Le président du festival, Jérôme Catz, les artistes et leur interprète.

Le 8e « street art fest Grenoble Alpes » se déroule dans l’agglomération grenobloise jusqu’au 26 juin. Les élus de droite à Fontaine et Sassenage se sont fait remarquer par leurs velléités à censurer l’art contemporain.

A Fontaine, l’hostilité de la droite à l’art contemporain est historique. Le VOG, centre municipal d’art contemporain, était très critiqué. La très droitière adjointe au maire actuel, madame De Caro, s’en prenait en 2011 à la politique de la municipalité de M. Boulard (communiste) accusée de ne s’occuperait pas des gens « normaux » pour s’intéresser exclusivement aux « sans-papiers, d’origine étrangère, homosexuels, pacsés, qui aiment l’art moderne uniquement ».

M. Franck Longo, maire de Fontaine, inaugurait, lundi 6 juin, une fresque réalisée par le groupe artistique catalan, Reskate. Interrogé par nos soins, le maire se félicitait de prendre la suite de l’équipe municipale sortante, en poursuivant la participation au festival, à hauteur de 15 000 euros pour quatre fresques.

« Le TA : pourquoi alors avoir voté contre la subvention de la métropole au festival, en février dernier, au conseil métropolitain  (50 000 €) ?
Franck Longo : un grand blanc.
– Allez-vous restituer à la métropole la part de subvention qui a permis la réalisation des fresques ?
– Non.
– Avez-vous l’intention comme d’autres élus de droite de mettre en place une commission de censure pour valider ou invalider les œuvres qui vous sont proposées ?
– Non, nous travaillons en toute confiance avec M. Catz, directeur du festival. »

Lors du vernissage du 6 juin, M. Thoviste, adjoint au maire, président du groupe LREM à la métropole, a refusé de nous répondre quant à son vote métropolitain de février : il avait voté contre une subvention au festival tout en assistant en juin à un vernissage du même festival. Il nous a indiqué deux jours après notre rencontre que son vote hostile à la métropole « ne remet aucunement en cause notre intérêt réaffirmé pour le street art festival ». Rappelons que Laurent Wauquiez a retiré la subvention de 17 000 euros au street art fest de Grenoble Alpes.

écologiste

Beaucouup de monde pour ce vernissage.

Maria López et Javier de Riba, artistes du groupe catalan Reskate, nous ont expliqué leur démarche, devant leur fresque. Celle-ci présente de jour des montagnes et un paysage et de nuit sous éclairage, un dragon fluorescent .

« Avant de nous rendre à Fontaine nous avons fait des recherches sur Fontaine et Grenoble. Nous avons la volonté que les habitants puissent s’approprier l’œuvre. Nous évoquons le Drac, donc le Dragon, qui était difficile à maîtriser par le passé. Le festival nous a permis de réaliser notre mur peint dans de très bonnes conditions de travail. »

Les artistes sont contents d’apprendre que l’œuvre puisse faire référence à un passé local, les usines Dragon, qui fonctionnaient jusque dans les années 90 (fabrication de concasseurs de pierres).

Palestine Jérusalem Grenoble

L’oeuvre du groupe catalan Reskate.

Jérôme Catz, directeur du festival, se réjouit de ce huitième festival qui portera à 300 le nombre d’œuvres fin juin (vingt-huit en 2022). Il se félicite en particulier de l’exposition à l’ancien musée de peinture.

Un seul incident est à regretter, précise-t-il, le refus d’une œuvre par la municipalité de Sassenage qui demandait une modification, refusée par l’artiste. Ce qui a gêné les élus de Sassenage, rapporte notre confrère Le petit bulletin, c’est le fait que les deux personnages aient la peau légèrement foncée. In extremis, l’œuvre de Koz Dos a trouvé un mur d’accueil au Pont-de-Claix, 27 avenue Antoine-Girard.

Charles Lallemand, pour le MRAP a réagi :  » Le comité du MRAP de Grenoble s’inquiète du rejet par le maire de Sassenage de la fresque proposée par l’artiste Koz Dos pour le Street Art fest de cette année 2022. Que l’esthétique générale de la fresque ne convienne pas au conseil exécutif de cette municipalité, soit ! Mais, sous couvert de laïcité, prendre pour critère le fait que deux personnages de couleur de peau différentes représenteraient mieux la notion de diversité c’est, en faisant ainsi explicitement référence à la couleur de peau de ce seul fait contraire à la loi du 1er juillet 1972 sur la discrimination raciale car, tout en mettant l’accent sur la diversité, une telle référence tend à renvoyer l’identité d’une personne à son corps propre – la peau ou toute autre partie du corps, voire un handicap – et finalement consciemment ou inconsciemment, à le stigmatiser. « 

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