Grenoble. Un 1er Mai offensif pour la « paix juste et durable » et la justice sociale
Par Manuel Pavard
/

Défense des services publics et des emplois industriels, lutte pour les salaires et la retraite à 60 ans, soutien aux peuples palestinien et kanak ou au secteur culturel, mobilisation pour le droit au logement, refus de la sélection à l’université ou du service militaire, solidarité avec les personnes transgenres ou les livreurs à vélo… Autant de thèmes (liste non exhaustive) représentés dans les slogans et sur les banderoles et pancartes des quelque 5 000 manifestants ayant battu le pavé, ce jeudi 1er mai, entre l’avenue Alsace-Lorraine et le parc Paul-Mistral.

De fait, la journée internationale des travailleurs et des travailleuses du 1er Mai regroupe traditionnellement une large palette de revendications. Sans surprise, cette édition 2025 n’a pas échappé à la règle. Au sein du cortège défilant sous le soleil grenoblois, beaucoup reliaient cet aspect hétéroclite à l’actualité particulièrement lourde de ce printemps. Et ce, en Isère comme dans le monde entier.

« Peut-être que c’était déjà comme ça mais je n’ai pas l’impression. Nous, le peuple de gauche, les progressistes, les travailleurs, on en prend plein la g… (sic) sur tous les plans ! Et comme toujours, ce sont les jeunes, les femmes et surtout les immigrés qui trinquent le plus. » Le constat de Simon et Mélanie, qui se présentent en rigolant comme un « couple CGT-FSU », est assez largement partagé autour d’eux.

L’agent territorial évoque les difficultés dans son service, « les départs à la retraite non remplacés, les économies imposées alors que les tâches et les missions ne sont pas revues à la baisse »… Et c’est « la même galère partout », poursuit-il, exemples à l’appui. « L’industrie est sinistrée, la chimie sacrifiée… Regardez Vencorex, c’est comme si on disait aux Chinois : ‘venez, on vous laisse la porte ouverte, prenez tout ce que vous voulez et ne rangez rien en partant’ ! »

Le pire, abonde sa compagne Mélanie, c’est qu’il n’y a « pas un secteur qui échappe à la crise. Dans l’Éducation nationale, c’est pareil, on a un ministère qui se moque de nous et des missions qu’on n’arrive plus à assumer. Car de l’autre côté, ce sont des milliers de jeunes qu’on est en train d’abandonner sur le bord de la route », s’insurge l’enseignante.

Pour couronner le tout, déplore le couple, « les capitalistes sont plus puissants que jamais. Et l’extrême droite aussi. » Ceci, en France comme dans le reste du monde. C’est en effet incontestable, l’actualité internationale angoisse nombre de manifestants. L’offensive réactionnaire et liberticide de Trump et Musk, les guerres et massacres en Ukraine et en Palestine… Les sujets d’inquiétude ne manquent pas et s’invitent jusque dans les foyers, à travers les discours officiels sur le réarmement et l’économie de guerre.

« Pour ma génération, la guerre, c’était toujours très lointain, dans le temps comme au niveau géographique. Mais là, tout a changé », observe Theo, défilant au sein d’un dynamique cortège jeune et étudiant. Lui comme ses camarades sont d’autant plus désarçonnés que tous les équilibres géopolitiques mondiaux ont été bouleversés récemment.

« Jusqu’à présent, les Américains et les Russes étaient aussi impérialistes et nocifs les uns que les autres, mais ils étaient opposés. Et puis, Trump est arrivé en se rapprochant de ses ennemis et en s’éloignant de ses alliés », souligne l’étudiant. Résultat des courses : « On est en face d’une internationale fasciste menée par Trump, Poutine et Netanyahou ! » Avec, là encore, des conséquences dramatiques pour « les Palestiniens et les Ukrainiens qui meurent sous les bombes israéliennes et russes ».

Du côté des organisateurs, l’intersyndicale iséroise (CGT, CNT, FO, FSU, Solidaires, Unsa) mettait en avant l’ensemble de ces sujets en appelant à se mobiliser « contre l’économie de guerre, pour la paix, la retraite à 60 ans, les services publics et l’industrie ». Un 1er Mai « pour la paix et la justice sociale », comme l’ont rappelé le secrétaire général de la CGT Isère Nicolas Benoit et les autres orateurs s’exprimant à tour de rôle à l’arrivée de la manifestation, sur l’anneau de vitesse.

À Grenoble comme partout en France et dans le reste du monde, les salariés étaient conviés par les syndicats à « manifester pour défendre la paix juste et durable, c’est-à-dire non pas aux conditions des agresseurs mais dans le respect du droit international ». Des manifestants invités également à « agir face à l’internationale réactionnaire » en s’élevant contre « le poison de la division ». Mais aussi à lutter pour les droits sociaux, sans céder sur les points essentiels : « augmenter nos salaires » ou encore « gagner l’abrogation de la retraite à 64 ans ». Le défi est immense mais rien de tel qu’un 1er Mai combatif et offensif pour se convaincre de notre force collective.




