Nord-Isère. Le mouvement se poursuit dans l’éducation

Par Didier Gosselin

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Samedi 6 avril à Pont-de-Chéruy, enseignants, parents et personnels mobilisés pour obtenir des moyens pour l’éducation.

Nouvelle manifestation le 6 avril à Pont-de-Chéruy, opérations collèges morts à Villefontaine et Bourgoin… la mobilisation se poursuit contre la dégradation des conditions d’enseignement pour les élèves. Une délégation sera reçue le 12 avril au rectorat de Grenoble.

Ensei­gnants, per­son­nels de l’éducation, parents, élèves des lycées, col­lèges et écoles pri­maires main­tiennent et déve­loppent leur mobi­li­sa­tion dans le Nord-Isère. Same­di 6 avril, 150 per­sonnes étaient au départ de la mai­rie de Pont-de-Che­ruy pour pour­suivre l’action contre les mesures Attal, le choc des savoirs, l’amputation bud­gé­taire de 700 mil­lions d’euros, et exi­ger la créa­tion de postes immé­dia­te­ment pour répondre aux besoins dans dif­fé­rentes dis­ci­plines et pour­voir aux rem­pla­ce­ments, ain­si que pour l’encadrement des élèves et leur sui­vi social et médi­cal.

Co-construc­tion de l’action

Cette mani­fes­ta­tion fai­sait suite à celle du 2 avril qui a ras­sem­blé lar­ge­ment, y com­pris les col­lèges et lycées du bas­sin ber­jal­lien. Pour Cécile Dhai­naut, ensei­gnante au lycée La Pleiade de Pont-de-Che­ruy et repré­sen­tante du SNES-FSU, « ce mou­ve­ment pro­duit du dia­logue, de l’ouverture et une co-construc­tion de l’action, comme l’a mon­tré l’assemblée géné­rale du 2 avril à Tignieu qui a réuni 80 per­son­nels et parents ».

Jeu­di 4 avril, les col­lèges Louis Ara­gon et Sonia Delau­nay de Vil­le­fon­taine ont orga­ni­sé une opé­ra­tion col­lège mort en deman­dant aux parents de gar­der leurs enfants. Quinze élèves seule­ment étaient pré­sents à Ara­gon et 10 à Delau­nay, et une réunion d’information aux parents, com­mune aux deux col­lèges, est pré­vue pour jeu­di 11 avril. A Bour­goin-Jal­lieu, c’est ven­dre­di 5 avril que les ensei­gnants du col­lège Sal­va­dor Allende ont orga­ni­sé avec suc­cès une opé­ra­tion col­lège mort, avec 40 élèves pré­sents seule­ment sur 830, sui­vie d’une ren­contre avec les parents.

Favo­ri­tisme finan­cier

Mar­di 9 avril, les repré­sen­tants des ensei­gnants du lycée pro­fes­sion­nel Jean-Claude Aubry de Bour­goin-Jal­lieu dépo­se­ront en conseil d’administration une motion deman­dant un plan d’urgence pour leur lycée qui « souffre depuis plu­sieurs années d’un défi­cit d’investissement et donc d’un vieillis­se­ment pré­ju­di­ciable de cer­tains pla­teaux tech­niques péda­go­giques. Les élèves, les apprenti·e·s et salarié·e·s de la for­ma­tion conti­nue du lycée Jean-Claude Aubry ne sont aujourd’hui plus en mesure d’être formé·e·s à la hau­teur exi­gée par les enjeux de réin­dus­tria­li­sa­tion, de réar­me­ment ou de recon­quête indus­trielle pour­tant au cœur des dis­cours média­tiques et poli­tiques… Des enseignant·e·s d’ateliers pro­fes­sion­nels du lycée tirent la son­nette d’alarme qui constatent une dégra­da­tion inquié­tante de leur outil de tra­vail et de for­ma­tion dans le cadre d’une mise en concur­rence avec des centres d’apprentissage béné­fi­ciant de pla­teaux tech­niques ultra-moder­ni­sés et d’un favo­ri­tisme finan­cier fla­grant depuis la réforme de la taxe d’apprentissage », indique notam­ment cette motion.

A rebours du dis­cours domi­nant qui ne met l’accent que sur la menace ter­ro­riste ou les vio­lences sur les per­son­nels et les élèves, il convient de sou­li­gner, pour­suit Cécile Dhai­naut, le large et inédit ras­sem­ble­ment des pro­fes­sion­nels et usa­gers de l’école : AED, AESH en nombre, professeur.e.s des écoles, des col­lèges et lycées, CPE, PsyEN, parents (FCPE ou non affi­liés), repré­sen­tants d’élèves.… « Le sort de l’é­cole relève d’une res­pon­sa­bi­li­té col­lec­tive, pour­suit-elle, et il faut docu­men­ter le rejet du choc des savoirs, du tri social, que pour l’ins­tant seules les presses locales relaient. »

91 élèves de plus, deux classes sup­pri­mées

Un tra­vail de ter­rain, comme cela se fait au lycée La Pléiade de Pont-de-Che­ruy où, pré­cise Cécile Dhai­naut, « au nom du col­lec­tif des per­son­nels ensei­gnants, édu­ca­tion et tech­niques et parents, nous récu­sons toute légi­ti­mi­té à l’é­va­lua­tion du lycée qui a été menée depuis plu­sieurs semaines. Alors que nous accueille­rons l’an­née pro­chaine 91 élèves de plus, il nous est sup­pri­mé deux classes de seconde. C’est une grave dégra­da­tion des condi­tions d’enseignement pour les élèves, les ensei­gnants et tous les per­son­nels du lycée. Dégra­da­tion qui se réper­cu­te­ra les années sui­vantes sur les classes de pre­mière puis les classes de ter­mi­nale.
Il nous man­que­ra 113 heures pro­fes­seurs pour seule­ment main­te­nir les condi­tions d’en­sei­gne­ment que nous avons aujourd’­hui.
Il y a 20 ans le lycée avait 750 élèves et 2 CPE, 6 AED ; l’an pro­chain les élèves seront plus de 1250 avec tou­jours 2 CPE, 6 AED seule­ment. Pour ce qui est des pro­fes­seurs, le lycée fonc­tion­nait avec 17% de moyens d’en­ca­dre­ment en plus par élève. L’é­cart est énorme.
Les situa­tions sociale et édu­ca­tive du bas­sin, si elles se sont légè­re­ment amé­lio­rées depuis quelques années sont tou­jours très dif­fi­ciles : nos élèves ont des dif­fi­cul­tés plus mar­quées qu’ailleurs, il suf­fit de regar­der les chiffres de réus­site et de men­tions au bre­vet et au bac qui sont détaillés dans le rap­port d’é­va­lua­tion interne pour s’en convaincre.
En consé­quence nous récu­sons toute légi­ti­mi­té à une éva­lua­tion qui ne remet­trait pas en cause la dimi­nu­tion des moyens d’en­sei­gne­ment.
C’est pour­quoi nous exi­geons le main­tien à 30 par classe dans tous les niveaux du lycée géné­ral et tech­no­lo­gique La Pléiade, un poste sup­plé­men­taire de CPE, des postes d’EAED, des AESH en nombre suf­fi­sant, le recru­te­ment de pro­fes­seurs rem­pla­çants en nombre suf­fi­sant et un poste d’As­sis­tante sociale pré­sente au lycée pour nos élèves. »

C’est ce dis­cours qui sera por­té par la délé­ga­tion qui sera reçue ven­dre­di 12 avril au rec­to­rat de Gre­noble.

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