Grenoble. Face aux parlementaires du NFP, l’intersyndicale des hôpitaux isérois s’alarme de la situation « dramatique » du système de santé

Par Manuel Pavard

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Les participants se sont réunis à la permanence de Guillaume Gontard, la direction du CHU Grenoble Alpes n’ayant pas mis de salle à leur disposition.

Le sénateur écologiste Guillaume Gontard et les députés du Nouveau Front populaire Hugo Prevost, Marie-Noëlle Battistel, Sandrine Nosbé et Jérémie Iordanoff ont rencontré, vendredi 6 septembre, à Grenoble, les syndicats des centres hospitaliers de l’Isère. Au menu : la situation « dramatique » de l’hôpital public et du système de santé, ainsi que la dégradation continue des conditions de travail des soignants, qui estiment avoir atteint un point de non-retour.

« La crise hos­pi­ta­lière n’est pas nou­velle mais elle est de plus en plus ter­rible. On voit bien le dys­fonc­tion­ne­ment total, non seule­ment de l’hôpital mais aus­si de l’ensemble du sys­tème de san­té. » Le constat de Guillaume Gon­tard est sans appel. Il découle de la longue entre­vue qu’ont eue le séna­teur éco­lo­giste de l’Isère et les dépu­tés du Nou­veau Front popu­laire Hugo Pre­vost, Marie-Noëlle Bat­tis­tel, San­drine Nos­bé et Jéré­mie Ior­da­noff, ven­dre­di 6 sep­tembre, avec l’intersyndicale inter­pro­fes­sion­nelle et inter-éta­blis­se­ments des centres hos­pi­ta­liers isé­rois. Sol­li­ci­tés par les syn­di­cats, les par­le­men­taires de gauche ont échan­gé avec une ving­taine de repré­sen­tants du per­son­nel (CGT, Sud, CFDT, FO, Defis, Unsa) exer­çant dans les hôpi­taux de tout le dépar­te­ment (Gre­noble, Voi­ron, Saint-Égrève, Bour­goin-Jal­lieu, La Mure…). Une ren­contre qui s’est tenue dans les locaux de la per­ma­nence gre­no­bloise de Guillaume Gon­tard, faute d’autorisation de la direc­tion du CHU Gre­noble Alpes pour se réunir dans l’établissement.
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Les par­le­men­taires NFP ont lon­gue­ment échan­gé avec l’in­ter­syn­di­cale des centres hos­pi­ta­liers.

La réunion a de nou­veau mis en exergue la « situa­tion dra­ma­tique » de l’hôpital public. Ce n’est pour­tant pas la pre­mière fois, loin de là, que les soi­gnants tirent la son­nette d’alarme. Pas une semaine ne passe en effet sans qu’on évoque le manque de méde­cins, les fer­me­tures des urgences, comme à Voi­ron, Bour­goin-Jal­lieu ou Pont-de-Beau­voi­sin récem­ment, ou les cas de patients contraints de patien­ter plus de 24 heures sur un bran­card, dans un cou­loir, avant d’être pris en charge.

« Une méde­cine qui devient dan­ge­reuse pour les patients »

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Une ving­taine de syn­di­ca­listes repré­sen­tant l’en­semble des hôpi­taux isé­rois étaient pré­sents

« Mais c’est encore plus fort quand on écoute le per­son­nel », sou­ligne Guillaume Gon­tard. De nom­breux soi­gnants estiment ain­si se trou­ver — invo­lon­tai­re­ment bien sûr — « dans une posi­tion de mal­trai­tance, avec une méde­cine qui devient dan­ge­reuse pour les patients », rap­porte-t-il. D’où « une perte de sens et un mal-être au tra­vail » poin­tés par beau­coup d’entre eux. Tout cela découle en plus d’un « choix poli­tique, finan­cier et comp­table », tota­le­ment « assu­mé » par le der­nier comme le pro­chain gou­ver­ne­ments, accuse le séna­teur de l’Isère. Il s’agit de fait, résume-t-il, du « choix d’une san­té à deux vitesses : un ser­vice public com­plè­te­ment dégra­dé et un sys­tème pri­vé pour ceux qui peuvent se le payer ».
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Le séna­teur Guillaume Gon­tard entou­ré des dépu­tés Hugo Pre­vost et San­drine Nos­bé.

« Quand va-t-on écou­ter le per­son­nel hos­pi­ta­lier ? », s’insurge San­drine Nos­bé. Bien que « consciente de la situa­tion du ser­vice public de la san­té », la dépu­tée de la 9e cir­cons­crip­tion de l’Isère s’avoue « encore plus éton­née » de l’ampleur de sa « dégra­da­tion ». « Une repré­sen­tante d’un syn­di­cat a expli­qué qu’on ne par­lait même plus de souf­france au tra­vail tel­le­ment c’est plus fort que ça. Il y en a une qui a dit le mot sui­cide », raconte-t-elle. Au vu des pro­pos des soi­gnants, affirme San­drine Nos­bé, « le sys­tème n’est même plus à bout de souffle, il est au plus bas ! Et je crois qu’ils veulent l’achever », lance l’élue insou­mise, allu­sion au dis­cours de Michel Bar­nier et à la poli­tique de son futur gou­ver­ne­ment.
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Le CHU Gre­noble Alpes.

Néan­moins, les témoi­gnages enten­dus ce jour-là four­nissent des argu­ments aux dépu­tés du NFP pour les futures joutes par­le­men­taires. « Ce sont des cas concrets à oppo­ser aux macro­nistes qui parlent de chiffres, de lignes, de coupes ici et là », explique Hugo Pre­vost. « Ça nous per­met de leur répondre « ce que vous dites là, ce sont très concrè­te­ment x morts, ou des méde­cins qui com­mencent leur ser­vice aux urgences avec cent patients ayant pas­sé la nuit dans des condi­tions dra­ma­tiques, etc ». » Le dépu­té de la 1re cir­cons­crip­tion de l’Isère rap­pelle que les reven­di­ca­tions des soi­gnants sont connues et que « les solu­tions existent ». Par­mi elles, « une meilleure recon­nais­sance des sta­tuts et des horaires, une reva­lo­ri­sa­tion des salaires, plus de méde­cins, de bras, de lits »… Or, pour­suit Hugo Pre­vost, « les Fran­çais ont voté pour ce que pro­posent les orga­ni­sa­tions syn­di­cales » et que reprend éga­le­ment le pro­gramme du Nou­veau Front popu­laire. « Ce sont des choix à la fois éco­no­miques et poli­tiques », ajoute-t-il.
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Les soi­gnants font entendre leur colère depuis des années.

Face aux poli­tiques néo-libé­rales conduites par les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs et au ping-pong des agences régio­nales de san­té (ARS) et direc­tions des hôpi­taux, qui « se ren­voient la balle » sans assu­mer leur res­pon­sa­bi­li­té, les par­le­men­taires de gauche entendent bien jouer leur carte. Ceci, notam­ment lors de la pro­chaine échéance, à savoir le pro­jet de loi de finan­ce­ment de la sécu­ri­té sociale (PLFSS). « On demande l’ouverture d’une ses­sion extra­or­di­naire », indique Guillaume Gon­tard. « On va batailler à l’Assemblée natio­nale et au Sénat », abonde San­drine Nos­bé. Car « il y a urgence pour sau­ver notre sys­tème de san­té », qu’elle ne recon­naît plus aujourd’hui : « Ce n’est pas la France ! »
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Par­le­men­taires et syn­di­cats espèrent recon­duire ce type de réunion dans les mois à venir.

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