Après dix ans d’interruption, le petit train de La Mure a repris son service touristique jusqu’au début du mois de novembre.

Après la réouverture à la circulation en juillet de cette année d’une portion du parcours du petit train de la Mure, satisfaction totale pour les uns, résultat mitigé pour les autres.

C’est chose faite, le petit train a terminé le 7 novembre la saison 2021 qui avait débuté le 21 juillet dernier. Satisfaction totale, pour les uns, résultat mitigé pour les autres. Des pannes ont eu lieu, dont une importante a arrêté les voyages une bonne dizaine de jours, due à un problème électrique.

Rappelons que la ligne a été mise en service en 1888, avec locomotives à vapeur, et transportait l’anthracite et les voyageurs entre La Mure et Saint-Georges-de-Commiers. A partir de 1903, la ligne a été électrifiée. En 1933, de nouvelles locomotives électriques ont été réceptionnées, se sont celles qui fonctionnent encore aujourd’hui. Le trafic voyageur a été supprimé en 1950 et le transport du charbon a cessé en 1988. La ligne est alors devenue une ligne touristique.
En octobre 2010 un important effondrement a coupé la voie ferrée, près de Monteynard, entrainant l’arrêt de l’exploitation. Après 10 ans d’interruption, le conseil départemental de l’Isère a décidé de remettre en circulation le train pour une activité touristique en réutilisant une partie du matériel roulant qui avait été stocké à la gare de Saint-Georges-de-Commiers. Le choix a été fait de n’utiliser que la portion supérieure de voie de 14 kilomètres comprise entre La Mure et le lieu de l’effondrement, le reste du parcours étant abandonné.

Une délégation de service public

Le conseil départemental a signé, le 17 juillet 2017, un contrat de « délégation de service public concessive pour l’exploitation de la ligne touristique ferroviaire entre La Mure et le Grand Balcon » avec la société privée EDEIS. Cette société qui exploite également le petit train à crémaillère du Puy-de-Dôme dans le même cadre juridique a fait l’objet, en 2018, d’un rapport très défavorable de la chambre régionale des comptes d’Auvergne.

En 2017, l’ensemble du projet se chiffre à 26 millions d’euros, en grande partie financé par des subventions publiques. Le Département de l’Isère accorde un financement plafond à hauteur de 15,7 millions d’euros. Les autres acteurs publics impliqués sont la communauté de communes de Matheysine (2 millions d’euros), la Région (2 millions d’euros), l’Etat (160 000 euros). En tant que concessionnaire, EDEIS assume un investissement de 6 millions d’euros.
En cours de réalisation, sous la direction d’EDEIS, le budget explose !

34,7 millions d’euros, soit un surcoût de 8,7 millions

L’investissement global se monte, en 2021, à 34,7 millions d’Euros, soit un dépassement de 8,7 millions (+ 33,5 %). Ce surcoût est essentiellement pris en charge par le département qui débourse 6 millions supplémentaires et l’Etat 2,14 millions. EDEIS s’en tire avec 600.000 euros supplémentaires.
Mais le petit train aux couleurs rouges roule, roule, roule … Les vieilles locomotives emportent les passagers de La Mure au balcon de Monteynard, plusieurs fois par jour.

Ce qui est inquiétant, c’est d’avoir choisi une société privée, dont le seul objectif est de se faire de l’argent, beaucoup d’argent. Des retombées de l’activité touristique sur le territoire, EDEIS s’en moque, son organisation est toute entière conçue pour capter un maximum des dépenses effectuées par les touristes, restauration sur place, au belvédère ou en gare, boutique de souvenirs… Une grande partie du public visé est celui des tour-operators, arrivant sur le parking de la gare en car, repartant aussitôt après la fin du voyage. A-t-on envisagé d’étudier la réalité des retombées sur le tissu économique local ?

Malgré les discours optimistes des élus, la Matheysine reste un territoire sinistré.

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