Vencorex. Aurélie Trouvé demande une commission d’enquête parlementaire
Par Manuel Pavard
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« Le gouvernement devra s’expliquer. J’en ferai une démarche transpartisane. » La députée LFI-NFP de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, annonce la couleur sur X, expliquant l’objectif de son action. Elle demande une commission d’enquête parlementaire « sur l’abandon de l’usine Vencorex », indique-t-elle dans un communiqué diffusé ce mardi 22 avril.
Sa démarche intervient un peu moins de deux semaines après le coup de massue qu’a constitué la décision rendue le 10 avril par le tribunal de commerce de Lyon. Les juges ont en effet écarté le projet de reprise par une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), porté par les salariés, la CGT, des collectivités territoriales et l’industriel local Olivier Six, retenant l’offre de l’entreprise hongroise BorsodChem, filiale de Wanhua.

Problème, rappelle Aurélie Trouvé, « seule une petite partie est reprise par le groupe chinois Wanhua », qui était en outre le « principal concurrent » de Vencorex. Le repreneur ne conserve ainsi que l’atelier Tolonates, soit 54 salariés (au maximum) sur les 460 que comptait initialement l’entreprise. Pour le reste, la majeure partie de l’activité va cesser sur les 120 hectares de la plateforme chimique de Pont-de-Claix.
« Notre souveraineté industrielle est en danger »
La députée LFI pointe donc le danger guettant la souveraineté industrielle du pays. « L’abandon de cette production menace directement l’autonomie technologique et industrielle de la France dans des secteurs aussi cruciaux que le nucléaire, le spatial et la défense », redoute-t-elle. La conséquence de l’effet domino observé sur l’ensemble de la filière chimique, à commencer par Arkema et Framatome, toutes deux étroitement liées à Vencorex, sur la plateforme voisine de Jarrie.

Pourtant, « des élus politiques de tous bords, nationaux et locaux, ainsi que des syndicats de salariés ont alerté le gouvernement depuis des mois sur l’avenir de cette usine », souligne Aurélie Trouvé, qui regrette « qu’aucune mesure concrète et efficace n’ait été prise par le gouvernement ». L’ancienne coprésidente et porte-parole d’Attac cite la « renationalisation temporaire », refusée par François Bayrou, ou la proposition d’un investisseur indien qui « n’a visiblement pas été étudiée, alors qu’elle était sur la table ».
« Je dépose une demande de commission d’enquête en vue d’établir les responsabilités du gouvernement et des entreprises clientes de Vencorex dans la liquidation de l’entreprise. »
Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis
L’élue insoumise met également en doute les « raisons budgétaires avancées par le gouvernement » pour ne pas soutenir davantage le projet de coopérative des salariés. Des explications qui « interrogent », selon elle, « puisque les coûts de l’abandon de la production (…) risquent d’être bien supérieurs à celui de son maintien ». Une référence notamment à la dépollution du site, dont le coût estimé approcherait le milliard d’euros. Ce qui a conduit l’avocat Pierre Janot, représentant les syndicats (CGT, CFE-CGC, CFDT) et des associations, à interpeller le 16 avril les industriels. Lesquels devraient, selon lui, prendre en charge la dépollution.

Aurélie Trouvé indique, dans son communiqué, déposer une demande de commission d’enquête « en tant que présidente des affaires économiques ». Ceci, annonce-t-elle, « en vue d’établir les responsabilités du gouvernement et des entreprises clientes de Vencorex dans la liquidation de l’entreprise ».