Grenoble. Le local de travail des livreurs, ce n’est plus seulement la rue
Par Luc Renaud
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Les sourires étaient de rigueur, rue Saint-François ce samedi, à deux pas de la place Grenette. Des sourires pour un aboutissement heureux : les livreurs à vélo disposent désormais d’un local fermé, mis à leur disposition par la ville de Grenoble.
Et ce n’est pas du luxe. Mohamed Fofana, qui intervenait au nom du syndicat CGT des livreurs et de l’Association pour les droits et l’accompagnement des livreurs indépendants (ADALI), le rappelait : « Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou que ce soit la canicule… : par tous les temps nous attendons les commandes dans la rue ». Parfois sous un abribus ou l’auvent d’un commerce, avec les tensions que cela suscite parfois.
Certes, les revendications demeurent : les plateformes (Uber, Deliveroo…) contraignent les livreurs au statut d’autoentrepreneur, en ignorant ainsi « toutes les obligations d’un employeur classique. Nous devons financer nous mêmes nos outils de travail, vélo, téléphone, équipements… » Avec des revenus uniquement liés au temps passé sur le vélo : « Nous sommes payés à la course, et non sur notre temps de travail réel qui comprend de nombreux temps d’attente, pendant lequel nous restons à la disposition des plateformes, sans être payés », soulignait Mohamed Fofana.
Mais si la reconnaissance de la réalité du statut d’employeur des plateforme reste à conquérir, l’heure était à la satisfaction, ce samedi soir. Les premiers contacts avec la ville de Grenoble remontent à 2021, à l’initiative de l’union locale CGT. Une solution transitoire avait été trouvée, à la maison des habitants du Vieux temple. Après travaux de remise en état, les livreurs disposent désormais d’un local bien à eux, chauffé l’hiver et permettant de se mettre à l’ombre l’été. Laura Pfsiter, adjointe au maire de Grenoble, et les responsables de la MDH du Vieux Temple en ont été dûment remerciés.
Une soirée qui marque un succès des livreurs et de leur syndicat pour l’amélioration de leurs conditions de travail.
Avec un rappel : « le combat des livreurs contre la précarité concerne tous les salariés, insistait Alain Lavy, militant de l’union locale CGT, ce contre quoi ils luttent, c’est ce que voudrait imposer le patronat à tous les salariés et grignotant les droits acquis l’un après l’autre ».
La préfecture bloque les titres de séjour
Le syndicat CGT des travailleurs sans-papiers de l’Isère et le Collectif d’associations africaines et étudiante de l’Isère appellent à un rassemblement mercredi 4 décembre à 11h15, devant la préfecture, place de Verdun.
Les deux organisations protestent contre le blocage de la préfecture. Il devient en effet impossible d’obtenir le simple renouvellement d’un titre de séjour, ou encore de déposer une demande. « La préfecture devient inaccessible et il est impossible d’obtenir des rendez-vous », relevait ainsi Steeve Fluxman, responsable du syndicat CGT des sans-papiers, présent lors de l’inauguration du local des livreurs. « Les conséquences de ces blocages sont grave : perte de travail et d’aides sociales, perte d’alternance, impossibilité de poursuivre des études pour les étudiants… »
Une réalité et une injustice que syndicalistes et étudiants feront entendre sous les fenêtres de la nouvelle préfette ce mercredi 4 décembre.