Un séjour hospitalier dont elle ne gardera pas un excellent souvenir.
Une chute, des fractures. Témoignage d’une prise en charge qui révèle l’insuffisance des moyens disponibles à l’hôpital.
Je suis entrée le 12 janvier 2024 à l’hôpital sud d’Echirolles pour une opération de l’épaule. Si ce n’est le fait que je n’ai pas vu le chirurgien après l’opération, j’ai bien été prise en charge, de l’opération à la rééducation. Il n’en a pas été de même pour ma voisine de chambre, les trains n’arrivent pas tous à l’heure.
Après une chute le samedi 13 janvier et une série de radios à Villard-de-Lans, elle est plâtrée et le médecin lui indique qu’elle doit se faire opérer car elle a de multiples fractures à la malléole interne et externe, au tibia et au péroné. Un rendez vous est pris à l’hôpital sud d’Echirolles pour le lundi suivant et les examens pratiqués sont envoyés à l’hôpital.
Le lundi matin la blessée se rend à l’hôpital. Dès son entrée on lui demande de préciser les traitements qui lui ont été prescrits. Puis on complète ses examens. L’ opération est prévue en fin d’après midi et on lui enlève le plâtre. Elle redonne les informations en indiquant qu’on lui a fait une piqûre d’anti coagulant samedi. Elle attend encore puis on la monte à l’étage où se pratiquent les opérations en ambulatoire. C’est plus tard qu’elle apprend que l’opération ne pourra pas être pratiquée, compte tenu de la nature du traitement qui lui a été administré. Elle sera opérée le lendemain mardi.
On doit lui refaire son plâtre pour la nuit. Lors de cette intervention, elle ressent une vive douleur au niveau des malléoles. Il faut faire des radios, mais elle n’arrive pas à bouger la jambe, se plaignant d’une douleur intolérable. On réussit malgré tout à pratiquer l’examen qui révèle, en plus des fractures, une luxation du talon qui explique la douleur.
Conséquences de choix politiques
Le plâtre est refait après l’intervention d’un médecin qui réduit la luxation sous une courte anesthésie. Le lendemain l’opération est annoncée pour l’après-midi. La blessée attendra toute la journée, à jeun, pour la deuxième fois. A 18h30 on lui présente un plateau repas. Elle s’étonne et elle apprend que l’opération est repoussée au lendemain mercredi. La blessée s’effondre. Elle a attendu toute la journée et il faut recommencer le lendemain.
Le lendemain un médecin vient lui indiquer qu’elle sera opérée dans l’après-midi. Elle devra attendre jusqu’à 17h30 pour qu’on vienne la chercher pour finalement réduire ses fractures.
Illustration parmi d’autres de la crise de l’hôpital et du manque de personnel à tous les étages. Les opérations s’effectuent dans un ordre de priorité qui tient compte de la gravité des situations, de la disponibilité des blocs et des équipes de soignants. L’accès aux soins de qualité pour tous qu’on nous enviait se dégrade. Où va donc notre service public ? Tandis que le privé lucratif se concentre sur les activités « rentables ».
Dans un entretien au Monde en 1989, Michel Roccard, alors Premier ministre, déclarait que l’usager du service public devrait dans bien des cas devenir un « client », à l’instar de ce qui se fait dans dans le secteur privé. Il qualifiait les réductions d’effectifs « d’enjeu majeur ». 45 ans après, nous y sommes : le critère financier prévaut sur la qualité de l’accès aux soins. Tandis que les restrictions d’accès aux études médicales des décennies passées, à l’époque régulièrement dénoncées, produisent aujourd’hui les déserts médicaux et hospitaliers.
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