Vencorex. Aurélie Trouvé demande une commission d’enquête parlementaire

Par Manuel Pavard

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Aurélie Trouvé, alors porte-parole d'Attac, invitée d'un débat à la Fête du Travailleur alpin 2019, à Fontaine. © Luc Renaud
Après la décision du tribunal de commerce de Lyon entérinant, le 10 avril, la cession de Vencorex au groupe chinois Wanhua, la députée LFI-NFP Aurélie Trouvé a déposé, mardi 22 avril, une demande de commission d'enquête parlementaire "sur l'abandon de l'usine" du Pont-de-Claix. La présidente de la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale entend notamment "établir les responsabilités du gouvernement" dans ce fiasco.

« Le gou­ver­ne­ment devra s’ex­pli­quer. J’en ferai une démarche trans­par­ti­sane. » La dépu­tée LFI-NFP de Seine-Saint-Denis Auré­lie Trou­vé, pré­si­dente de la com­mis­sion des affaires éco­no­miques de l’As­sem­blée natio­nale, annonce la cou­leur sur X, expli­quant l’ob­jec­tif de son action. Elle demande une com­mis­sion d’en­quête par­le­men­taire « sur l’a­ban­don de l’u­sine Ven­co­rex », indique-t-elle dans un com­mu­ni­qué dif­fu­sé ce mar­di 22 avril.

Sa démarche inter­vient un peu moins de deux semaines après le coup de mas­sue qu’a consti­tué la déci­sion ren­due le 10 avril par le tri­bu­nal de com­merce de Lyon. Les juges ont en effet écar­té le pro­jet de reprise par une socié­té coopé­ra­tive d’in­té­rêt col­lec­tif (SCIC), por­té par les sala­riés, la CGT, des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales et l’in­dus­triel local Oli­vier Six, rete­nant l’offre de l’en­tre­prise hon­groise Bor­sod­Chem, filiale de Wan­hua.

Les por­teurs du pro­jet de SCIC (Séve­rine Dejoux et Denis Car­ré, élus CGT, Chris­tophe Fer­ra­ri, pré­sident de la Métro­pole, et Oli­vier Six, PDG de CIC Orio) devant Ven­co­rex, le 10 avril, après l’an­nonce du tri­bu­nal de com­merce. © Manuel Pavard

Pro­blème, rap­pelle Auré­lie Trou­vé, « seule une petite par­tie est reprise par le groupe chi­nois Wan­hua », qui était en outre le « prin­ci­pal concur­rent » de Ven­co­rex. Le repre­neur ne conserve ain­si que l’a­te­lier Tolo­nates, soit 54 sala­riés (au maxi­mum) sur les 460 que comp­tait ini­tia­le­ment l’en­tre­prise. Pour le reste, la majeure par­tie de l’ac­ti­vi­té va ces­ser sur les 120 hec­tares de la pla­te­forme chi­mique de Pont-de-Claix.

« Notre souveraineté industrielle est en danger »

La dépu­tée LFI pointe donc le dan­ger guet­tant la sou­ve­rai­ne­té indus­trielle du pays. « L’a­ban­don de cette pro­duc­tion menace direc­te­ment l’au­to­no­mie tech­no­lo­gique et indus­trielle de la France dans des sec­teurs aus­si cru­ciaux que le nucléaire, le spa­tial et la défense », redoute-t-elle. La consé­quence de l’ef­fet domi­no obser­vé sur l’en­semble de la filière chi­mique, à com­men­cer par Arke­ma et Fra­ma­tome, toutes deux étroi­te­ment liées à Ven­co­rex, sur la pla­te­forme voi­sine de Jar­rie.

Auré­lie Trou­vé à la Fête du Tra­vailleur alpin 2019, au parc de la Poya. © Luc Renaud

Pour­tant, « des élus poli­tiques de tous bords, natio­naux et locaux, ain­si que des syn­di­cats de sala­riés ont aler­té le gou­ver­ne­ment depuis des mois sur l’avenir de cette usine », sou­ligne Auré­lie Trou­vé, qui regrette « qu’aucune mesure concrète et effi­cace n’ait été prise par le gou­ver­ne­ment ». L’an­cienne copré­si­dente et porte-parole d’At­tac cite la « rena­tio­na­li­sa­tion tem­po­raire », refu­sée par Fran­çois Bay­rou, ou la pro­po­si­tion d’un inves­tis­seur indien qui « n’a visi­ble­ment pas été étu­diée, alors qu’elle était sur la table ».

« Je dépose une demande de com­mis­sion d’enquête en vue d’établir les res­pon­sa­bi­li­tés du gou­ver­ne­ment et des entre­prises clientes de Ven­co­rex dans la liqui­da­tion de l’entreprise. »

Auré­lie Trou­vé, dépu­tée LFI de Seine-Saint-Denis

L’é­lue insou­mise met éga­le­ment en doute les « rai­sons bud­gé­taires avan­cées par le gou­ver­ne­ment » pour ne pas sou­te­nir davan­tage le pro­jet de coopé­ra­tive des sala­riés. Des expli­ca­tions qui « inter­rogent », selon elle, « puisque les coûts de l’a­ban­don de la pro­duc­tion (…) risquent d’être bien supé­rieurs à celui de son main­tien ». Une réfé­rence notam­ment à la dépol­lu­tion du site, dont le coût esti­mé appro­che­rait le mil­liard d’eu­ros. Ce qui a conduit l’a­vo­cat Pierre Janot, repré­sen­tant les syn­di­cats (CGT, CFE-CGC, CFDT) et des asso­cia­tions, à inter­pel­ler le 16 avril les indus­triels. Les­quels devraient, selon lui, prendre en charge la dépol­lu­tion.

Les coûts de l’a­ban­don de la pro­duc­tion — notam­ment la dépol­lu­tion du site — seront bien supé­rieurs à celui de son main­tien. © Manuel Pavard

Auré­lie Trou­vé indique, dans son com­mu­ni­qué, dépo­ser une demande de com­mis­sion d’en­quête « en tant que pré­si­dente des affaires éco­no­miques ». Ceci, annonce-t-elle, « en vue d’é­ta­blir les res­pon­sa­bi­li­tés du gou­ver­ne­ment et des entre­prises clientes de Ven­co­rex dans la liqui­da­tion de l’entreprise ».

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