Ce jour-là au centre médical de Rocheplane, Émilie Malosse, conteuse et écrivaine, lit un de ses poèmes accompagnée de Alain Lafuente, musicien.

Après son opération du genou à l’hôpital Sud, elle bénéficie d’un séjour au centre de Rocheplane. De quoi se rendre compte tout à la fois des qualités des structures et de la compétence des personnels en même temps que de leur épuisement dans un système qui fonctionne à la limite de la rupture.

Des moyens techniques et humains très performants au service de tous les patients mais jusqu’à quand ? Opérée d’une prothèse totale du genou, elle va bénéficier de soins exemplaires à l’hôpital Sud d’Échirolles et au centre de rééducation Rocheplane à Saint-Martin-d’Hères. De l’opération jusqu’à la prise en charge de la douleur tout est prévu, réglé, efficace. Des soins adaptés, d’une très haute technicité, sont dispensés aux patients.

Pourtant, au sein des services de l’hôpital Sud la situation se dégrade malgré le dévouement du personnel soignant. Cette dégradation a été amplifiée par la crise du COVID. L’envers du décor, c’est la souffrance du personnel et la remise en cause des soins de qualité pour les usagers. Être opéré dans de bonnes conditions et être pris en charge pour une rééducation optimale va-t-il devenir un privilège ?

Avant le covid, le service chirurgie orthopédique de l’hôpital Sud accueillait des patients qui avaient une opération programmée. Les patients étaient plus jeunes et plus valides. Aujourd’hui les opérations les plus légères se font en ambulatoire et le service reçoit des traumatologies très peu programmées. Les soins sont alourdis car les patients sont plus âgés et plus dépendants ce qui représente une surcharge de travail. Il y a maintenant un tri aux urgences pour les admissions. « Ça fait quatre ans que je travaille, j’aime mon métier mais je suis déjà fatiguée moralement et physiquement », explique une aide soignante. « On dit notre souffrance à notre hiérarchie mais rien ne change. »

Hôpital Sud Grenoble

L’hôpital Sud, à Échirolles, l’un des établissements du CHU de Grenoble.

A l’hôpital Sud, au service chirurgie orthopédique et traumatologie du cinquième étage, seize lits ont été supprimés par manque de personnel. Le quatrième étage a carrément fermé. En un an il y a eu dix départs au cinquième étage dûs aux conditions de travail. Les trois quarts des personnes ont changé de métier, les autres ont intégré des emplois moins impactés par la crise. L’hôpital rencontre des difficultés pour embaucher. « Ça part des formations », dit une aide soignante. « Il y a deux cents places après le bac pour devenir infirmier et cinquante jeunes abandonnent en cours d’année. Il y a seulement 54 places dont 23 reports pour les parcours en interne. Rien n’est fait pour faire évoluer les carrières des soignants qui sont motivés », regrette-t-elle.

Il faut rendre les métiers de la santé attractifs. Les infirmières ont eu une augmentation de salaire de quarante euros et des primes auxquelles s’ajoutent les heures supplémentaires majorées. Mais les primes peuvent disparaître et le travail est de plus en plus difficile. «  Nous prenons sur nos jours de congés pour pallier le manque de personnel, parfois nous devons bâcler les soins, c’est insupportable, nous sommes usés, nous souhaitons faire notre travail dans de bonnes conditions », nous indique une infirmière.

Après l’opération il y a la rééducation. La difficulté est d’avoir une place dans un centre de rééducation. Après son opération du genou, elle a la chance d’obtenir une place à Rocheplane. Avec près de trois cents lits d’hospitalisation complète et places d’hôpital de jour, il est l’établissement de référence du bassin grenoblois pour la prise en charge de nombreuses pathologies.

Situé à Saint-Martin-d’Hères, proche des plateaux techniques hospitaliers, des personnes hospitalisées et de leur famille, le bâtiment du centre médical Rocheplane a été conçu dans l’optique de favoriser le confort de la personne hospitalisée. C’est un lieu de vie alliant performance, confort hôtelier et culture.

Engagé depuis 2002 dans le programme régional « Culture à l’hôpital » et en partenariat avec les structures culturelles de Grenoble, le centre médical Rocheplane propose aux personnes hospitalisées des ateliers artistiques hebdomadaires, des spectacles, des conférences et une bibliothèque regroupant plus de sept mille ouvrages. C’est dans ce cadre que la compagnie du Jour intervient.

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