STMicro. 2,9 milliards de subventions, 1000 emplois supprimés
Par Luc Renaud
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L’annonce en a été faite le 29 avril, lors d’une réunion du comité social et économique central. STMicroelectronics s’apprête à supprimer 2 800 emplois, dont 1000 dans ses usines françaises.
A cela s’ajoute, souligne la CGT de STMicroelectronics, 2500 « mobilités volontaires », selon les termes de la direction. « Mais, peut-on parler de « volontariat » quand chaque salarié·e, dont le métier est jugé « en transition », recevra un courrier individuel l’en informant ? », s’interroge le syndicat. « Ceci n’est pas du « volontariat » : c’est une assignation déguisée à quitter son emploi. »
Plus globalement, ce sont les choix stratégiques du conseil d’administration du groupe que le syndicat remet en cause. Et la passivité de l’État, actionnaire et subventionneur.
Des technologies du futur seront mises en œuvre… en Chine
Le gouvernement français comme la Commission européenne sont prolixes de discours sur la souveraineté et l’enjeu de la production de semi-conducteurs. Les décisions de STMicroelectronics s’opposent frontalement à ces déclarations d’intention. « Des technologies du futur, tel le carbure du silicium, permettant d’augmenter l’autonomie d’un véhicule électrique, ou des produits phares de ST tel le STM32, microcontrôleur que l’on retrouve dans bon nombre d’applications, vont être produits en Chine », révèle la CGT. La désindustrialisation du pays et la délocalisation industrielle en Chine a ses décideurs : les actionnaires et les directions des grands groupes industriels français et européens.
Des fautes stratégiques dictées par le profit de cours terme
Ces choix à rebours de l’intérêt général, de l’intérêt du pays et de l’Europe, ont une raison d’être : le niveau de profit et la rémunérations des actionnaires prime sur toute autre considération. La CGT rappelle que des décisions contraires à l’intérêt de l’entreprise ont été prises : « il y a quelques années, ST a renoncé aux produits et technologies avancés. Or, la croissance du marché des semi-conducteurs se fait actuellement là où ST a renoncé. »
Des décisions prises sans que l’État ne lève le petit doigt. « Le silence et le laisser-faire de l’État Français, pourtant actionnaire de ST, deviennent eux aussi intolérables. Son absence totale de réaction aux différents courriers d’interpellation de la CGT, et face à cette gestion opaque, aux annonces de suppressions d’emplois et de délocalisations de la production, révèle l’hypocrisie entre promesses publiques et réalité », s’indigne la CGT.
Des subventions pour les suppressions d’emplois et les délocalisations
Un silence et un laisser-faire assorti des belles enveloppes financières. « Ainsi, à Crolles, jusqu’à 2,9 milliards d’euros de subventions de l’État Français, en échange d’un engagement de création de 1000 emplois », rappelle le syndicat. « Et aujourd’hui ? On parle de suppressions d’emplois ! À Tours, des aides publiques pour développer la technologie GaN, et en retour une menace sur l’activité locale. Ce double discours est intolérable. L’argent public ne doit pas servir à financer des suppressions d’emplois et des délocalisations de production. »
Abandons de souveraineté dans un secteur stratégique
Les discours sur la réindustrialisation ne peuvent plus masquer la complicité de l’État dans les délocalisations, les abandons industriels et la perte de souveraineté nationale et européenne : la filière de l’industrie chimique est là pour en témoigner.
Pour la CGT, « à l’instar de l’Asie et des États-Unis, un plan d’investissement massif à la hauteur des enjeux doit être enfin décidé et ST doit réaliser un retour programmé dans les produits et technologies avancés. Aucune ligne de production ne doit être délocalisée, ni aucun produit ne doit quitter la France ! »