Laurent Jadeau, professeur des écoles et membre de l’exécutif départemental du PCF.

La crise sanitaire du COVID et les angoisses qu’elle a engendrées ont révélé la montée des croyances, des peurs, de l’irrationnel. Les débats sont vifs au sein même des familles, des organisations syndicales et politiques, sur la vaccination, la médecine, les perspectives énergétiques, le devenir de la planète.

Il y a des faits, attestés scientifiquement, comme l’efficacité de la vaccination face au COVID, l’inefficacité totale de certains médicaments, le réchauffement climatique, par exemple. Et il y a des individus, parfois bardés de diplômes, qui contestent les faits attestés, comme les climato-sceptiques.

Le Travailleur alpin a rencontré Laurent Jadeau, professeur des écoles, membre de l’exécutif départemental du PCF. Laurent Jadeau a été longtemps un militant de l’éducation populaire, très attaché à la culture scientifique et technique, notamment lorsqu’il était adjoint à la ville de Fontaine, pour des actions dans le cadre périscolaire.

Qu’observe-t-on dans l’enseignement primaire ?

« L’enseignement des sciences et des techniques devient accessoire, l’effort des programmes étant centré sur « lire, écrire, compter ». La formation continue des enseignants est une calamité depuis quinze ans.
Il n’y a plus jamais rien sur l’apprentissage des sciences, ce qui est d’autant plus préoccupant que très peu d’enseignants viennent des filières scientifiques. Le professeur Charpak avait initié une prise de conscience de la démarche scientifique dans l’éducation nationale avec « la main à la pâte ». Un enfant pouvait ainsi s’approprier «  le questionnement, l’hypothèse, l’expérimentation », une démarche essentielle pour l’émancipation de l’individu, la démocratie. »


Pourquoi la culture scientifique et technique devrait-elle être développée ?

« Cela fait longtemps que cette question me semble importante. Cela a explosé avec la pandémie. La culture au sens large est un outil de liberté démocratique. La culture scientifique et technique est une ouverture à l’esprit critique, à la rationalité. On a vu hélas sous couvert d’esprit critique des revendications du droit à dire n’importe quoi. Le fait de ne pas hiérarchiser les choses mène parfois aux pires obscurantismes.
La science produit de la connaissance ; elle a des règles très strictes pour établir ces connaissances, notamment par la publication qui permet aux chercheurs de reproduire les expériences et de confirmer ou d’infirmer les théories en cours de construction.

Les scientifiques n’ont pas à décider de ce que l’on fait des découvertes scientifiques et techniques. Cela relève de la politique, de la démocratie. Les soutiens politiques du professeur Raoult relevaient pour certains d’une grande naïveté (totale incapacité à analyser des résultats contestés par l’extrême majorité de la communauté scientifique), pour d’autres d’objectifs politiques. On évoque parfois à tort Galilée, car c’est le pouvoir religieux et politique qui a voulu faire taire un scientifique à une époque où il n’y avait qu’une petite communauté scientifique.

La connaissance scientifique ne relève pas d’un débat d’opinion. Elle est le fruit d’une démarche expérimentale. Il est significatif, pour reprendre l’exemple du Pr Raoult, que celui-ci n’a que très rarement, du temps de sa présence massive dans les médias, été confronté à d’autres scientifiques, contestant ses affirmations.
Nous avons également observé une corrélation entre la défiance, en France du pouvoir, du « politique » et la défiance vis-à-vis des institutions (de santé, médicales, universitaires) assimilées au pouvoir. C’est assez spécifique à la crise politique en France. »

Que faire politiquement pour faire reculer l’obscurantisme ?

Il est regrettable qu’il y ait si peu de scientifiques au gouvernement. On a vu au ministère de la culture, sous Macron, une ministre, Françoise Nyssen qui véhiculait des théories mystiques (anthroposophie). L’institution publique de recherche sur les sectes, la Miviludes est détruite par le pouvoir en place !

Il faudrait développer l’éducation scientifique et technique du plus bas âge à l’université ; multiplier les bonnes émissions scientifiques à la télévision et à la radio publique, notamment ; favoriser la production d’articles de qualité dans la presse, par la formation de journalistes spécialisés ; développer les initiatives culturelles telles celles produites par l’Hexagone, le CCSTI de Grenoble, bientôt le centre de sciences métropolitaine qui ouvrira un planétarium au Pont-de-Claix »

Comment résister aux infox, aux courants obscurantistes ?

« Le PCF, pour sa part à des outils, une tradition, une histoire. Très tôt le PCF a eu de grandes figures scientifiques dans ses rangs avec Paul Langevin, Joliot Curie et plus récemment Jean-Pierre Kahane.
La revue Progressistes, produit une série d’articles de grande qualité.
En France nous disposons d’outils d’informations précieux comme la revue de l’AFIS, des sites internet (Cortecs, « La tronche en Biais ») des formations universitaires à la pensée critique (Richard Monvoisin à Grenoble), des associations (observatoire de zététique),…

Les urgences liées au COVID, les récentes échéances électorales ne nous ont pas permis de mettre en œuvre des actions que nous souhaitons mener en Isère avec le PCF, parmi les quelles des soirées éducatives et de débat avec la revue Progressistes.

Le Travailleur alpin, contribue, avec sa page écrite par Sylvestre Huet, à aiguiser l’esprit critique et informer. »

Le mythe de la terre plate.

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