Réindustrialisation. La CGT invite les candidats à l’élection présidentielle à se rendre à Moirans
Par Luc Renaud
/
La phase de contrôle du scintillateur, le coeur des appareils de radiologie.
La CGT est à l’origine d’un projet de création d’une filière industrielle de l’imagerie médicale. Le dossier fait maintenant partie de ceux que soutient le Conseil national de l’industrie, organisme gouvernemental, ainsi que trois ministères. Le syndicat invite les candidats à l’élection présidentielle à venir sur place dire ce qu’ils en pensent.
« Nous devons maintenant concrétiser, c’est là un choix politique au niveau national et c’est pourquoi nous invitons les candidats à l’élection présidentielle à venir à Moirans pour nous dire comment ils comptent appuyer ce projet de réindustrialisation. » Franck Perrin, délégué CGT chez Thales Trixell, commentait ce 20 janvier devant la presse locale cette invitation syndicale lancée aux candidats.
Franck Perrin, responsable CGT Thales Trixell, et Chantal Sala, secrétaire du syndicat CGT au CHU de Grenoble.
Et cela pour des propositions désormais soutenues largement au-delà des rangs de la CGT : le dossier compte parmi les projets de création de filière industrielle que le Conseil national de l’industrie – organisme gouvernemental – a fait sien. Il est également applaudi par la direction du groupe Thales.
Et Franck Perrin, élu CGT du personnel, a été chargé de piloter un groupe de travail constitué au sein du comité stratégique de filière qui travaille sur les industries et technologies de la santé (CSF-ITS). Tout cela sous l’égide des services du Premier ministre, assorti de la signature des ministères de l’Industrie, de l’Économie et de la Santé.
Tout avait commencé par une grève
Et pourtant… tout avait commencé par une grève. En 2012, le groupe Thales avait décidé d’abandonner sa branche médicale pour se recentrer sur ses activités militaires. L’activité du site de Moirans – entre Voiron et Grenoble – était menacée. Avec la CGT, les salariés s’y étaient opposés. Ils ont gagné. « Nous avons voulu tout de suite construire une perspective de développement, rappelle Franck Perrin, pour ne pas nous retrouver quelques années plus tard menacés par un nouveau plan social ».
Du composant électronique jusqu’à la gestion des données
Cette perspective, c’est aujourd’hui celle de la création d’une filière industrielle de l’imagerie médicale. Filière intégrée, des composants électroniques jusqu’à la construction de matériels à partir des besoins exprimés par les utilisateurs, le CHU de Grenoble par exemple. Une filière qui s’appuierait notamment sur le bassin grenoblois. On connaît le potentiel de la vallée du Grésivaudan dans le domaine des composants électroniques. Celui du CEA, à Grenoble dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Des nouvelles PME innovantes issues de la recherche en ces matières.
Des opérations qui se réalisent en salle blanche.
Ce que l’on sait moins, c’est que la moitié des examens radiologiques passés dans le monde utilisent un élément qui produit par l’usine Trixell – filiale de Thalès – à Moirans. Ce coeur des appareils de radiologie se nomme « scintillateur ». Il est vendu à des multinationales comme Siemens ou General electric lesquelles l’intègrent dans les appareils d’imagerie médicale vendus sous leur marque.
« La tendance, explique Frank Perrin, c’est d’assortir la vente de ces appareils à des contrats de fourniture et d’entretien ; ça devient très cher pour la Sécurité sociale ».
Une convention « Territoire d’industrie »
D’où l’idée : pourquoi les industriels de l’électronique, de la santé et de la gestion des données ne pourraient-ils pas coopérer pour proposer des systèmes complets, du composant jusqu’au contrôle des données médicales produites par ces appareils ?
Une technologie maîtrisée sur le site Trixell de Moirans.
Avec un objectif immédiat : la signature d’un contrat du type « Territoire d’industrie » qui matérialiserait l’engagement des industriels, de l’État et des collectivités territoriales pour la concrétisation de cette idée lancée par les cégétistes de Thales et Trixell. Toutes raisons qui motivent l’invitation lancée aux candidats à l’élection présidentielle.
Ce ne sera d’ailleurs pas la seule initiative prise pour faire aboutir cette revendication de création d’emplois dans l’industrie et la recherche.
Le rôle des collectivités territoriales
Le 16 mars se déroulera une assemblée des salariés de Trixell, où le patron de Thales, le responsable du comité stratégique de filière et Franck Perrin en sa qualité de pilote du groupe transverse de ce CSF exposeront le potentiel de ce projet industriel.
Des rendez-vous ont été sollicités avec les responsables des différentes collectivités locales concernées et notamment la région, cheffe de file de l’intervention économique. A cet égard, Eric Hours, conseiller régional communiste membre de la commission économique de l’assemblée régionale, interviendra sur ce dossier lors de la prochaine réunion de cette commission.
Tout est désormais question de choix politique. La réindustrialisation, ce pourrait être autre chose que des mots dans un discours. Chiche !
Le Travailleur alpin avait été le premier média local à rendre publique cette initiative.
Le dossier de presse élaboré par la CGT.
La lettre d’invitation envoyée aux candidats à l’élection présidentielle.
Franck Perrin, responsable CGT Thales-Trixell, et pilote du groupe de travail qui anime le projet imagerie médicale du comité stratégique de fillière des industries et technologies de santé.