieurs villes se sont reti­rées (Pont-de-Claix, Fon­taine…).

Les sub­ven­tions publiques sont à com­pa­rer avec le bud­get glo­bal du fes­ti­val : 500 000 euros. Cette année, on observe donc une réduc­tion sen­sible de la voi­lure du fes­ti­val :

  • Expo­si­tion à l’ancien musée place de Ver­dun.
  • Quinze créa­tions de fresques (voir le détail sur le site du Street Art Fest).
  • Quelques  visites à Saint-Martin‑d’Hères.
  • Un lieu éphé­mère au pôle Neyr­pic.
  • Une sur­prise impor­tante en sep­tembre (tenue secrète)  avec une créa­tion conçue avec les uni­ver­si­tés de Gre­noble et Stras­bourg.

Le direc­teur du fes­ti­val a remer­cié la ville de Gre­noble (25 000 euros de sub­ven­tion, mise à dis­po­si­tion de l’espace d’exposition), les villes de  Saint-Martin‑d’Hères, Seys­si­net-Pari­set, Mey­lan, Saint-Égrève, Vizille, Claix, ou encore le CROUS. Il a éga­le­ment salué les dona­teurs (40 000 euros) par appel sur réseaux sociaux (Hel­loAs­so). Sans oublier les 70 béné­voles — chau­de­ment applau­dis — du fes­ti­val «  qui ont répon­du pré­sent et qui donnent de leur temps, par­fois même qui posent des vacances pour être ici ».

« Le fes­ti­val de street art est tota­le­ment gra­tuit. Le street art est en prise avec l’actualité, prend ses racines dans les reven­di­ca­tions, déve­loppe l’irrespect », a enfin sou­li­gné Jérôme Catz. Avant de conclure : « Nous allons essayer de redon­ner toute sa splen­deur au Street Art Fest dès l’an pro­chain… D’où la cas­quette ‘Street Art Fest again’. »

Œuvre de l’ar­tiste Eric Ze King (EZK).

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