La Rampe-Echirolles. Dafné Kritharas quintet. Un concert éclectique et poétique
Par Régine Hausermann
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Les instruments sont déployés sur scène. Côté cour à l’arrière-plan, une batterie impressionnante ; à l’avant, une contrebasse et d’autres instruments à cordes. Côté jardin face à la batterie, un piano à queue et un synthé, des guitares à l’avant. Les quatre musiciens s’installent, suivis de la chanteuse aux pieds nus — façon Cesaria Evora — qui s’empare du micro placé sur un pied au centre de la scène. Elle s’appuie sur un tabouret haut et s’excuse de ne pouvoir danser comme à l’accoutumée, à cause d’une entorse. Sa jupe noire à volants et son haut à bretelles font valoir sa silhouette élancée et gracieuse. Ses cheveux longs et frisés qu’elle agite « dans l’air comme un mouchoir ! », qui recouvre son visage, qu’elle repousse en arrière avec son bras au rythme des morceaux, évoque la « crinière lourde » du poème de Baudelaire « la chevelure ».
Sa voix fuse, claire, cristalline, dans une composition en grec. Suivent des chants en français. Un enfant essaie de discerner les étoiles malgré les cicatrices qui lacèrent le ciel. Une femme se venge de la violence conjugale en se réfugiant en haut d’une montagne où elle égorge les hommes qui s’y aventurent. Contre la violence et la guerre qui défigurent nos contrées, célébrons la joie. Les musiques nous transportent en Grèce, en Turquie, dans les Balkans, au Moyen-Orient. A deux reprises, le piano seul accompagne un chant intimiste. Souvent les instrumentistes se muent en chœur autour de la chanteuse. Un duo sentimental réunit Dafné et Paul Barreyre, « un enfant du Grésivaudan », son compagnon, le guitariste auteur-compositeur qui a composé les chansons en français.
Dafné Kitharas remercie Josefa Gallardo, la directrice de la Rampe, qui lui a proposé de revenir après sa prestation l’an passé lors du concert d’André Manoukian. Elle s’émerveille que la salle soit remplie. Au moment de quitter la scène après un bis et la lecture de l’appel « Debout pour la culture », l’artiste franco-grecque est retenue par une partie du public qui entonne un air grec. Ravie, elle reprend le micro pour chanter à l’unisson. Un chaleureux moment de beauté, de partage et d’engagement.
# DeboutPourLaCulture
Impressionnant de voir toute une salle debout ! Le public, associé aux artistes et aux professionnels, toutes et tous debout contre la casse budgétaire du service public de la culture. Après plusieurs mois d’attaques délibérées à l’encontre du secteur, le ministère de la Culture a annoncé, mi-janvier, une baisse de 130 millions d’euros des crédits de la mission Culture, qui affectera le budget de l’Etat. Inacceptable ! « Un plan de licenciement massif » : voilà ce que dénoncent les professionnels du secteur culturel dans une pétition impulsée par le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), que nous vous invitons à signer.
DEBOUT POUR LA CULTURE ! DEBOUT POUR LE SERVICE PUBLIC !
Les coupes budgétaires de l’Etat et des collectivités plongent le service public de l’art et de la culture dans une situation alarmante.
Chaque fois qu’une coupe budgétaire de 20.000 euros est annoncée, c’est l’équivalent d’un emploi permanent dans une structure culturelle ou d’un emploi artistique, technique ou administratif intermittent, qui est menacé de disparition.
A chaque perte d’emploi, c’est l’accès à l’art et à la culture qui recule pour toute la population française, dans les villes, dans les villages ruraux, dans les banlieues. C’est moins de créations, moins de représentations, moins d’éducation artistique dans les établissements scolaires, moins d’interventions culturelles dans les hôpitaux ou ailleurs.
A chaque perte d’emploi, les risques augmentent de cessation d’activité des équipes artistiques et des lieux qui nous permettent de nous réunir et de faire débat.
Le contexte d’austérité budgétaire ne peut pas occulter les menaces qui planent sur notre démocratie. C’est pourquoi nous disons que sacrifier les services publics, dont celui de l’art et de la culture, est un calcul dangereux au regard des grands bénéfices sociétaux qui en découlent. Que l’État consacre 0,8 % de son budget à cette politique publique est déjà largement insuffisant pour répondre aux besoins exprimés par la population et par les professionnels.
Aussi, nous toutes et tous, bénéficiaires du service public de l’art et de la culture, publics, artistes, technicien.ne.s, salarié.e.s, directeur.ices de lieux, nous nous tenons debout, ensemble, pour affirmer notre besoin d’une culture vivante qui stimule les imaginaires, partage les savoirs, reflète notre diversité et favorise le bien vivre ensemble.
Ensemble, nous nous tenons debout pour défendre notre service public, ses emplois et les revendications portées unitairement par les syndicats d’employeurs et de salariés.
Texte de la pétition proposée par le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles