La Tour-du-Pin. Le lycée Élie-Cartan veut sauver ses filières industrielles

Par Edouard Schoene

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Une délégation est venue lundi pour faire entendre la voix du lycée devant le rectorat de Grenoble.
Enseignants et élèves du lycée Élie-Cartan, à La Tour-du-Pin, manifestaient lundi 27 janvier devant le rectorat de Grenoble pour s’opposer à la fermeture de deux formations de bac pro, Métiers de la couture et de la confection et Pilote de production (tissage) ainsi que d’un CAP, « vêtement flou ».

L’argument des ser­vices du minis­tère de l’Éducation natio­nale et du conseil régio­nal est clas­sique : pas assez de débou­chés, pas assez d’élèves, pas assez de pour­suites d’étude. Ce que réfutent les ensei­gnantes que nous avons ren­con­trées : « Nous avons regar­dé et consta­té que Pôle emploi pro­pose des postes dans l’industrie, chez nous, en cou­ture et tis­sage. » Quant au nombre d’élèves, « en bac pro, la capa­ci­té d’accueil est de 12, on rem­plit à 15 ; en CAP on rem­plit et le taux réus­site au bac cou­ture se situe entre 85 et 90% ».

Pour faire mieux, elles ont des idées. « L’appellation du bac pro PLP, « Pilote de ligne pro­duc­tion » n’a aucun sens, si l’on vou­lait atti­rer les élèves qui s’intéressent au tex­tile, on pour­rait le nom­mer par exemple « bac pro des métiers du tis­sage et du tex­tile », ça aide­rait à l’orientation en troi­sième. » « Nous avons même eu des sta­giaires qui s’imaginaient décou­vrir le pilo­tage d’avions de ligne », s’amuse une ensei­gnante. D’autant que la ques­tion n’est pas ano­dine : cette absence de visi­bi­li­té du bac « PLP » se tra­duit par des effec­tifs limi­tés, dont la fai­blesse est uti­li­sée pour jus­ti­fier la fer­me­ture. Quand on veut fer­mer une ligne de che­min de fer, on com­mence par faire rou­ler les trains à 30 km/h, adage connu.

Des lycéennes avaient tenu à faire le dépla­ce­ment.

Et les ensei­gnantes s’indignent du dis­cours sur la néces­saire réin­dus­tria­li­sa­tion accom­pa­gné de fer­me­tures de « for­ma­tions indus­trielles au béné­fice du ter­tiaire. » Volon­té de fer­me­tures d’autant moins com­pré­hen­sibles que des inves­tis­se­ment coû­teux ont été consen­tis, de l’ordre de 400 000 euros pour le renou­vel­le­ment du parc de machines et les mises en confor­mi­té des équi­pe­ments. « On vient d’attaquer un nou­veau réfé­ren­tiel de for­ma­tion, une évo­lu­tion posi­tive, un tra­vail qui serait inter­rom­pu », ajoute une ensei­gnante en une incom­pré­hen­sion sup­plé­men­taire.

Le lycée pro­fes­sion­nel Élie-Car­tan joue éga­le­ment un rôle impor­tant pour le Nord-Isère et les jeunes issus de milieux modestes. « Ils trouvent chez nous un lieu d’épanouissement qui leur donne des pers­pec­tives d’emploi. Un élève venu de Nîmes s’est joint à notre mani­fes­ta­tion le 16 jan­vier pour témoi­gner de son suc­cès pro­fes­sion­nel grâce à notre éta­blis­se­ment. » Ce dont témoignent des lycéennes pré­sentes devant le rec­to­rat. « Je suis dans ce lycée là parce que ma famille était dans le tis­sage. Je fais mes études en alter­nance à Saint-Clair Tex­tiles avec une pers­pec­tive de for­ma­tion BTS et une embauche », nous dit l’entre elles. Une autre sou­haite pour­suivre en BTS pour deve­nir créa­trice dans le desi­gn mode.

A noter encore que le der­nier rap­port d’évaluation du lycée pro­fes­sion­nel notait que l’établissement répon­dait aux besoins des entre­prises tex­tile de la région, Por­cher, Hex­cel, Fer­ra­ri, Dick­son…

Sou­te­nu par plu­sieurs indus­triels et pro­fes­sion­nels isé­rois du tex­tile et de la cou­ture, le col­lec­tif Élie-Car­tan a éga­le­ment lan­cé une péti­tion en ligne contre la fer­me­ture, qui a déjà recueilli plus de sept cents signa­tures à la date du 28 jan­vier.

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