La Tour-du-Pin. Le lycée Élie-Cartan veut sauver ses filières industrielles
Par Edouard Schoene
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L’argument des services du ministère de l’Éducation nationale et du conseil régional est classique : pas assez de débouchés, pas assez d’élèves, pas assez de poursuites d’étude. Ce que réfutent les enseignantes que nous avons rencontrées : « Nous avons regardé et constaté que Pôle emploi propose des postes dans l’industrie, chez nous, en couture et tissage. » Quant au nombre d’élèves, « en bac pro, la capacité d’accueil est de 12, on remplit à 15 ; en CAP on remplit et le taux réussite au bac couture se situe entre 85 et 90% ».
Pour faire mieux, elles ont des idées. « L’appellation du bac pro PLP, « Pilote de ligne production » n’a aucun sens, si l’on voulait attirer les élèves qui s’intéressent au textile, on pourrait le nommer par exemple « bac pro des métiers du tissage et du textile », ça aiderait à l’orientation en troisième. » « Nous avons même eu des stagiaires qui s’imaginaient découvrir le pilotage d’avions de ligne », s’amuse une enseignante. D’autant que la question n’est pas anodine : cette absence de visibilité du bac « PLP » se traduit par des effectifs limités, dont la faiblesse est utilisée pour justifier la fermeture. Quand on veut fermer une ligne de chemin de fer, on commence par faire rouler les trains à 30 km/h, adage connu.
Et les enseignantes s’indignent du discours sur la nécessaire réindustrialisation accompagné de fermetures de « formations industrielles au bénéfice du tertiaire. » Volonté de fermetures d’autant moins compréhensibles que des investissement coûteux ont été consentis, de l’ordre de 400 000 euros pour le renouvellement du parc de machines et les mises en conformité des équipements. « On vient d’attaquer un nouveau référentiel de formation, une évolution positive, un travail qui serait interrompu », ajoute une enseignante en une incompréhension supplémentaire.
Le lycée professionnel Élie-Cartan joue également un rôle important pour le Nord-Isère et les jeunes issus de milieux modestes. « Ils trouvent chez nous un lieu d’épanouissement qui leur donne des perspectives d’emploi. Un élève venu de Nîmes s’est joint à notre manifestation le 16 janvier pour témoigner de son succès professionnel grâce à notre établissement. » Ce dont témoignent des lycéennes présentes devant le rectorat. « Je suis dans ce lycée là parce que ma famille était dans le tissage. Je fais mes études en alternance à Saint-Clair Textiles avec une perspective de formation BTS et une embauche », nous dit l’entre elles. Une autre souhaite poursuivre en BTS pour devenir créatrice dans le design mode.
A noter encore que le dernier rapport d’évaluation du lycée professionnel notait que l’établissement répondait aux besoins des entreprises textile de la région, Porcher, Hexcel, Ferrari, Dickson…
Soutenu par plusieurs industriels et professionnels isérois du textile et de la couture, le collectif Élie-Cartan a également lancé une pétition en ligne contre la fermeture, qui a déjà recueilli plus de sept cents signatures à la date du 28 janvier.