Saint-Martin-d’Hères. Hommage aux manifestants tués le 8 février 1962 métro Charonne à Paris

Par Edouard Schoene

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Les neuf morts du métro Charonne.

David Queiros, maire de Saint-Martin‑d’Hères, la section du PCF de Saint-Martin‑d’Hères, l’union locale CGT et la société des lectrices et lecteurs de l’Humanité invitent à une cérémonie d’hommage aux manifestants tués lors de la manifestation organisée le 8 février 1962 à Paris contre l’OAS et pour la paix en Algérie. Rassemblement mardi 8 février 2022 à 11h place du 8 février 1962 à Saint-Martin‑d’Hères.

Depuis plu­sieurs années, la guerre fai­sait rage en Algé­rie. Les atten­tats de l’OAS se mul­ti­pliaient pour faire obs­tacle au pro­ces­sus de paix qui se des­si­nait. C’était juste un mois avant la signa­ture des accords d’Evian, le 19 mars 1962.
L’appel à mani­fes­ter le 8 février 1962 était ain­si rédi­gé :

TOUS EN MASSE, ce soir à 18 h 30, place de la Bas­tille
Les assas­sins de l’OAS ont redou­blé d’ac­ti­vi­té. Plu­sieurs fois dans la jour­née de mer­cre­di, l’OAS a atten­té à la vie de per­son­na­li­tés poli­tiques, syn­di­cales, uni­ver­si­taires, de la presse et des lettres. Des bles­sés sont à déplo­rer ; l’é­cri­vain Poz­ner est dans un état grave. Une fillette de 4 ans est très griè­ve­ment atteinte. Il faut en finir avec ces agis­se­ments des tueurs Fas­cistes. Il faut impo­ser leur mise hors d’é­tat de nuire. Les com­pli­ci­tés et l’im­pu­ni­té dont ils béné­fi­cient de la part du pou­voir, mal­gré les dis­cours et décla­ra­tions offi­cielles, encou­ragent les actes cri­mi­nels de l’OAS.
Une fois de plus, la preuve est faite que les anti­fas­cistes ne peuvent comp­ter que sur leurs forces, sur leur union, sur leur action. Les orga­ni­sa­tions sous­si­gnées appellent les tra­vailleurs et tous les anti­fas­cistes de la région pari­sienne à pro­cla­mer leur indi­gna­tion, leur volon­té de faire échec au fas­cisme et d’im­po­ser la paix en Algé­rie.

 

Le texte est signé des orga­ni­sa­tions syn­di­cales : CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN et SNI. Le PCF, le PSU et le Mou­ve­ment de la paix sont asso­ciés à l’ap­pel.

La répres­sion a été forte. Mau­rice Papon était pré­fet de Paris. Neuf mani­fes­tants sont morts. Toutes les vic­times étaient syn­di­quées à la CGT et, à une excep­tion près, membres du par­ti com­mu­niste :

  • Jean-Pierre Ber­nard, 30 ans, des­si­na­teur aux PTT ;
  • Fan­ny Dewerpe 31 ans, secré­taire ;
  • Daniel Féry, 15 ans, appren­ti ;
  • Anne-Claude Godeau, 24 ans, employée aux chèques pos­taux
  • Hip­po­lyte Pina, 58 ans, maçon
  • Édouard Lemar­chand, 40 ans, employé de presse
  • Suzanne Mar­to­rell, 36 ans, employée à l’Hu­ma­ni­té
  • Ray­mond Wint­gens, 44 ans, typo­graphe
  • Mau­rice Pochard, employé de bureau, 48 ans, décé­dé le 20 avril 1962 à l’hô­pi­tal à la suite de ses bles­sures.

Plus de 250 bles­sés sont dénom­brés, selon l’Hu­ma­ni­té. Le 13 février, en réac­tion au drame du 8 février, des arrêts de tra­vail sont lar­ge­ment sui­vis. Une foule esti­mée à un mil­lion de per­sonnes (selon l’Humanité) défile à Paris.

huma_1962_02_09_censure

La Une de l’Hu­ma, le 9 février 1962. Avec les car­rés blancs de la cen­sure.

Huma

L’Hu­ma­ni­té, 9 février 1962.

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