Grenoble. Pour les droits et libertés au Maghreb et au Moyen Orient

Par Edouard Schoene

/

Image principale
Salle pleine pour cette soirée aux échanges prolongés.

150 personnes ont participé pendant trois heures et demie à la maison du tourisme de Grenoble à une rencontre sur le thème « Évolution des droits et libertés depuis 2009 au Maghreb et au Moyen-Orient ». Cette rencontre riche et dense était organisée par le  Collectif 17 octobre 1961 Isère et plusieurs associations dans le cadre du Festival des solidarités*.

Il reve­nait à Akram Bel­kaïd, rédac­teur en chef du Monde Diplo­ma­tique, d’introduire la ren­contre. Le titre de la ren­contre évoque l’année 2009 où le Moyen-Orient, le Magh­reb ont connu des « fré­mis­se­ments » avec des grèves en Egypte, en Tuni­sie. Le sui­cide de Moha­med Boua­zi­zi, ven­deur ambu­lant qui s’é­tait immo­lé par le feu le 17 décembre 2010 a déclen­ché un mou­ve­ment popu­laire qui a fait tom­ber le pré­sident Ben Ali en trois semaines.

« Ce fut une tâche d’huile à l’ensemble du monde arabe. Le mur de la peur a été bri­sé. » L’orateur déve­loppe en par­lant de Lybie, de Syrie, du Yemen. « Aujourd’hui nous obser­vons une situa­tion de repli, de déclin des liber­tés. Faut-il déses­pé­rer du monde arabe ou faut-il regar­der à plus long terme ? Je suis opti­miste pour le long terme, pes­si­miste pour le court terme. Il y a des acquis issus des déco­lo­ni­sa­tions pour construire l’avenir : l’éducation, les ins­ti­tu­tions, les condi­tions de vie… L’Egypte de 2023 n’a rien à voir avec l’Egypte de Nas­ser. Le grand dan­ger pour cette région est la pré­ser­va­tion d’acquis post indé­pen­dances, le dan­ger d’effondrements des Etats comme au Liban, en Irak, en Syrie… »

Pinar-Selek/

Pinar Selek inter­ve­nait en visio­con­fé­rence.

Pinar Selek, en direct en visio, depuis le Sud de la France où elle est réfu­giée inter­vient ensuite. Socio­logue, écri­vaine, conteuse, mili­tante infa­ti­gable des droits de l’homme, des droits des femmes, des droits des Kurdes, elle est la cible per­ma­nente du pou­voir en place en Tur­quie, ceci depuis 25 ans. Les fas­cistes turcs, les « loups gris » la menacent sur le sol fran­çais. Elle vient d’éditer un ouvrage, Le chau­dron mili­taire turc, où elle elle pose la ques­tion : «  Com­ment la supré­ma­tie mas­cu­line prend-elle forme ? » Pinar Selek se penche sur le ser­vice mili­taire, une obli­ga­tion en Tur­quie. Son étude de ter­rain, réa­li­sée en 2007, se base sur des mul­tiples témoi­gnages.

« Nous avons besoin de réflé­chir et de défi­nir des stra­té­gies pour dépas­ser la situa­tion très grave sur le plan inter­na­tio­nal. Nous devons poser les ques­tions du pour­quoi et du com­ment. » Pinar, à par­tir de l’analyse de la situa­tion en Tur­quie inter­roge l’origine de la vio­lence. « Dans ce pays les vio­lences extrêmes sont bana­li­sées, dans un contexte patriar­cal, mili­taire, natio­na­liste sur une terre muti­lée par les géno­cides, mas­sacres, contre Grecs, Juifs, Armé­niens, Kurdes… »

Nedjma

Ned­j­ma Ben­diab, Anne Tuaillon, Akram Bel­kaïd et Gilles Vinçon.

Au cours de la soi­rée sont ensuite inter­ve­nus des militants·es sur la situa­tion de res­tric­tion des liber­tés en Iran, Algé­rie, Maroc… Un débat nour­ri, riche s’est déve­lop­pé entre la salle et la tri­bune.
En deuxième par­tie de la ren­contre, le débat s’est pour­sui­vi sur la guerre en cours en Israël avec la puni­tion col­lec­tive impo­sée par le pou­voir en place au peuple de Gaza, après l’attaque d’un groupe Hamas dont les consé­quences humaines sont effroyables en vio­la­tion aux droits de guerre.

Anne Tuaillon, vice pré­si­dente de l’Association France Pales­tine soli­da­ri­té (AFPS) et Gilles Vin­çon, res­pon­sable local de l’Union juive fran­çaise pour la paix (UJFP) ont pris la parole et échan­gé avec la salle.

Les orga­ni­sa­teurs ont expri­mé le sou­hait que cette ren­contre, très riche, puisse se pro­lon­ger dans les pro­chaines années dans le cadre du fes­ti­val des soli­da­ri­tés.

* le col­lec­tif 17 octobre 1961 Isère : Algé­rie au Coeur, Amal, Asso­cia­tion natio­nale des pieds- noirs pro­gres­sistes et leurs amis (ANPNPA), asso­cia­tion de soli­da­ri­té des Algé­riens de l’Isère (ASALI), Coup de Soleil en Auvergne Rhône-Alpes, comi­té de sou­tien aux réfu­giés algé­riens (CSRA), La Libre Pen­sée, Le Mou­ve­ment de la Paix, Ras L’Front. Asso­cia­tion France Pales­tine Soli­da­ri­té (AFPS), Asso­cia­tion isé­roise des amis.es des Kurdes (AIAK), Ligue des droits de l’Homme (LDH), Ligue de défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI), Nil 38 (Egypte), Union juive fran­çaise pour la paix (UJFP).

Livres-table/

Partager cet article

Avant de partir

Votre soutien compte pour nous

Le Travailleur alpin vit depuis 1928 grâce à l’engagement de ses lecteurs. Aujourd’hui encore, ce média propose un autre regard sur vos espoirs, vos luttes, vos aspirations. Une voix unique dans la presse d’information départementale.

Pour protéger l’indépendance du Travailleur alpin, assurer son développement, vos dons nous sont précieux – nous assurons leur traitement en partenariat avec la fondation l’Humanité en partage.

Merci d’avance.

Faire un don défiscalisé maintenant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *